En Iran: «Ils m’ont frappée très fort à la bouche et m’ont brutalement violée»

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En Iran«Ils m’ont frappée très fort à la bouche et m’ont brutalement violée»

Amnesty a recensé des témoignages «bouleversants» qui révèlent «des pratiques consistant à utiliser la violence sexuelle comme une arme clef dans l’arsenal des autorités iraniennes».

Des femmes manifestent à New York un an après la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre 2023.

Des femmes manifestent à New York un an après la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre 2023.

AFP

Des viols dans des prisons, véhicules, immeubles vides, commis sur des hommes, femmes, enfants, par un ou plusieurs agresseurs: les forces de sécurité iraniennes ont employé la violence sexuelle comme «arme» pour «écraser» les manifestants du mouvement «Femme, vie, liberté», accuse Amnesty International mercredi.

L’ONG de défense des droits humains affirme avoir documenté les «terribles épreuves» que 45 victimes – 26 hommes, douze femmes et sept mineurs – ont dû affronter après leur arrestation «arbitraire» lors de la contestation secouant l’Iran depuis l’automne 2022.

«Aucune réponse» de l’Iran

«Des agents des services de renseignement et de sécurité iraniens ont utilisé le viol et d’autres formes de violences sexuelles afin de torturer et de punir des manifestants, notamment des enfants ayant à peine douze ans, et de leur infliger des dommages physiques et psychologiques durables», affirme sa secrétaire générale Agnès Callamard.

Les témoignages «bouleversants» révèlent «des pratiques consistant à utiliser la violence sexuelle comme une arme clef dans l’arsenal des autorités iraniennes afin de réprimer les manifestations et l’opposition, dans le but de s’accrocher au pouvoir coûte que coûte», poursuit-elle dans un rapport fouillé de 120 pages. Amnesty indique avoir transmis ses conclusions aux autorités iraniennes le 24 novembre, mais n’avoir reçu «aucune réponse à ce jour».

«Je les ai suppliés d’arrêter»

«Ils ont commencé par arracher mes vêtements, et quand je les ai suppliés de s’arrêter, ils m’ont frappée très fort à la bouche, qui s’est remplie de sang. Ils étaient trois, dont mon interrogateur. Ils m’ont brutalement violée», utilisant notamment «une bouteille», et «après cela, j’ai perdu connaissance», raconte à l’ONG Maryam, qui dit avoir été victime de membres des Gardiens de la révolution.

Des violences subies selon Maryam parce que ses amies et elle avaient «enlevé (leur) voile» lors des manifestations ayant éclaté en Iran après septembre 2022, quand une jeune Kurde iranienne, Mahsa Amini, est morte après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour non-respect du strict code vestimentaire islamique. «J’ai rencontré deux autres femmes dans ma cellule. Elles avaient aussi été violées (…) et elles souffraient», poursuit Maryam.

Sur les 45 victimes répertoriées par Amnesty International, seize ont subi des viols: six femmes, sept hommes, une jeune fille de 14 ans et deux garçons de 16 et 17 ans. Quatre femmes – dont Maryam – et deux hommes «ont subi des viols collectifs perpétrés par un nombre d’agents masculins ayant pu aller jusqu’à dix», s’indigne Amnesty, qui a interrogé à distance ces personnes, issues de plus de la moitié des provinces iraniennes, leurs proches ou d’autres témoins.

Plaintes retirées

Farzad a déclaré à l’ONG avoir subi un viol collectif dans un fourgon appartenant aux forces spéciales de la police, plusieurs «agents en civil» l’ayant d’abord «torturé», lui cassant «le nez et des dents». Puis «ils ont baissé mon pantalon et m’ont violée (…) J’ai beaucoup vomi et je saignais du rectum.»

Les 29 autres victimes recensées par Amnesty ont subi d’autres formes de violence sexuelle par des agents de l’État qui «systématiquement» les «empoignaient, palpaient, frappaient (leurs) seins, (leurs) parties génitales et (leurs) fesses», ou leur donnaient «des coups de poing et de pied dans ces zones», «imposant» encore «la nudité, parfois devant des caméras vidéo» ou «insérant des aiguilles» dans les testicules des hommes.

L’écrasante majorité des victimes a déclaré à Amnesty International n’avoir «pas porté plainte après leur libération par crainte de subir d’autres préjudices». Sur trois d’entre elles l’ayant fait, «deux ont été contraintes de la retirer après que les forces de sécurité ont menacé de les enlever et/ou de les tuer, elles ou leurs proches», souligne Amnesty, qui dénonce «l’impunité» des forces de sécurité.

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(AFP)

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