Viktor Orbán reste opposé à l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’UE

« Le début des négociations concernant l’adhésion de l’Ukraine à l’UE aujourd’hui ne coïncide pas avec les intérêts nationaux de la Hongrie », a déclaré Viktor Orbán lors d'un entretien accordé à la radio publique hongroise Kossuth. [PA-EFE/PETER KLAUNZER]

L’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne ne coïncide pour l’instant pas avec les intérêts nationaux de la Hongrie et Bruxelles devrait d’abord proposer un « partenariat stratégique » avec Kiev avant d’entamer les négociations d’adhésion, a déclaré le Premier ministre hongrois Viktor Orbán ce vendredi (1er décembre).

« Le début des négociations concernant l’adhésion de l’Ukraine à l’UE aujourd’hui ne coïncide pas avec les intérêts nationaux de la Hongrie », a déclaré Viktor Orbán lors d’un entretien accordé à la radio publique hongroise Kossuth.

« Entamer les négociations d’adhésion n’en vaut pas la peine, car nous ne pouvons pas répondre à la question de savoir quelles seraient les conséquences d’une adhésion de l’Ukraine », a ajouté le leader du Fidesz.

Les commentaires du Premier ministre surviennent dans un contexte déjà tendu. En effet, l’Union européenne se prépare à de vives discussions lors d’un sommet prévu en décembre sur la proposition de révision du budget de l’UE, qui comprend une nouvelle aide de 50 milliards d’euros pour l’Ukraine. Ce sommet devrait également être lié à la décision d’entamer ou non les négociations d’adhésion du pays, ainsi que l’occasion de répondre aux demandes internes de certains membres de l’Union européenne.

Toute décision d’ouvrir les négociations d’adhésion ou d’approuver une aide supplémentaire nécessite que les 27 membres de l’Union se prononcent à l’unanimité. Budapest a menacé d’utiliser son veto lors du sommet afin de bloquer toute aide financière et militaire supplémentaire à Kiev et couper court à la demande d’adhésion de l’Ukraine.

M. Orbán a déclaré que les Vingt-Sept devraient offrir une aide au pays déchiré par la guerre en puisant dans leurs fonds nationaux — plutôt que dans le budget de l’Union — et que les discussions concernant l’adhésion ne devraient même pas être « à l’ordre du jour » du sommet qui se tiendra du 14 au 15 décembre.

« Je serais favorable à ce que l’UE conclue d’abord un accord de partenariat stratégique avec l’Ukraine », a déclaré M. Orbán, à propos d’une mesure qui ne serait pas aussi ambitieuse que la décision politique des dirigeants de l’UE d’ouvrir les négociations d’adhésion avec Kiev.

« Cela pourrait prendre de cinq à dix ans. Rapprochons-nous d’eux. La distance est trop grande pour l’instant […] Donnons-nous le temps de commencer à travailler ensemble », a-t-il ajouté.

Ces dernières semaines, les autorités ukrainiennes se sont montrées optimistes quant à leur capacité à surmonter l’opposition hongroise afin d’entamer des négociations d’adhésion à l’UE.

Charles Michel à Kiev en amont de négociations difficiles au niveau de l’UE sur l’aide à l’Ukraine et l’adhésion

Le président du Conseil européen, Charles Michel, est en visite à Kiev pour rassurer l’Ukraine sur son adhésion à l’UE et sur le soutien du bloc dans le cadre de la lutte contre l’offensive russe, trois semaines avant un sommet décisif de l’Union consacré à ces deux sujets.

Lors d’un entretien à Kiev la semaine dernière, la vice-première ministre ukrainienne Olha Stefanichyna a confié à Euractiv que convaincre Budapest serait un défi majeur, mais qu’elle était « confiante » que l’Ukraine y parviendrait.

La Hongrie « compromet fondamentalement l’effort entrepris par le monde entier depuis le début de la guerre », ainsi que le « processus d’élargissement pour une Europe unifiée et élargie », a-t-elle déclaré.

La vice-première ministre a également affirmé que la Hongrie « devrait recevoir une réponse très claire de la part des États membres ». Elle a toutefois refusé de dire si elle constatait une hésitation de la part d’autres États membres à ce sujet.

« Pour nous, recevoir un “non” n’est pas une option », a-t-elle ajouté.

M. Orbán, qui est le seul dirigeant européen à avoir maintenu des liens étroits avec le Kremlin depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a également déclaré à plusieurs reprises que si l’UE voulait accorder davantage de financements à l’Ukraine, elle devrait mettre en place un fonds distinct indépendant du budget de l’UE, qui serait basé sur un accord intergouvernemental.

« Chacun devrait verser le montant qu’il souhaite et nous devrions envoyer de l’argent à l’Ukraine provenant de [ce fonds] », a déclaré M. Orbán, ajoutant que l’aide financière apportée jusqu’à présent avait déjà fait déborder le budget.

Ses commentaires font suite à une visite du président du Conseil européen, Charles Michel, à Budapest lundi (27 novembre). Cette visite avait pour but d’apaiser les tensions suite à l’intensification de la rhétorique anti-européenne de M. Orbán.

Bruxelles et Budapest sont impliqués dans un bras de fer concernant l’État de droit. En effet, l’UE a gelé 22 milliards d’euros de fonds de cohésion pour la Hongrie jusqu’à ce que celle-ci prouve qu’elle a mis en place des réformes garantissant l’indépendance des juges et des académiques ainsi que les droits de la communauté LGBTQIA+ sur son territoire.

Viktor Orbán a été accusé d’avoir tenté de faire du chantage à l’UE en offrant son soutien à l’Ukraine en contrepartie du déblocage des fonds gelés.

Plusieurs représentants de l’UE ont déclaré qu’une fois que les « dernières questions en suspens » visant à renforcer l’indépendance du système judiciaire auront été réglées, le bloc pourrait effectivement débloquer les fonds gelés, soulignant des « développements positifs ». La Commission a pour sa part déclaré qu’elle ne cèderait pas à un éventuel chantage de la part de la Hongrie.

La Commission européenne recommande l’ouverture des négociations d’adhésion avec l’Ukraine et la Moldavie

La Commission européenne a recommandé mercredi l’ouverture des négociations d’adhésion à l’UE avec l’Ukraine et la Moldavie — ainsi qu’avec la Bosnie ultérieurement — une fois que ces pays auront achevé la mise en œuvre de réformes clés.

[Édité par Anne-Sophie Gayet]

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