Accéder au contenu principal

«On a voulu me tuer»: à Madagascar, comment défendre les militants de l'environnement

Alors que la COP28 bat son plein à Dubaï et que Madagascar a dépêché plus de 200 personnes pour tenter de réclamer ses droits aux compensations financières, ironie du sort : la situation des activistes environnementaux, qui se battent au quotidien sur le terrain, est plus alarmante que jamais sur l’île. C’est le constat que font les organisations de la société civile qui œuvrent pour la préservation de la biodiversité.

Ce lundi 4 décembre 2023, les organisations de la société civile qui militent pour la protection de l'environnement ont réuni la presse à Madagascar autour de différents lanceurs d'alerte maintes fois menacés (g. à d. : Thomas Razafindremaka, Angélique Razafindrazoary, Rivonala Razafison) pour interpeller une nouvelle fois les autorités.
Ce lundi 4 décembre 2023, les organisations de la société civile qui militent pour la protection de l'environnement ont réuni la presse à Madagascar autour de différents lanceurs d'alerte maintes fois menacés (g. à d. : Thomas Razafindremaka, Angélique Razafindrazoary, Rivonala Razafison) pour interpeller une nouvelle fois les autorités. © Sarah Tétaud / RFI
Publicité

Avec notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud

Lundi 4 décembre, lors d’une réunion à Madagascar, les principales organisations de la société civile ont une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme sur la situation des activistes environnementaux, aux côtés des premières victimes : les lanceurs d’alerte.

Depuis quarante ans, il dénonce la déforestation sans limite dans les plaines du sud, l’accaparement des terres, la corruption… Thomas Razafindremaka, défenseur environnemental, a été condamné il y a quinze jours. « Bien sûr que je dérange. Et c’est pour cela que j’ai été inculpé pour de fausses accusations. Et que j’ai écopé de deux ans de prison ferme », rapporte-t-il.

De son côté, Rivonala Razafison fait extrêmement attention à ce qu’il dit, fait et écrit. Le journaliste a toujours enquêté sur les trafics de ressources naturelles dans le corridor Zahamena Ankeniheny. Mais en 2023, les menaces sont allées trop loin.

« On a brûlé ma maison dans la brousse parce que des gens m’ont suspecté d’avoir dénoncé des trafics de bois précieux et de bois ordinaires. Au moment des faits, je dormais dans la maison. On a donc voulu me tuer. Toutes ces pressions, toutes ces menaces, ça n’a jamais été aussi fort que cette année-là », s’indigne le journaliste.

À lire aussiLe dossier RFI sur la COP28

« Un niveau d’oppression incroyable »

« On a atteint un niveau d’oppression des citoyens incroyable, dans le sens où les lanceurs d’alerte sont confrontés à de l’intimidation, du harcèlement, des peines de prison, voire même des menaces de mort », souligne Rova Barinirina, responsable des partenariats au sein du Think Tank, Indri.

« Alors à quoi bon participer à la COP si la situation des lanceurs l’alerte s’aggrave ? », note encore celle qui déplore un décalage immense entre ce qui est prôné lors de ces conférences internationales sur le climat, et ce qui est fait sur le terrain à Madagascar.

Plus que jamais, la société civile réclame l’adoption d’une loi pour la protection des défenseurs des droits humains et des lanceurs d’alerte. « Ce que l’on demande aussi, c’est que la protection des lanceurs d’alerte fasse partie des conditionnalités pour l’appui budgétaire. Autrement dit : aucun bailleur de fonds ne donne de l’argent tant que les lanceurs d’alerte restent en danger. » La société civile en est certaine : cela pourrait changer les choses.

À lire aussiJournalisme environnemental: des reporters de plus en plus menacés

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.