Espagne : un youtubeur attaque Google pour licenciement abusif

Les avocats du youtubeur vont tenter de démontrer qu’il existe « une relation de travail entre un créateur de contenus et Google (YouTube) ».

Le créateur de contenus a décidé d'attaquer Google, qui détient YouTube, en justice. REUTERS/Mike Blake//File Photo
Le créateur de contenus a décidé d'attaquer Google, qui détient YouTube, en justice. REUTERS/Mike Blake//File Photo

    Des plates-formes rattrapées par le droit du travail. Un youtubeur espagnol va poursuivre Google, propriétaire de YouTube, en justice pour « licenciement abusif » après avoir vu sa chaîne privée de ses revenus publicitaires.

    Selon le syndicat UGT, qui réclame l’indemnisation de ce youtubeur baptisé Jota Pov (@Jota_POV), la plate-forme a décidé de « démonétiser » de « manière unilatérale » sa chaîne YouTube « Ultimo Bastion » (dernier bastion), suivie par environ 18 000 personnes, le privant de revenus publicitaires.



    Les youtubeurs les plus populaires, qui ont fait de leurs vidéos leur métier, vivent essentiellement de revenus publicitaires.

    « Je n’ai pas d’autre choix que de faire s’asseoir YouTube sur le banc des accusés », a écrit le youtubeur sur les réseaux sociaux.

    « La plainte, préparée par les services juridiques de l’UGT, a été déposée contre Google Espagne, propriétaire de YouTube dans le pays », pour « licenciement abusif », a indiqué, dans un communiqué, le syndicat, qui précise qu’un accord de conciliation a échoué et que le procès se tiendra le 26 juin 2024.

    Le syndicat espère prouver, grâce à cette procédure, l’existence d’« une relation de travail entre un créateur de contenus et Google (YouTube) », en raison de la « dépendance » du youtubeur vis-à-vis de la plate-forme pour obtenir une rémunération en échange de ses contenus.



    À travers cette plainte, l’UGT indique vouloir ouvrir un « débat » sur « le faux travail indépendant et la précarité que ces géants de la technologie essayent d’imposer en tentant de contourner le droit du travail ».

    Google pas ouvert au débat

    Google Espagne a répondu que les créateurs de contenus n’étaient « pas des employés de YouTube, contrairement à ce qui est affirmé » par le syndicat. Le géant d’Internet a par ailleurs assuré être « profondément impliqué dans la réussite de ses créateurs, ce qui conduit au partage de la majorité des revenus avec eux ».

    L’Espagne a été une pionnière en Europe en adoptant la loi dite « riders », entrée en vigueur en août 2021, qui a introduit dans le Code du travail espagnol une « présomption de salariat » pour tous les coursiers utilisant les applications de livraison comme Uber Eats ou Glovo.

    Les livreurs sont ainsi devenus des salariés pouvant bénéficier des protections découlant de ce statut, grâce à un accord conclu entre le gouvernement, les principaux syndicats espagnols et le patronat.