Considéré comme l’un des héros de la résistance face aux États-uniens conquérants du XIXe siècle, star des westerns du XXe siècle, Sitting Bull est mort assassiné en 1890 car jugé coupable à tort d’avoir animé un nouveau mouvement spirituel qui annonçait la fin de la Conquête.
Fils d’un guerrier, Sitting Bull est devenu une célébrité qui dépasse les frontières et le temps. Chef reconnu et suivi, il se singularise en choisissant de ne pas signer les traités de partage des richesses d’Amérique du Nord avec les Européens qui conquièrent progressivement le continent au XIXe siècle. La postérité de Sitting Bull se méprend souvent sur son parcours : s’il est impliqué dans la cuisante défaite de l’armée fédérale à Little Big Horn en 1876, il n’y combat pourtant pas.
L'archéologue Laurent Olivier explique que "Sitting Bull occupe une place un peu clandestine dans la mémoire contemporaine. Les gens y pensent et en parlent peu. Parce qu'en fait, Sitting Bull cristallise aussi des fractures à l'intérieur de la société sioux. La pression américaine fait exploser les communautés Lakotas, entre ce que les Américains appellent les friendly, les Indiens amicaux, considérés par eux comme les "bons Indiens" et puis les hostiles, ceux qui les combattent. Et ces fractures-là s'insinuent à l'intérieur de chacun des groupes Lakotas, y compris dans les familles. Ceux qui ont tué Sitting Bull, ce sont des gens de sa communauté, des policiers indiens."
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Après cette victoire, il se réfugie au Canada pour en revenir, quelques années plus tard, en tant que prisonnier de guerre. Une captivité qui fait aussi sa célébrité puisque c’est à cette occasion qu’il entre sur la scène médiatique en acceptant notamment d’être photographié. Des photographies qui circuleront sans relâche à travers le monde et qui se multiplient lorsqu’il prend part au casting du fameux Wild West Show de Buffalo Bill à partir de 1885. Sitting Bull accepte d’y jouer le "mauvais Indien", celui qui a battu les Européens sur leur terrain de guerre. Leader charismatique, Sitting Bull termine sa vie, critiqué par certains des siens en désaccord avec son jusqu’au-boutisme résistant. C’est à la faveur d’un nouveau mouvement de remise en question de la présence des Européens, la Ghost Dance, qu’il est assassiné, jugé coupable d’un front qu’il a laissé s’ouvrir sans en être à l’origine.
Les invités
- Thomas Grillot, historien
- Laurent Olivier, archéologue
- Sergio Purini, archéologue et historien de l’art
- François Chladiuk, collectionneur
Lecture (extrait) : Tristesse du paysage d’Éric Vuillard
Éric Vuillard, Tristesse de la terre. Une histoire de Buffalo Bill Cody (Actes Sud, coll. Un endroit où aller, 2014)
Avec les extraits des films : Sitting Bull (1955) de Sidney Salkow et René Cardona, et Enterre mon cœur à Wounded Knee (Bury My Heart at Wounded Knee, 2007) d’Yves Simoneau
Discours de Sitting Bull lu par Pierre Santini dans "Du vrai faux travail" (France Culture, 15.02.2012)
1 min
Décryptage du monde de Sitting Bull par l'historien Thomas Grillot : "Il est au centre de son propre monde, qui est le monde des plaines du Nord dans lequel les Sioux ont pénétré entre le milieu et la fin du XVIIIe siècle, en franchissant le Missouri. Ils ont passé des alliances avec un certain nombre de peuples, mais ils ont aussi imposé leur domination à beaucoup d'autres. Sitting Bull est le représentant modèle d'un peuple guerrier et conquérant qui, au moment où il naît en 1831, est en contact avec les Américains depuis quelques décennies, mais n'a aucune raison de penser que ce qui l'attend au bout du chemin, c'est la sujétion ou la domination. Et encore moins la relégation dans les réserves."
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Bibliographie
- Laurent Olivier, Ce qui est arrivé à Wounded Knee (Flammarion, 2021)
- Thomas Grillot, La deuxième tombe de Sitting Bull. Métamorphoses coloniales dans l’Amérique du XXe siècle, extrait de Annales. Histoire, Sciences sociales, 2013/1 (68e année), pages 135 à 168
- Farid Ameur, Sitting Bull. Héros de la résistance indienne (Tallandier, 2010. Réimpression 2014, 2020, 3ème édition)
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Musique
- Bande originale du film There will be blood (2007) réalisé par Paul Thomas Anderson, composée par Jonny Greenwood
Générique
Un documentaire d'Anaïs Kien, réalisé par Laurent Paulré. Prise de son, Yvan Charbit. Mixage, Julien Doumenc. Archives Ina, Marie Chauveau. Page web Sylvia Favre.
Actualité
- Sur la piste des Sioux (22.10. 2021-28.08.2022), une exposition au musée des Confluences à Lyon à laquelle François Chladiuk et Sergio Purini ont contribué.
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Pour en savoir plus
- Buffalo Bill et le Wild West Show, un article biographique de Jeanne-Yvonne et Gérard Borg sur le site Cirque-CNAC.bnf
- Ghost dance (danse des Esprits), un article en anglais de Stephanie Hall, spécialiste des cultures amérindiennes sur Blogs.loc.gov (2017)
- Le mémorial Sioux de Crazy Horse, célèbre chef amérindien, dans le Dakota, non loin du Mont Rushmore, un reportage de France 2
- Biographie de Sitting Bull proposée par l’Encyclopédie canadienne
- Sitting-Bull, le héros du désert : scènes de la guerre indienne aux États-Unis, ouvrage de Joseph Bournichon, publié en 1879, en ligne sur Gallica
- Biographie de Sitting Bull sur ce site dédié aux peuples amérindiens
- "Votre esprit de rapacité vous fera disparaître" : pourquoi il faut lire la lettre (écrite en 1886) de Sitting Bull au Président des Etats-Unis, à lire sur le blog du journaliste Jacques Tiberi, Escape the city
- La deuxième tombe de Sitting Bull, article de Thomas Grillot, paru dans Annales (n°1, 2013)
- La culture lakota sur le site de l’école indienne St. Joseph du Dakota
- Black Elk & Sitting Bull : le discours ethnocide des propagandes, communication de Frédéric Dorel au colloque Paroles de vainqueurs, paroles de vaincus (Université de Nantes, 2005)
- La bataille de Little Big Horn racontée par le site Peuples amérindiens
- Recueil de documents d’époque sur le Wild West Show, en ligne sur Gallica
- De mémoire vulnérable : le massacre des Sioux dans "Tristesse de la terre"d’Éric Vuillard, article de Barnabé Wesley, publié dans Elfe XX-XXI (n°9, 2020)
Samedi prochain, Toute une vie vous brossera le portrait de Pierre Troigros (1928-2020), le célèbre chef étoilé. Un documentaire de Virginie Bloch-Lainé, réalisé par Marie Plaçais.
L'équipe
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