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Église catholiqueBernard Genoud accusé d’abus treize ans après sa mort

Aujourd’hui accusé d’abus sexuels, Mgr Bernard Genoud a été évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg de 1999 jusqu’à sa mort, en 2010.

C’est un coup de tonnerre pour l’Église catholique en Suisse. Décédé en 2010, Mgr Bernard Genoud, ancien évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, est accusé d’abus sexuels. C’est l’annonce qu’a faite son successeur, Mgr Charles Morerod, en conférence de presse lundi matin.

La victime serait une ancienne élève de Bernard Genoud lorsque celui-ci enseignait au Collège du Sud, à Bulle (FR). Ayant subi des abus dans son enfance, sans lien avec l’Église, elle s’était confiée à lui avant que s’installe une relation d’emprise et de dépendance. Le prêtre, futur évêque, lui aurait fait subir des actes sexuels répétés. Elle avait alors 19 ans.

«Il appartient à l’Église de ne pas laisser sans réponse les souffrances des victimes.»

Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg

En parlant aujourd’hui à Mgr Morerod, lui-même ancien élève de Bernard Genoud à Bulle, la victime a affirmé «s’être libérée d’un lourd poids», a relevé l’évêque, qui revient d’une convalescence. «Même si la démarche lui est très douloureuse à entreprendre.» Charles Morerod a demandé que sa volonté de discrétion soit respectée.

Ordonné prêtre en 1968, Bernard Genoud a enseigné au Collège du Sud de 1976 à 1994 ainsi qu’à l’École de la foi (Fribourg) de 1975 à 2006. Il a également enseigné et été aumônier à l’École normale cantonale de Fribourg de 1972 à 1975, au Collège Saint-Michel de 1975 à 1977 et à l’Université populaire du canton de Fribourg de 1976 à 1994.

Victimes potentielles

Bernard Genoud a encore exercé à l’Université de Fribourg entre 1996 et 1999. Ensuite, il a fonctionné en qualité d’évêque du diocèse de 1999 à 2010, année de son décès. Une longue liste qui pourrait délivrer certaines victimes potentielles, sachant que l’objectif consiste à «libérer la vérité», a précisé Mgr Charles Morerod.

Mgr Genoud n’est plus là pour s’expliquer. «Mais il appartient à l’Église de ne pas laisser sans réponse les souffrances des victimes», a ajouté l’évêque, le diocèse mentionnant des personnes «écrasées sous le poids d’un silence insupportable». Au-delà, Charles Morerod s’est étonné de l’implication de son prédécesseur.

«J’avais constaté qu’il entretenait des contacts avec des étudiantes et d’anciennes étudiantes», a détaillé Mgr Morerod, sans imaginer alors que la situation puisse aller plus loin. Le témoignage dévoilé lundi apporte une vision nouvelle. Il fait suite à la publication, le 12 septembre, d’une étude de l’Université de Zurich sur le sujet.

«Urgence vitale»

Celle-ci a identifié plus de 1000 cas d’abus sexuels dans l’Église catholique en Suisse depuis le milieu du siècle dernier, commis par plus de 500 suspects. «Vu son état désastreux, je crois ce que la victime m’a dit», a insisté Charles Morerod. La dépendance s’est déployée sur plusieurs années, avec une relation asymétrique.

Le cas éclaire l’attitude de Bernard Genoud. L’évêque actuel a déjà rencontré une soixantaine de victimes. La libération de la parole montre qu’il importe de faire «confiance» pour témoigner de ce qu’on a subi soi-même. «J’ai senti une urgence vitale», a-t-il conclu son intervention à propos de la femme qui vient de franchir le pas.

ATS/CDI