Le fentanyl est largement en cause dans la crise des opioïdes aux États-Unis, où “il a été responsable de deux tiers des morts par overdose en 2021”, rappelle New Scientist. À haute dose, ce puissant opioïde “ralentit la respiration, ce qui diminue l’apport en oxygène dans le sang et augmente le risque de décès”. Face à ces drames, les chercheurs tentent de trouver des solutions ; un médicament expérimental élaboré par la société Cessation Therapeutics, à San Diego, en Californie, vient ainsi de faire l’objet d’une publication dans la revue Nature Communications.

Ce médicament, qui a été testé sur des singes, est un anticorps appelé “CSX-1004”, capable de se lier au fentanyl. “[Le traitement] tout seul ne fait rien. En revanche, en cas de prise de fentanyl, il s’y lie très rapidement et l’empêche d’atteindre le cerveau”, explique à New Scientist Andrew Barrett, qui a mené les premières études précliniques sur le CSX-1004.

Avec son équipe de Cessation Therapeutics, il a montré qu’une dose quinze fois plus élevée de fentanyl que la dose habituelle était nécessaire pour observer chez les animaux ayant reçu une injection de CSX-1004 une baisse de la respiration caractéristique de l’overdose. “Comme le CSX-1004 a aussi atténué les effets antidouleur du fentanyl, on peut supposer qu’il pourrait également traiter la dépendance à cette drogue”, indique l’hebdomadaire britannique, qui précise que le traitement n’a pas eu d’effet indésirable et qu’aucun signe n’a révélé que les animaux devenaient dépendants au médicament.

Reste que cet anticorps est spécifique au fentanyl, il ne peut pas se lier aux autres opioïdes, comme l’héroïne ou l’oxycodone. Aussi, New Scientist prévient-il que “les personnes ayant une dépendance aux opioïdes peuvent encore en utiliser d’autres”.