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Le Venezuela prépare l'exploitation pétrolière de l'Essequibo, une "menace directe" pour le Guyana

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a ordonné mardi la délivrance de licences autorisant l’exploitation des ressources de la région de l’Essequibo, notamment riche en pétrole et en gaz, qui se trouve sous administration du Guyana. Cet État frontalier a réagi en dénonçant "une menace directe" du Venezuela à son intégrité territoriale.

Caracas revendique depuis des décennies l'Essequibo, territoire de 160 000 km2 représentant plus des deux tiers du Guyana et où vivent 125 000 personnes, soit un cinquième de sa population.
Caracas revendique depuis des décennies l'Essequibo, territoire de 160 000 km2 représentant plus des deux tiers du Guyana et où vivent 125 000 personnes, soit un cinquième de sa population. © Matias Delacroix, AP
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Le président vénézuélien Nicolas Maduro a ordonné mardi 5 décembre au géant public pétrolier PDVSA d'accorder des licences d'exploitation des ressources dans la région de l'Essequibo, riche en pétrole et objet d'un litige territorial avec le Guyana voisin.

Nicolas Maduro a déclaré lors d'une réunion gouvernementale qu'il allait créer une division régionale de PDVSA, et a donné l'ordre de procéder "immédiatement" à "l'octroi de licences" pour "l'exploitation du pétrole, du gaz et des mines dans toute la région".

"Il s'agit d'une menace directe à l'intégrité territoriale, à la souveraineté et à l'indépendance politique du Guyana", a réagi le président du Guyana, Irfaan Ali.

Plus de 10,4 millions d'électeurs vénézuéliens ont participé, dimanche 3 décembre, à un référendum consultatif sur l'attitude à adopter envers l'Essequibo. Selon Caracas, 95 % des votants se sont dit en faveur de l'intégration dans leur pays de la région actuellement sous administration du Guyana.

"Récupérer" l'Essequibo

Lundi, Nicolas Maduro a appelé à "un accord diplomatique, juste, satisfaisant pour les parties et amical" tout en affirmant que son pays allait "récupérer" l'Essequibo, où de vastes gisements de pétrole brut ont été découverts en 2015.

Le ministre des Affaires étrangères du Guyana, Hugh Todd, a quant à lui indiqué lundi à l'AFP que son pays resterait "vigilant". "Nous devons toujours rester vigilants. Même si nous ne pensons pas [que Nicolas Maduro] ordonnera une invasion, nous devons être réalistes quant à l'environnement au Venezuela et au fait que le président Maduro peut être très imprévisible."

Caracas revendique depuis des décennies l'Essequibo, territoire de 160 000 km2 représentant plus des deux tiers du Guyana et où vivent 125 000 personnes, soit un cinquième de sa population. Caracas soutient que le fleuve Essequibo doit être la frontière naturelle entre les deux États, comme c'était le cas en 1777, à l'époque de l'empire espagnol. Le Guyana, qui dispose de réserves de pétrole per capita parmi les plus grandes du monde, estime de son côté  que la frontière actuelle, qui date de l'époque coloniale anglaise, a été entérinée en 1899.

Une nouvelle province

Le chef de l'État vénézuélien a également proposé mardi de rédiger une loi spéciale "avec tous les secteurs" afin d'interdire la signature de contrats avec des entreprises travaillant dans la zone en vertu de concessions accordées par le Guyana.

Nicolas Maduro donne à ces sociétés trois mois pour se retirer de la zone "à délimiter", se disant toutefois "ouvert à la discussion". Il a également déclaré que sur le fondement du référendum de dimanche, il allait désormais exercer le "pouvoir" dans la région et faire en sorte que soit promulguée une loi pour créer la province du Guayana Esequiba. Nicolas  Maduro a demandé qu'un recensement y soit conduit et que des cartes d'identité soient délivrées aux habitants.

À lire aussiLe Venezuela se prépare-t-il à faire main basse sur une partie du Guyana ?

Le procureur général guyanais Anil Nandlall a averti mardi que son pays saisirait le Conseil de sécurité de l'ONU en cas d'aggravation du différend avec le Venezuela au sujet de l'Essequibo.

"Toute action ou tentative d'action en vertu du référendum nécessitera de recourir au Conseil de sécurité des Nations unies en tant que partie lésée", a déclaré Anil Nandlall à l'AFP. "Nous allons explorer toutes les voies possibles et il est évident que [le recours à l'ONU] est l'une d'entre elles", a-t-il ajouté.

Anil Nandlall a fait savoir que le Guyana invoquerait les articles 41 et 42 de la Charte des Nations unies, qui habilitent le Conseil de sécurité à prendre des mesures militaires et à appliquer des sanctions. "Il peut autoriser l'utilisation des forces armées par les États membres pour contribuer à l'exécution des ordonnances de la Cour", a-t-il souligné.

La Cour internationale de justice (CIJ), plus haute instance judiciaire de l'ONU, dont le Venezuela ne reconnaît pas la compétence dans cette affaire, avait ordonné vendredi au gouvernement vénézuélien de "s'abstenir de toute action susceptible de modifier la situation" dans l'Essequibo, et aux deux parties de "s'abstenir de toute action susceptible d'aggraver ou d'étendre le différend".

Avec AFP

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