Justice Le parquet demande la relaxe du policier qui avait insulté de « pute » une plaignante

En février 2022, croyant avoir raccroché, ce policier avait insulté de « pute » dans un message vocal une femme qui était venue porter plainte pour agression sexuelle en état d'ivresse.

La rédaction avec AFP - 04 déc. 2023 à 15:13 - Temps de lecture :
Le policier a écopé d'une interdiction de contact avec les victimes et les mis en cause. Photo Sipa / Mathieu Pattier

Le policier a écopé d'une interdiction de contact avec les victimes et les mis en cause. Photo Sipa / Mathieu Pattier

Le parquet a demandé lundi la relaxe ou une dispense de peine pour un policier ayant traité de « pute » une femme qui portait plainte pour agression sexuelle, dans un message vocal qu'il lui avait envoyé par erreur.

En février 2022, la jeune femme avait déposé une première plainte dans un commissariat parisien pour « agression sexuelle en état d'ivresse ». Un officier de police judiciaire lui avait alors laissé un message sur son répondeur pour qu'elle vienne compléter sa plainte.

Croyant avoir raccroché, on l'entendait se plaindre du cas puis, après un silence de quelques secondes, ajouter: « C'est vraiment une pute. (...) Putain, elle refuse la confront' en plus la pute. Comme par hasard. En fait c'était juste pour lui casser les couilles, je suis sûr. (...) Putain, grosse pute », avant de raccrocher correctement le combiné.

Le policier sanctionné

Ces injures étaient-elles prononcées à l'attention de ses collègues, ce qui constituerait une « injure non publique en raison du sexe », ou pour lui-même, « comme lorsqu'on s'énerve contre un cycliste en voiture », ce que défend le policier ? Lors de l'audience lundi, le parquet a invité le tribunal de police de Paris à répondre à cette question « en son âme et conscience » et a demandé à ne condamner le policier que dans le premier cas, avec une dispense de peine étant donné l'exemplarité du parcours du jeune fonctionnaire de 31 ans.

Cette affaire avait suscité de nombreuses critiques sur la prise en charge par les forces de l'ordre des victimes de violences sexuelles. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait dans un premier temps estimé que le policier n'avait « plus sa place » dans la police. « J'ai dû supplier le ministre de ne pas me révoquer », a expliqué le mis en cause au tribunal.

Suspendu pendant plus de quatre mois, le policier a finalement été sanctionné d'une mutation professionnelle, puis en juin 2023 d'une interdiction de contact avec les victimes et les mis en cause. « J'ai été mis au placard », estime-t-il. « Je suis vraiment désolé que la victime ait entendu ces malheureux propos », a-t-il ajouté, estimant ne pas être « un homme sexiste ou misogyne ».

La victime est, elle, très déçue des réquisitions du procureur. « Je me sens totalement écrabouillée », a-t-elle déclaré après l'audience. « Je n'ai plus confiance en la police. J'ai subi une autre agression plus tard, et je ne suis pas allée porter plainte ».

Son avocat, Me Arié Alimi, accuse la présidente d'audience d'avoir « totalement oublié la victime ». Cela « démontre que l'institution judiciaire tente coûte que coûte de défendre le policier », a-t-il jugé. La décision sera rendue le 25 janvier.