Denis Mukwege : "Lorsqu'il y a des gains économiques, les gens oublient que nous partageons la même humanité"

Le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix 2018, est candidat à l’élection présidentielle de la République démocratique du Congo (le 20 décembre 2023). ©AFP - Jean-Michel Delage - Hans Lucas
Le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix 2018, est candidat à l’élection présidentielle de la République démocratique du Congo (le 20 décembre 2023). ©AFP - Jean-Michel Delage - Hans Lucas
Le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix 2018, est candidat à l’élection présidentielle de la République démocratique du Congo (le 20 décembre 2023). ©AFP - Jean-Michel Delage - Hans Lucas
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Aujourd'hui à 7h50, on discute avec Denis Mukwege, gynécologue-obstétricien congolais, prix Nobel de la paix en 2018, et auteur de "La force des femmes" (Gallimard). Il est candidat à l’élection présidentielle de la République démocratique du Congo (qui aura lieu le 20 décembre 2023).

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"Notre pays connaît une guerre qui va maintenant durer trois décennies", explique le nouvel homme politique pour justifier sa candidature. "Pendant plus de 15 ans, j'ai fait des plaidoyers à travers toutes les organisations des droits de l'homme, de par le monde, pour essayer de mettre fin à l'utilisation du viol comme arme de guerre. Aujourd'hui, la guerre qui se passe au Congo, ce n'est pas sur le corps des femmes, mais ce sont les femmes et les enfants qui payent les lourdes tribus. On ne voit pas comment on peut terminer ces violences si on ne s'attaque pas à l'un de ses piliers les plus importants : lutter contre l'impunité."

Denis Mukwege estime que depuis 1885, les Congolais n'ont jamais pu choisir leur dirigeant, il a donc pris comme slogan "Le choix du peuple" pour ses meetings. "Le processus pose problème. Je crois que je suis parmi les candidats présidents qui ont porté plainte sur la question de l'organisation de ces élections, puisqu'il y a des irrégularités. Le 6 décembre par exemple, mes affiches ont été tout simplement enlevées dans une ville en pleine journée, où des gens sont venus scier les poteaux qui les portaient. Et aujourd'hui, on sent très bien que le pouvoir continue à exercer une pression sur les candidats C'est tout à fait anormal."

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Trente ans de guerre et de morts

Il craint également que la communauté internationale se soit détournée de la RDC et de ses millions de morts en 30 ans de guerre. "C'est que ce que nous subissons en République démocratique du Congo, on ne voit pas le drame de cette population qui est massacrée quotidiennement, personne n'en parle. Et à partir du moment où on ne parle pas de ce qui se passe, nous nous posons la question, est-ce que nous sommes aussi des membres des Nations Unies, comme tous les autres États ? Est-ce que nous partageons la même humanité ? Si on fait cette discrimination, ça pose quand même des questions."

"Lorsqu'il y a des gains économiques, les gens oublient que nous partageons la même humanité", assène le candidat à la présidentielle. "Je ne vois pas une autre raison. C'est peut-être le fait du gain économique et peut-être aussi le fait que nos dirigeants ne font pas assez pour pouvoir pousser sur le plan diplomatique le monde à bouger par rapport à ce que nous connaissons. Aujourd'hui, on a toutes les preuves que le Rwanda soutient le M23 [le mouvement du 23 mars, un groupe armé de soldats qui se sont mutinés contre le gouvernement de RDC, NDLR]. Qu'ont fait les Nations Unies pour mettre fin à cette agression ? On ne sent pas qu'il y a une volonté d'arrêter cette agression par un pays membre des Nations Unies."

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