Près d'un salarié français sur deux se dit en détresse psychologique

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Près d'un salarié français sur deux se dit en détresse psychologique

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Le quartier de la Défense et ses bureaux peuplés de salariés, à Paris (photo d'illustration)
Le quartier de la Défense et ses bureaux peuplés de salariés, à Paris (photo d'illustration)
© Radio France - Philippe Modol

La santé mentale des salariés français continue de se dégrader depuis la crise sanitaire. C'est ce que vous révèle France Inter en avant-première, avant la publication ce jeudi du 12e baromètre du cabinet Empreinte Humaine avec OpinionWay.

La santé mentale des Français au travail continue de se détériorer depuis la crise sanitaire. Près d'un salarié deux se dit en situation de détresse psychologique (48 % plus précisément). C'est quatre points de plus depuis février dernier et la précédente enquête réalisée par le cabinet Empreinte Humaine avec Opinion Way que vous révèle ce jeudi France Inter. Parmi eux, 17 % sont même en détresse psychologique élevée. Les plus touchés sont les plus de 60 ans, avec un taux de détresse psychologique de 60 %, soit trente-deux points de plus en à peine un an.

Plus de burnouts et de tentatives de suicides

"La santé mentale se dégrade sur tous les indicateurs que nous étudions depuis trois ans et demi", alerte Christophe Nguyen, psychologue du travail et président d'Empreinte Humaine. Selon lui, "l'inflation et le contexte global d'incertitude dans les entreprises" peuvent expliquer cette situation, mais les salariés déplorent aussi "une très grande intensification de la charge de travail". Ils sont 7 sur 10 à la juger supérieure à celle d'avant le Covid note le spécialiste. Dans ce contexte, difficile de partir en vacances, 4 salariés sur 10 précisent même avoir du mal à poser leurs congés.

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Les dépressions en lien avec le travail sont aussi plus nombreuses. "32 % des salariés sont aujourd'hui en risque de burnout, dont 12 % en burnout sévère", souligne le baromètre. Là aussi, ces deux voyants sont en augmentation, respectivement de quatre et deux points supplémentaires. Plus grave encore, un quart des 2 000 salariés interrogés au cours de l'enquête indiquent "qu’il y a plus de tentatives de suicides ou de suicides dans leur organisation/entreprise".

Le télétravail : moins de temps de transport mais plus de charge de travail

Autre élément à prendre en compte : le télétravail qui s'est fortement développé depuis la crise sanitaire en raison des différents confinements. Si pour beaucoup, ce nouvel aménagement a permis de supprimer du temps passé dans les transports, c'est aussi "une charge de travail supplémentaire pour un télétravailleur sur deux". "Il est plus difficile de couper, on fait aussi davantage de réunions à distance", détaille Christophe Nguyen. Les managers et les cadres sont plus exposés à ce risque.

L'absence de stratégie des entreprises

Pour 8 salariés sur 10, "la politique de vie au travail n'est pas assez stratégique dans leur entreprise et parfois même, ils jugent qu'elle s'oppose à leur bien-être". Ils regrettent un manque de reconnaissance, une mauvaise répartition des charges de travail mais aussi l'absence, encore trop fréquente, de référent vers qui se tourner pour parler de leur mal-être. "Aujourd'hui, les salariés expriment que l'acteur qui a le plus d'impact négatif sur leur santé mentale, ce n'est pas le manager de proximité, ce ne sont pas non plus les clients, mais la direction générale", souligne Christophe Nguyen précisant que cela se reflète sur d'autres indicateurs comme les taux d'absentéisme ou de démissions.

Pour le psychologue, il est impératif que les entreprises "revoient leur stratégie" en mettant en place davantage d'outils de prévention. Selon lui, elles ont tout à y gagner. "Cela peut résoudre les problématiques de recrutements, de fidélisation : la moitié des personnes interrogées nous disent être prêtes à être moins bien payées dans un contexte d'inflation, pour rejoindre une entreprise qui met de véritables moyens en matière d'accompagnement et de prévention des risques psychosociaux", confie-t-il. Autre chiffre révélateur : aujourd'hui, 43 % des salariés assurent vouloir quitter leur entreprise. "Il y a deux fois plus de risque de départ quand l’état de santé psychologique n’est pas bon", prévient l'étude.

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