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La France et les Etats-Unis dénoncent la violence de colons israéliens en Cisjordanie 

Les exactions commises par des colons israéliens extrémistes contre des Palestiniens en Cisjordanie suscitent les critiques croissantes de Washington et Paris.

Une école de Cisjordanie après l'attaque de colons israéliens, dans le village de Wali al Seeq, en octobre dernier.
Une école de Cisjordanie après l'attaque de colons israéliens, dans le village de Wali al Seeq, en octobre dernier. (Thomas COEX/AFP)

Par Pascal Brunel

Publié le 5 déc. 2023 à 16:04Mis à jour le 5 déc. 2023 à 18:52

Des ratonnades qui dégénèrent en meurtres, des vols, des expulsions forcées : les exactions commises en Cisjordanie par de petits groupes de colons extrémistes israéliens avides de vengeance, en pleine guerre dans la bande de Gaza, sont dénoncées de façon croissante à l'international.

Joe Biden a multiplié les mises en garde au gouvernement de Benyamin Netanyahou. Mardi, le département d'Etat américain a annoncé des restrictions de visas pour les Etats-Unis visant les colons accusés de violences. Ces sanctions concernent «les personnes soupçonnées d'avoir contribué à saper la paix, la sécurité ou la stabilité en Cisjordanie, notamment en commettant des actes de violence» envers des Palestiniens, a affirmé le secrétaire d'Etat Antony Blinken dans un communiqué. Le Quai d'Orsay de son côté appelle l'Union européenne à prendre des sanctions à leur encontre.

Sept Palestiniens tués

Sur le terrain, la répression de l'armée israélienne se fait attendre. Les auteurs de ces agressions bénéficient du soutien des ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahou. Ces derniers invoquent leur droit à l'autodéfense et fournissent de nombreux permis de port d'armes aux civils, y compris ceux résidant dans des colonies de Cisjordanie.

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Selon l'ONU et des ONG israéliennes de défense des droits de l'homme tel que B'Tselem, sept Palestiniens auraient été tués par des colons depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre. Mais comme le souligne Dror Sadot, porte-parole de B'Tselem, « il est souvent difficile de faire une distinction entre un colon et un soldat qui tire, dans la mesure où des colons sont partiellement revêtus d'uniformes, tandis qu'il y a des soldats en permission, qui sont colons et armés, mais ne portent pas d'uniforme ».

Descentes violentes

Les habitants d'une dizaine de campements de bergers palestiniens ont dû fuir à la suite de descentes violentes de colons. Des maisons dans des villages ont été endommagées. L'immense majorité des auteurs de ces actes n'ont pas été arrêtés. Dans certains cas, des soldats ont été témoins de ces agressions sans intervenir.

Le nombre de témoignages de Palestiniens est tel que Joe Biden fait pression sur Benyamin Netanyahou pour qu'il intervienne. Le Premier ministre a mis plus d'un mois pour exprimer une condamnation du bout des lèvres. « Il ne s'agit que d'une poignée de gens qui se font justice eux-mêmes », a-t-il expliqué, en soulignant que cette petite minorité ne représentait pas les 500.000 Israéliens installés en Cisjordanie. Il a promis de sévir, même si les actes n'ont pas vraiment suivi.

Permis de port d'armes

Sa marge de manoeuvre politique est limitée. Il ne peut se permettre de se mettre à dos deux chefs de partis d'extrême droite anti-arabes, s'il veut conserver une majorité au Parlement. Une situation qui l'a amené à soutenir Itamar Ben Gvir, le ministre de la Sécurité nationale, dont les services distribuent à tour des bras des permis de port d'armes, y compris pour les colons.

Depuis le début de la guerre, 260.000 demandes ont été présentées. Sur ce total 30.000 ont été approuvées et 50.000 sont en voie de l'être. Face à un tel afflux, aucune des précautions en vigueur avant la guerre n'est plus respectée.

Nouveau terrain de lutte

Le chef du service chargé de la délivrance de ports d'armes du ministère de la Sécurité nationale, Yisrael Avishar, a démissionné lundi, expliquant que ces permis sont accordés beaucoup trop facilement et qu'une bonne partie d'entre eux devraient être réexaminés, notamment ceux délivrés à des membres d'« unités de protection » des colonies.

D'autres colons durs, encouragés par leur influence au sein du gouvernement, ont trouvé un nouveau terrain de lutte. Ils ont lancé une campagne en faveur d'une réoccupation israélienne de la bande de Gaza à la fin de la guerre, et de la reconstruction de colonies dans cette enclave.

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Les colonies de Gaza avaient été démantelées lors du retrait israélien de cette région en 2005. Avant cette date, 8.000 colons étaient installés dans 21 implantations. Les ministres d'extrême droite, mais aussi une minorité du Likoud, le parti de Netanyahou, sont favorables à un tel retour en arrière, ce qui a suscité un veto clair et net du grand allié américain. Netanyahou s'est contenté d'affirmer qu'une telle option n'était pas à l'ordre du jour, tout en prévenant qu'Israël exercerait un « contrôle total » sur les questions de sécurité dans la bande de Gaza. Sans préciser jusqu'où cette mainmise s'exercera.

Pascal Brunel (Correspondant à Tel-Aviv)

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