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Queering the map : quand la communauté LGBTQIA + partage son vécu partout dans le monde

© Capture d’écran Queering The Map

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Par Maïna Boutmin

Aujourd’hui encore, dans 69 pays sur 193, l’homosexualité est interdite. Dans les faits, si certains textes de lois prohibent les relations entre personnes du même genre, elles ne sont pas toujours condamnées. Malgré tout, évoluer dans un pays pénalement ou symboliquement hostile à l’homosexualité est particulièrement difficile à vivre pour les personnes queers. Même quand l’Etat prend des mesures pour lutter contre l’homophobie ou la transphobie, les violences à l’égard de la communauté LGBTQIA + persistent partout dans le monde, qu’elles surviennent dans l’espace publique ou dans la sphère intime et familiale.

Face à ces difficultés, nombreux se sentent parfois seuls et démunis. Pour répondre à ce sentiment d’isolement, l’artiste non-binaire Lucas LaRochelle a lancé une carte interactive. Son but était de permettre à toute personne s’identifiant comme queer de laisser un message, une pensée. Une manière de visibiliser leur vécu partout dans le monde : "La plateforme fournit une interface pour enregistrer de manière collaborative la cartographie de la vie queer – des bancs publics au milieu de l’océan – afin de préserver nos histoires et nos réalités en cours, qui continuent d’être invalidées, contestées et effacées. De l’action collective aux récits de coming out, des rencontres avec la violence aux moments d’amour extatique, Queering the Map fonctionne comme une archive vivante de la vie queer […] le projet s’efforce de générer des affinités au-delà des différences et des frontières, révélant ainsi les façons dont nous sommes intimement liés", peut-on lire sur Queering the map.

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A la croisée des histoires

Déclarations d’amour, appels de détresse et témoignages se rassemblent par milliers sur la carte, et par leur addition, assoient l’amour queer partout dans le monde.

Sur cette carte, les messages ne sont pas datés, une façon de marquer l’expérience dans le temps comme l’explique Lucas LaRochelle au New York Times : "Si [ces histoires] se sont déjà produites une fois, elles peuvent se reproduire […] C’est vrai pour les expériences joyeuses comme pour les expériences horribles et c’est pourquoi il est si important de documenter notre histoire collective dans toutes ses configurations."

Ce planisphère comptabilise aujourd’hui plus de 500.000 contributions qui donnent du travail quotidien à une équipe de modérateurs qui s’assure qu’aucun message haineux ne soit publié sur la plateforme. "Il y a beaucoup de postes sur la carte qui relèvent totalement de la fiction spéculative. Il y en a un au milieu de l’océan Atlantique ! Il dit quelque chose comme : "Rose, je t’ai vue sur le Titanic et je suis tombé amoureux de toi au premier regard, mais malheureusement, il semble que tu étais très attirée par ce Jack". Il s’agit d’une lecture homosexuelle de Titanic et je pense que c’est l’ajout le plus fabuleux à la carte. On y trouve beaucoup d’expériences intenses et dévastatrices, mais aussi une totale hilarité", confiait son créateur à I-D.

Queering the Map à Gaza

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Queering the Map a récemment fait un retour dans l’actualité, pour les messages de détresse publiés depuis la bande de Gaza. De nombreux internautes palestiniens rendent hommage à leurs morts ou, par peur de vivre leurs derniers instants, écrivent leur coming-out. "Ces témoignages sont d’autant plus marquants quand on sait qu’Israël, reconnu pour son soutien aux droits LGBTQIA +, a toujours fait peser l’homophobie légalisée des instances palestiniennes à son avantage, faisant oublier au reste du monde que la communauté queer palestinienne restait debout malgré tout", peut-on lire sur Konbini. Au cœur du conflit, des militants propalestiniens reprochent cependant à Israël d’exercer du pinkwashing en vantant une ouverture d’esprit vis à vis des droits LGBTQIA + pour justifier ses attaques.

Lucas LaRochelle rappelle que malgré l’anonymat mis en place par la plateforme, il est vivement conseillé de masquer son adresse IP dans les pays hostiles à la communauté LGBTQIA +. 

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