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Au Royaume-Uni, des baisses d'impôts massives pour relancer l'économie

A moins d'un an des prochaines élections, et sous la pression de sa majorité conservatrice, le ministre britannique des Finances, Jeremy Hunt, a décidé de dépenser la quasi-totalité de la « cagnotte » fiscale générée par la forte inflation. Les prélèvements obligatoires seront réduits de 27 milliards de livres.

Le ministre britannique des Finances, Jeremy Hunt.
Le ministre britannique des Finances, Jeremy Hunt. (AFP)

Par Ingrid Feuerstein

Publié le 22 nov. 2023 à 18:40Mis à jour le 22 nov. 2023 à 19:05

Une croissance plus forte cette année, mais qui ralentira davantage que prévu en 2024. Une inflation en recul , quoique moins rapidement qu'attendu. C'est le tableau dressé par l'Office for Budget Responsibility (OBR), la vigie du gouvernement britannique en matière de finances publiques.

Malgré ce constat mi-figue mi-raisin, le ministre des Finances, Jeremy Hunt, a annoncé mercredi, devant le parlement, une salve de baisses d'impôts de 27 milliards de livres, destinées à relancer une économie britannique en panne.

« Après une pandémie et une crise énergétique, nous avons pris des mesures difficiles pour remettre notre économie sur les rails, a-t-il déclaré en présentant son budget, dont le mantra est de « lever les barrières à l'investissement » et de « récompenser le travail » . « Notre plan pour l'économie britannique fonctionne, mais le travail n'est pas terminé », a-t-il ajouté.

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27 milliards de recettes supplémentaires

L'annonce de ces baisses d'impôts intervient après un début d'année meilleur que prévu sur le plan budgétaire. Le Royaume-Uni a engrangé 27 milliards de livres de recettes fiscales supplémentaires dans un contexte de forte inflation et de revalorisations de salaires généreuses.

Leur effet a été massif, alors que les seuils du barème de l'impôt sur le revenu sont gelés depuis la pandémie. A moins d'un an des prochaines élections, et sous la pression de la majorité Tories au parlement, Jeremy Hunt a décidé de dépenser la quasi-totalité de cette « cagnotte ».

« Généralement, en cas de recettes exceptionnelles, le chancelier de l'Echiquier en dépense environ 60 %. Cette fois, il a décidé d'en dépenser la totalité », a constaté Richard Hughes, le président de l'OBR.

Coup de pouce à l'investissement

Le Royaume-Uni a placé les entreprises au coeur de cette relance. La principale mesure, chiffrée à 9 milliards, consiste à pérenniser une déduction fiscale sur l'investissement privé. Il s'agit, selon Jeremy Hunt, « de la baisse de taxes sur les entreprises la plus importante dans l'histoire britannique moderne ».

Ce coup de pouce viendra en plus de 4,5 milliards de subventions déjà annoncées pour aider l'industrie à se convertir à la voiture électrique ou aux avions zéro émission. Une réforme des prestations sociales doit par ailleurs inciter au retour au travail et lutter ainsi contre les pénuries de main-d'oeuvre.

Hausse du salaire minimum

A l'attention des ménages, le gouvernement a annoncé une diminution des cotisations sociales de 2 points, pour un coût de 10 milliards de livres pour les finances publiques, ainsi qu'un relèvement du salaire minimum à 11,44 livres de l'heure et un alignement de la pension d'Etat sur la hausse des salaires, soit une hausse de 8,5 %.

« Ce paquet de mesures repose sur une politique de l'offre afin de soutenir la croissance à moyen terme. Nous voulons diminuer le poids des impôts de manière responsable », a expliqué Charlotte Vere, secrétaire d'Etat au Trésor, dans un entretien aux « Echos ». Ces réformes devraient stimuler la production de 0,3 % d'ici à 5 ans, selon l'OBR.

Poids des taxes en hausse

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Pour autant, le poids des prélèvements dans le PIB britannique va continuer d'augmenter. Ce paradoxe s'explique par le maintien du gel du barème de l'impôt sur le revenu. D'ici à 2028, près de 4 millions de ménages britanniques vont rentrer dans l'impôt et 3 millions vont passer dans la tranche supplémentaire, si ce gel est maintenu, selon l'OBR. Soit une facture totale de 45 milliards de livres pour les contribuables.

Autre zone d'ombre de ce budget : le plafond imposé à la hausse des dépenses publiques est maintenu, alors que l'inflation va mettre fortement sous pression le budget des ministères. Paul Johnson, directeur de l'Institute for Fiscal Studies, juge « important » le « risque que ces projets ne puissent pas être réalisés », et que ces baisses d'impôts ne soient pas « tenables ».

Rachel Reeves, la députée chargée des finances publiques au sein du Parti travailliste , a quant à elle estimé que « rien de ce qui a été annoncé aujourd'hui ne compensera de quelque manière que ce soit » la crise du coût de la vie qui frappe les ménages britanniques.

Ingrid Feuerstein (Correspondante à Londres)

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