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Reportage

Venezuela: le lac de Maracaibo, un véritable écosystème victime d'une pollution catastrophique

Au Venezuela, le lac de Maracaibo, connecté à la mer des Caraïbes, est en état de marée noire permanente en raison de fuites de pétrole. C’est le plus grand lac d’Amérique Latine. Il héberge une faune et une flore exceptionnelle, avec notamment plusieurs dizaines d’espèces endémiques. Cette situation dure depuis les années 1980, mais s’est considérablement aggravée depuis 2016. 

Une vague de pétrole sur l'une des rives du lac Maracaibo, dans le quartier de La Vereda, après une marée noire à Maracaibo, dans l'État de Zulia, au Venezuela, le 21 juin 2023.
Une vague de pétrole sur l'une des rives du lac Maracaibo, dans le quartier de La Vereda, après une marée noire à Maracaibo, dans l'État de Zulia, au Venezuela, le 21 juin 2023. © Luis Bravo / AFP
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De notre correspondante,

C’est désormais une véritable catastrophe écologique que vit le lac de Maracaibo. Tout d’abord, il est difficile de donner des chiffres exacts. Le gouvernement ne communique pas, mais des chercheurs estiment, grâce à des images satellites, que ce seraient environ 160 000 litres de brut par jour qui se déverseraient dans le lac et sur ses rives. Le lac de Maracaibo est l’une des zones les plus riches en hydrocarbures du pays. Il y a environ 6 000 puits de pétrole, autour et sur le lac. Et des milliers de kilomètres d’oléoducs sous-marins pour transporter ce brut. Mais ces infrastructures n’ont pas été entretenues, à cause de la grave crise que traverse le pays, mais aussi à cause de la corruption et à une mauvaise gestion en général.

Une marée noire permanente

Les conséquences sont désastreuses, pour les habitants, pour la mangrove sur place et pour la faune évidemment, comme les requins, les dauphins, mais aussi les tortues etc. Par exemple, le « verdin », comme on l’appelle au Venezuela, est une micro algue qui se nourrit de tous les déchets déversés dans le lac – des hydrocarbures, mais également des déchets solides et des eaux usées qui y sont rejetées. Cette algue verte a parfois recouvert la quasi-entièreté du lac, empêchant le passage de l’oxygène et de la lumière et faisant donc beaucoup de dégâts pour la faune et la flore.

Les taux de métaux lourds sont aussi très élevés dans les poissons, poissons dont les locaux se nourrissent. Par ailleurs, les personnes qui vivaient du lac en proposant des activités aquatiques par exemple ont dû se tourner vers d’autres sources de revenus.

Sauver le lac

L’État a longtemps brillé par son absence de réaction, de même que l’entreprise pétrolière publique PDVSA qui est en charge des infrastructures et notamment des 28 000 kilomètres d’oléoducs sous-marins qui quadrillent le lac. Les initiatives d’associations sont nombreuses. Il y a ceux qui se chargent du monitorage des marées noires. Il y a les organisations qui se concentrent sur les animaux, car certains comme le lamantin sont menacés.

L’une des dernières propositions pour le lac est le projet Sirène. Des coiffeurs dans tout le pays récoltent des cheveux coupés qui sont ensuite réutilisés, avec des flotteurs, pour capter les couches de pétrole dans l’eau. Malgré toutes les bonnes volontés, sans l’arrêt des fuites et donc concrètement, sans le colmatage des canalisations, toutes les initiatives sont vaines. Cet été, le gouvernement a annoncé un plan de « récupération du lac ». Et les activistes veulent croire en un travail main dans la main avec les autorités pour sauver le lac de Maracaibo de toutes ses sources de pollution.

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