Pays-Bas : Geert Wilders et son parti d’extrême droite remportent les élections législatives

Selon le sondage Ipsos à la sortie des urnes, le PVV, parti d’extrême droite islamophobe de Geert Wilders a remporté mercredi 35 des 150 sièges de la chambre basse du Parlement. Marine Le Pen a salué une « performance extraordinaire ».

    Les Pays-Bas virent à l’extrême droite. Les sondages à la sortie des urnes suggèrent que le parti néerlandais islamophobe de Geert Wilders a remporté les élections législatives mercredi. Un résultat synonyme de séisme politique, qui sera ressenti bien au-delà des frontières des Pays-Bas. Selon Ipsos, le PVV (Parti de la Liberté) a remporté 35 sièges sur 150, une victoire considérée comme très confortable dans une chambre basse particulièrement morcelée. L’alliance de gauche de Frans Timmermans, elle, est deuxième avec 26 sièges. Le centre droit VVD a remporté 23 sièges, selon ce sondage.

    « Nous ne pouvons plus être ignorés », a lancé Geert Wilders devant ses partisans à la Haye, appelant les autres partis à travailler ensemble afin de former une coalition. « Les Néerlandais espèrent que le peuple pourra récupérer leur pays et que nous veillerons à ce que le tsunami des demandeurs d’asile et de l’immigration soit réduit. »

    Si elle est confirmée par les résultats définitifs, sa victoire marquera un brusque virage à droite qui sera accueilli avec appréhension à Bruxelles : le PVV a promis notamment un référendum sur l’adhésion des Pays-Bas à l’Union européenne. « Ce n’est peut-être pas ce que recherchent d’autres partis en Europe ou dans d’autres pays, mais bon, c’est ça la démocratie », a déclaré le responsable politique âgé de 60 ans après avoir voté.

    Son message anti-immigration, comprenant la fermeture des frontières et l’expulsion des immigrés illégaux, semble avoir trouvé un écho auprès des électeurs néerlandais. Mais si le leader du Parti de la Liberté semble avoir triomphé dans les sondages, il n’est pas sûr qu’il parvienne à former une coalition de gouvernement. Les dirigeants des trois autres principaux partis ont assuré qu’ils ne participeraient pas à une coalition dirigée par le PVV. Kate Parker, de l’Economist Intelligence Unit, a déclaré que cela conduirait à une « impasse constitutionnelle » dans la cinquième économie de l’UE.

    Wilders a lissé sa rhétorique populiste

    Geert Wilders et sa crinière péroxydée sont depuis des décennies dans le paysage politique néerlandais. N’hésitant pas à traiter les Marocains de « racailles » ni à proposer des concours de caricatures du prophète Mahomet, Geert Wilders a bâti sa carrière en faisant croisade contre ce qu’il nomme une « invasion islamique » de l’Occident.

    Ni les démêlés avec la justice néerlandaise - qui l’a reconnu coupable d’insultes à des Marocains - ni les menaces de mort à son encontre - qui le font vivre sous protection policière depuis 2004 - ne l’ont découragé. « Je ne regrette pas de m’être battu pour la liberté », avait déclaré M. Wilders à l’AFP lors d’un entretien à la veille des élections de 2021. « Bien sûr, je prends position, je suis attaqué, mon pays est attaqué ».



    Geert Wilders a tenté de lisser une partie de sa rhétorique populiste et s’est concentré sur d’autres préoccupations des électeurs. Résultat : il a fini par dépasser les attentes. Il y a « des problèmes plus importants que la lutte contre le flot de demandeurs d’asile et d’immigrants », a-t-il déclaré lors de l’un des derniers débats électoraux, ajoutant qu’il était prêt à mettre de côté ses opinions sur l’islam pour gouverner.

    Si l’immigration est restée un sujet clé de la compagne, les Néerlandais s’inquiètent encore plus de « savoir s’il leur reste encore plus d’argent dans leur portefeuille », a-t-il martelé. Il a promis se concentrer davantage sur « la sécurité et les soins de santé » que sur son opposition à l’islam. Il a assuré devant des journalistes à La Haye après avoir voté qu’il serait Premier ministre pour « tout le monde aux Pays-Bas, quelle que soit, leur origine, leur sexe ou autre ».

    « Nexit »

    Mais le manifeste du PVV a conservé un ton xénophobe, sa marque de fabrique. « Les demandeurs d’asile se régalent de délicieux buffets gratuits à bord des bateaux de croisière tandis que les familles néerlandaises doivent réduire leurs achats », peut-on lire dans le manifeste. Les mesures anti-immigration proposées comprennent le rétablissement du contrôle aux frontières néerlandaises, la détention et l’expulsion des immigrants illégaux, le renvoi des demandeurs d’asile syriens et la réintroduction des permis de travail pour les travailleurs intra-UE.

    Au sujet de l’islam, le manifeste du PVV dit : « les Pays-Bas ne sont pas un pays islamique. Pas d’écoles, de Corans et de mosquées islamiques ». Il propose d’interdire le port du foulard dans les bâtiments gouvernementaux.

    En matière de politique étrangère, il défend une approche « les Pays-Bas d’abord » qui comprend la fermeture de sa représentation à Ramallah et le renforcement des liens avec Israël, notamment le déplacement de son ambassade à Jérusalem. Un « référendum contraignant » sur un « Nexit » - la sortie des Pays-Bas de l’UE - figure également dans le programme, ainsi qu’un « arrêt immédiat » de l’aide au développement.

    Félicité par Marine Le Pen

    Geert Wilders a d’ailleurs été félicité par le Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban. « Les vents du changement sont là », a-t-il écrit sur X. Marine Le Pen aussi a salué cette « performance spectaculaire aux législatives qui confirme l’attachement croissant à la défense des identités nationales ». « C’est parce qu’il est des peuples qui refusent de voir s’éteindre le flambeau national que l’espoir du changement reste vif en Europe », a écrit la patronne du RN sur X.

    M. Wilders participait à sa sixième élection, après avoir failli à provoquer la surprise à plusieurs reprises. « Quand j’ai quitté mon ancien parti (le VVD) (…) j’ai dit qu’un jour nous deviendrons le plus grand parti », avait-il lancé aux journalistes en votant.