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Chercheur en biologie, Hugues Gascan a lui-même été confronté au phénomène sectaire dans son laboratoire. C'est ce qui l'a amené à s'intéresser à ces mouvements, jusqu'à faire tomber aujourd'hui l'un des groupes sans doute les plus importants depuis l'Ordre du Temple solaire. Entretien.
Le Point : Comment êtes-vous tombé sur le mouvement Misa ?
Hugues Gascan : Je suis directeur de recherche dans un établissement public et, durant longtemps, j'ai été responsable d'une unité de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) au CHU d'Angers. En 2003, j'ai malheureusement recruté deux personnes qui étaient proches d'un groupe tantrique criminel. Tout ça a abouti à une déstabilisation de mon laboratoire et à sa fermeture en 2010. Je me suis alors intéressé à ce qu'étaient ces fameux groupes tantriques, notamment celui qui m'avait concerné qui s'appelle Ashram Shamballa. Puis à ce qui semblait être une deuxième branche de ce même mouvement, à savoir le mouvement Misa ou fédération Atman, animée par M. Bivolaru. Il s'avérera que ce sont deux mouvements avec des croyances partagées, mais séparés, si ce n'est quelques points de contact sporadiques. Ce qui fait que depuis les années 2010, d'abord seul, puis entouré d'un groupe de collègues, nous nous sommes intéressés à Ashram Shamballa et surtout à Misa. Ce qui a conduit aux résultats que nous voyons aujourd'hui.
Qu'avez-vous découvert sur l'organisation de ce groupe ?
Misa est une structure qui est présente dans 34 pays actuellement. Chaque pays étant organisé d'une façon spécifique et indépendante. Et nous avons rapidement compris que la direction internationale du mouvement était implantée en France, avec la présence du maître spirituel Gregorian Bivolaru. Un certain nombre d'associations de luttes contre les dérives sectaires avaient l'œil sur ce groupe, mais très peu de signalements ont été faits en France. Nous avons donc porté ce dossier, d'abord au sein de la Ligue des droits de l'homme pendant deux ans, puis il y a juste un an en octobre de l'an passé, nous avons créé une nouvelle association qui s'appelle le Groupe d'étude du phénomène sectaire (GéPS), dont je suis le président. Nous avons essayé de comprendre pourquoi il n'y avait pas de victimes en France, à quoi cela correspondait dans la mesure où la direction pour l'ensemble du monde était installée sur le territoire. Nous avons alors compris que s'il n'y avait pas de victimes en France, il y en avait ailleurs, notamment dans l'hémisphère sud. Nous avons trouvé des articles qui rapportaient des témoignages de jeunes femmes qui avaient été invitées à partir de l'Argentine, de la Nouvelle-Zélande, de l'Australie, et à venir en France pour une initiation sexuelle avec Gregorian Bivolaru. Elles avaient été copieusement abusées. Elles repartaient ensuite dans leur pays.
À LIRE AUSSI Louise, ex-adepte de la secte du gourou Bivolaru : « Il aurait pu faire de moi ce qu'il voulait » Qu'est-ce que vous en avez conclu ?
Que, fort probablement, Bivolaru évitait d'impliquer des Françaises dans ses pratiques, peut-être par crainte de voir une plainte être déposée dans le pays dans lequel il vivait. Il est clair que si une femme originaire de Buenos Aires est abusée, le temps qu'elle fasse la démarche, prenne conscience de son statut de victime et de faire valoir un préjudice, ça peut prendre des années ou ne jamais arriver. Et à ce moment, vous vivez à des milliers de kilomètres de l'endroit où les faits se sont produits. Vous êtes loin de tout. C'est alors très difficile de porter plainte.
Alors comment avez-vous procédé pour judiciariser ce dossier ?
Il y a deux ans environ, nous avons collecté un à un, avec Laure Télò du GéPS, des témoignages de femmes venant de l'hémisphère sud, mais aussi de Pologne, d'Écosse, d'Islande ou de Finlande. Elles ont toutes été victimes de ce maître à penser. Ces témoignages ont été ensuite traduits en français, soumis notamment au pôle sécurité de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), qui a fait un travail remarquable. La présidente de l'époque, Mme Hanène Romdhane, a pris ses responsabilités et porté ce dossier. Ensuite, il a été confié à Mme Claire Lebas de la Cellule d'assistance et d'intervention en matière de dérives sectaires (Caimades) et a également été suivi de près par le commandant Franck Dannerolle, chef de l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP). Ce qui a permis de mobiliser de nombreuses équipes de police sur un dossier qui est totalement hors normes. Cela a finalement conduit à l'arrestation d'une quarantaine de personnes le 28 novembre dernier.
Quand on voit les photos de Bivolaru, ce plombier de formation n'a pas l'air très charismatique. Comment a-t-il pu avoir autant d'influence ?
Il est décrit comme étant un érudit. C'est un homme qui lit beaucoup. Sa garçonnière est remplie de livres. Il écrit aussi beaucoup, essentiellement des textes complotistes, aux idées paranoïaques. C'est un personnage ambivalent. Certaines victimes le décrivent comme doux, au moins dans un premier temps. D'autres, s'il y a une opposition, indiquent qu'il est capable de grandes colères, d'insulter les gens, de les punir, d'être très dur. C'est un Janus, un homme à deux visages.
Comment s'y prenait-il pour arriver à ses fins avec les femmes ?
Le conditionnement porte sur plusieurs aspects. La procédure est immuable, parfaitement rodée pour toutes les victimes. Pendant deux semaines, avant de le rencontrer, elles vont devoir regarder des vidéos pornographiques, lire un certain nombre de livres soit mystiques, soit avec des références pornographiques, se familiariser avec le lesbianisme, etc. Elles peuvent être privées de nourriture et de sommeil, ce qui va affaiblir leur vigilance. À cela, il faut ajouter la pratique de l'urinothérapie ou urinophilie, qui consiste à boire l'urine des partenaires. Les femmes sont alors prêtes à rencontrer le Maître et enfin avoir l'illumination, et surtout devenir une belle personne, progresser dans la vie, devenir à l'aise en toutes situations, etc., selon les promesses qu'on leur a faites. À condition de passer par la fameuse initiation. Après une séance soft, voire chaleureuse, les choses vont devenir plus intenses, avec une pratique sexuelle qui peut durer une dizaine d'heures avec parfois des actes de violence.
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Avez-vous une idée du nombre de ses victimes ?
Les victimes sont, de façon générale, apeurées. Elles craignent des représailles pour elles, pour leur famille. Donc très peu se sont manifestées. Ceci étant, il y a des regroupements de femmes qui luttent déjà contre les pratiques tantriques. Elles évoquent des centaines, voire des milliers de victimes. Mais je suis incapable de confirmer ces chiffres. Gregorian Bivolaru revendique lui-même d'avoir couché avec plus de 1 000 femmes. Ce qui est sûr, c'est que les victimes que nous avons contactées ne représentent qu'une toute petite partie émergée de l'iceberg.
Il faut que vous sachiez que certains lecteurs aux pseudos évoquant notamment les cochons sauvages gardois ou les nobles moyen orientaux considèrent que tout mal qui frappe cette planète est dû à Emmanuel Macron et que le magazine auquel ils sont abonnés, qu’ils lisent et commentent abondamment n’est qu’un instrument aux mains de ce même Emmanuel Macron. J’y vois une forme de paranoïa mêlée de schizophrénie et d’un certain masochisme qui les pousse à lire sans relâche une presse qui ne fait qu’exacerber leur haine du Mâlin source de tous leurs maux
En revanche je pense qu’ils n’ont rien à faire de cette secte sordide et de son plombier dépravé sexuel.
Oui mais dans "yoga tantrique", il y a "trique", ça aurait dû mettre la puce à l'oreille, non ?...
Le gourou, plombier de formation ? À lire cet article, me remonte naturellement le sketc. H des inconnus, sur skippy le grand gourou et son pain spiritisme sur la planche. Une pensee quand meme pour ces pauvres gens paumes qui sont la cible de ces predateurs