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L'essentiel

COP28 : pas de "sortie" des énergies fossiles dans le projet d'accord, "insuffisant" pour l'UE

Le président émirati de la 28e conférence de l'ONU sur le climat, Sultan al-Jaber, a proposé lundi un projet d'accord visant à réduire la place des énergies fossiles dans le monde. Ce projet a été immédiatement rejeté par les pays qui attendent un appel clair à la "sortie" de ces énergies, responsables du réchauffement planétaire. L'Union européenne a jugé le texte "insuffisant", les États-Unis ont appelé à "substantiellement" le renforcer et les petites îles ont appelé à son rejet.

Licypriya Kangujam, une militante autochtone indigène pour le climat, manifeste lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP28) à Dubaï (Émirats arabes unis).
Licypriya Kangujam, une militante autochtone indigène pour le climat, manifeste lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP28) à Dubaï (Émirats arabes unis), le 11 décembre 2023. © Thomas Mukoya, Reuters
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Les négociations de la COP28 se sont poursuivies tard dans la nuit de mardi 12 décembre autour du compromis proposé par le président émirati, très largement rejeté par les pays pour son manque d'ambition sur la sortie des énergies fossiles. Aux premières heures du dernier jour théorique de la 28e climatique Conférence des Nations unies à Dubaï, les pays occidentaux, des États insulaires ainsi que des pays africains et latino-américains ont réitéré leur opposition au texte lors d'une réunion à huis clos, selon des négociateurs joints par l'Agence France-Presse (AFP).

"C'est la dernière COP où nous aurons la chance d'être capable de maintenir en vie le 1,5°C", objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris, a déclaré l'émissaire américain John Kerry devant ses homologues, lors de cette séance qui s'est terminée vers 2 h 30 (23 h 30 GMT).

Un nouveau texte, fruit de ces échanges nocturnes au 13e jour du sommet, est espéré dans la journée de mardi, selon des délégués. Mais le pari du président de la COP28, Sultan Al Jaber, d'obtenir un accord historique à 11 h (7 h GMT), jour anniversaire de l'accord de Paris, est désormais perdu.

"Ce n'est pas un problème pour la délégation européenne, nous avons du temps et nous sommes préparés à rester un peu plus longtemps", a assuré la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock.

  • Tollé contre le premier compromis proposé par le président émirati

Le président émirati de la COP28, Sultan al-Jaber, a proposé un projet d'accord visant à réduire la place des énergies fossiles dans le monde, immédiatement rejeté par les pays qui attendent un appel clair à la "sortie" du pétrole, du gaz et du charbon responsables du réchauffement planétaire. Les négociations de la COP28 se sont poursuivies tard dans la nuit de mardi.

"La République des Îles Marshall n'est pas venue ici pour signer son arrêt de mort", a tonné son ministre des Ressources naturelles et chef de délégation, John Silk.

L'Union européenne juge le texte "insuffisant", les États-Unis appellent à "substantiellement" le renforcer et les petites îles rongées par la montée des océans demandent son rejet. ONG et experts dénoncent un projet énumérant trop d'options non contraignantes, sans explicitement privilégier la fin des énergies fossiles.

"Il y a des éléments qui ne sont pas acceptables en l'état", a déclaré à Dubaï la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

"Nous avons fait des progrès mais nous avons encore beaucoup à faire", a admis Sultan al-Jaber, reconnaissant implicitement que le texte serait encore amendé dans les prochaines heures, avant la fin supposée de la COP28 mardi.

Que dit ce texte de 21 pages ? Dans le paragraphe le plus scruté, il y est reconnu la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre et on y appelle les parties à prendre des actions qui "pourraient" inclure plusieurs éléments. C'est ce conditionnel qui affaiblit à lui seul tout ce qui suit.

Il y a certes l'appel à la "réduction à la fois de la consommation et de la production des énergies fossiles d'une manière juste, ordonnée et équitable, de façon à atteindre zéro net (neutralité carbone, NDLR) d'ici, avant ou autour de 2050, comme préconisé par la science".

Mais le texte ne mentionne plus le mot de "sortie" des énergies fossiles. Et il inclut désormais toutes sortes de vœux du camp des pays producteurs ou exportateurs de pétrole, telle l'Arabie saoudite, comme les technologies balbutiantes de captage et de stockage du carbone, exigées pour continuer à pomper des hydrocarbures.

À lire aussiLa faim dans le monde, l'"urgence" pourtant grande absente de la COP28

  • Azerbaïdjan et Brésil seront les pays hôtes des prochaines COP

L'Azerbaïdjan et le Brésil seront les hôtes des prochaines conférences de l'ONU sur le climat, respectivement en 2024 et 2025, une décision adoptée lundi à Dubaï par la COP28.

L'Azerbaïdjan, dont l'économie dépend fortement des exportations de pétrole et de gaz, comme les Émirats arabes unis, le pays où ont lieu les actuelles négociations sur le climat, accueillera la COP29 du 11 au 22 novembre prochains.

Ce pays du Caucase a franchi un obstacle majeur la semaine dernière lorsque l'Arménie, son rival historique, a annoncé qu'elle retirerait sa propre candidature pour organiser la Conférence sur le climat de 2024 et qu'elle soutiendrait celle de son voisin à un moment où Erevan et Bakou cherchent à améliorer leurs relations. En septembre, l'Azerbaïdjan a repris à l'issue d'une guerre-éclair le Haut-Karabakh, une enclave contrôlée par des Arméniens de souche pendant trois décennies.

Quant au Brésil, l'un des dix premiers producteurs mondiaux de pétrole, il a proposé d'héberger en Amazonie la COP30, qui se déroulera du 10 au 21 novembre 2025.

  • La COP28 doit appeler à la "sortie de toutes les énergies fossiles", lance le chef de l'ONU

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé lundi 11 décembre les négociateurs à la COP28 à faire preuve de "flexibilité maximum" et de "bonne foi", pour assurer la sortie de "toutes les énergies fossiles".

Il est "essentiel" que le texte final, qui doit normalement être adopté mardi, "reconnaisse le besoin de sortir de toutes les énergies fossiles dans un calendrier cohérent avec la limite de 1,5 °C" de réchauffement planétaire, a-t-il dit à Dubaï. "Cela ne veut pas dire que tous les pays doivent sortir des énergies fossiles en même temps", a-t-il précisé, faisant écho à la demande de certains pays en développement d'avoir plus de temps que les nations les plus riches.

Cette question des énergies fossiles, et du financement en direction des plus pauvres, est centrale à la COP28, entrée dans la dernière ligne droite des négociations avant sa conclusion prévue mardi.

"Nous sommes engagés dans une course contre la montre" pour trouver un consensus, a souligné Antonio Guterres.

Les négociations sont rendues difficiles par l'opposition de certains pays exportateurs d'hydrocarbures, emmenés par l'Arabie saoudite, à l'adoption d'un texte ciblant les énergies fossiles.

  • Le chef de l'ONU Climat appelle les pays à lever "les blocages tactiques inutiles"

Le chef de l'ONU Climat Simon Stiell a appelé lundi les pays réunis à la COP28 à lever "les blocages tactiques inutiles", à la veille de la fin prévue de la conférence, concentrée sur l'avenir des énergies fossiles.

"Nous sommes maintenant ici pour discuter de deux sujets", a-t-il dit à Dubaï, citant la baisse des émissions de gaz à effet de serre et les "moyens" de soutenir la transition des pays moins développés, alors qu'une nouvelle proposition de texte final est attendue. En clair : il reste à trouver un compromis sur la sortie ou, a minima, la réduction des énergies fossiles, tout en assurant le financement pour les pays les plus pauvres. Les deux sujets sont indissociables, a-t-il dit en substance.

"Les plus hauts niveaux d'ambition sont possibles pour les deux" sujets, a martelé Simon Stiell. "Je presse les négociateurs de rejeter l'incrémentalisme. Chaque pas en arrière par rapport à l'ambition la plus haute coûtera des millions de vie", a-t-il dit, soulignant son opposition à une politique des petits pas.

"Nous n'avons pas une minute à perdre", a-t-il aussi pressé, alors que la COP28 doit théoriquement se terminer mardi mais que des questions centrales restent encore à résoudre. Le président émirati de la COP28, Sultan al-Jaber, patron de la compagnie pétrolière nationale, a promis un accord "historique" dès le 12 décembre, jour anniversaire de l'accord de Paris.

À lire aussi"Sortir ou réduire" ? À la COP28, un combat des mots pour briser le tabou des énergies fossiles

 

Avec AFP

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