Migrants : des violences policières « systémiques » à l’encontre des exilés dénoncées par des associations

Trois ans après l’évacuation brutale d’un campement d’exilés place de la République, à Paris, des associations, dont Médecins du monde, recensent, dans un rapport, 450 cas de violences policières envers des migrants vivant à la rue, en Île-de-France. Un chiffre largement sous-estimé, selon ces associations, qui dénoncent des pratiques « systémiques ».

Publié le 23 novembre 2023 Mis à jour le 23 novembre 2023 à 09:50

Détérioration des tentes, coups de matraque, « chasses à l’homme », tirs de grenade… Les images de l’évacuation brutale d’un campement d’exilés place de la République, au cœur de Paris, le 23 novembre 2020, avaient marqué les esprits, suscitant l’indignation de nombreux citoyens et de personnalités politiques. Gérald Darmanin, lui-même, avait jugé ces images choquantes et les faits avaient conduit à l’ouverture d’une enquête de l’IGPN (Inspection générale de la police nationale).

Trois ans plus tard, jour pour jour, un collectif d’associations publie un rapport révélant que, malgré cette séquence d’indignation collective, rien n’a changé et que ces agressions à l’encontre des exilés sans toit perdurent dans l’indifférence générale. Basé sur le recueil de plusieurs centaines de témoignages, ce rapport démontre le « caractère systémique » de ces pratiques en Île-de-France.

Harcèlement, évictions de lieux de vie et dispersion des personnes dans l’espace public, destructions de biens, violences verbales et physiques… Depuis 2015, environ 450 cas de « violences policières » envers des personnes exilées vivant à la rue à Paris et dans sa périphérie ont ainsi été recensés. Un chiffre qui serait, par ailleurs, selon ces associations, largement sous-estimé.

« Un chiffre massivement sous-estimé »

« C’est juste la partie émergée de l’iceberg, c’est massivement sous-estimé, en raison de la difficulté pour ces personnes précaires de se tourner vers l’Inspection générale de la police nationale, mais aussi parce que le recueil de leur parole sur ce thème n’avait jamais été fait », explique à l’AFP Paul Alauzy, membre du collectif et coordinateur chez Médecins du monde.

En juin dernier, une centaine de jeunes migrants, pour la plupart des mineurs isolés, qui avaient installé leurs tentes place du Palais Royal (1er arrondissement de Paris) face au Conseil d’État, pour rendre visibles leurs conditions de vie indignes (ils survivaient depuis plusieurs mois dans une école désaffectée) et demander une mise à l’abri, avaient été délogés et évacués sans ménagement. L’intervention s’était soldée par une trentaine d’interpellations et plusieurs blessés. L’association Utopia 56, qui les accompagne, avait alors dénoncé, auprès de l’Humanité, l’objectif du gouvernement à travers ces dispersions brutales : « Dissuader les exilés de chercher refuge sur le territoire français car on a fait de la rue une stratégie de dissuasion. »

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