A Rome, Elon Musk se fait le porte-voix de l'extrême droite

Le milliardaire était l'invité d'honneur de la fête annuelle du parti de la Première ministre italienne Giorgia Meloni. L'occasion de mettre en garde contre la crise de la dénatalité ou le wokisme. Et de se faire une nouvelle fois le porte-voix des idées portées par l'extrême droite.

Elon Musk avec son fil sur les épaules à la fête du parti italien d'extrême droite Fratelli d'Italia, le 16 décembre 2023. (Keystone / AP / Alessandra Tarantino)
Elon Musk avec son fil sur les épaules à la fête du parti italien d'extrême droite Fratelli d'Italia, le 16 décembre 2023. (Keystone / AP / Alessandra Tarantino)

C’était l’invité star de l’événement. Samedi 16 décembre, le milliardaire Elon Musk est monté sur la scène du festival «Atreju», la fête annuelle à Rome des jeunes militants de Fratelli d'Italia, le parti de la Première ministre italienne Giorgia Meloni. Un an après la montée au pouvoir de la leader d’extrême droite, l’événement était particulièrement attendu. Et le parti s’est payé un invité de marque.

Pendant quatre jours, cette grande kermesse – qui emprunte son nom au héros du roman fantastique «L’histoire sans fin» – réunit des personnalités politiques, des sportifs et des journalistes. Cette année, le Premier ministre conservateur britannique Rishi Sunak et le leader de Vox, l’extrême droite espagnole, Santiago Abascal étaient aussi sur la liste des invités.

Pourquoi c’est important? Dans le monde de la droite conservatrice radicale, Elon Musk est un personnage «prestigieux», observe Fabio Chiusi, journaliste et auteur de «L’uomo che vuole risolvere il futuro», un ouvrage dans lequel il livre une analyse de la pensée du patron de Tesla et SpaceX.

Il partage avec l’extrême droite «l’idée d’une liberté d’expression [absolue], la bataille contre la crise démographique et contre le wokisme», continue le journaliste. Créé à partir du mot anglais woke (éveillé), ce terme a été galvaudé depuis quelques années par des courants de droite conservatrice pour décrédibiliser les militants de gauche.

Et peu importe si le patron de Tesla et SpaceX prospère avec les voitures électriques détestées par Matteo Salvini, chef de la Lega, ou s’il est en faveur de la gestation pour autrui que Giorgia Meloni tient en horreur. L’extrême droite évite les sujets qui fâchent. Et pour le reste, elle «peut dire que ses idées sont partagées par celui qui change le monde», commente Fabio Chiusi.

La survie de l’humanité. C’est qu’Elon Musk en est convaincu: le politiquement correct, la dénatalité ou encore un certain usage de l’intelligence artificielle mettent en péril le futur de l’humanité. Et la vision politique incarnée par les partis conservateurs, comme Fratelli d'Italia, peut en assurer la survie.

«Il faut faire plus d’Italiens pour sauver la culture d’Italie». Elon Musk

Samedi, c’est donc avec l’un de ses onze enfants dans les bras qu’il s’est présenté devant le public italien. «Faire des enfants permet de créer une nouvelle génération. Et il n’y en aura pas si les gens ne font pas d’enfants», a-t-il déclaré depuis la scène du Château Saint-Ange, à Rome, provoquant une vague d’applaudissements. En 2022, l’Italie a atteint un record historique en descendant sous la barre des 400'000 naissances. Un an après son arrivée au pouvoir, Giorgia Meloni assurait avoir fait de la dénatalité une «priorité absolue».

Et à l’instar de la Première ministre italienne, Elon Musk estime que l’immigration n’est pas une solution à la crise démographique. «Il faut faire plus d’Italiens pour sauver la culture d’Italie», a-t-il insisté.

Ensuite, le milliardaire a mis en garde contre le «virus de l’esprit woke» qui, selon lui, s’empare des États-Unis et bientôt de l’Italie. Avant de ravir son audience en affirmant que «le changement climatique ne constitue pas une menace si grave à court terme». Et s’il a assuré être «écologiste», il estime qu’il n’est pas possible de «se passer du pétrole et des énergies fossiles dans un avenir immédiat».

Un porte-voix des droites conservatrices et radicales. Ce n’est pas la première fois qu’Elon Musk s’affiche aux côtés de responsables politiques de droite conservatrice. En juin, il avait d’ailleurs déjà rencontré la Première ministre italienne, mais aucun détail n’avait filtré de leur entretien.

Début novembre, il avait été interviewé par le Premier ministre britannique en personne, sur la réglementation, les risques et les opportunités de l’IA, à l’occasion d’un grand sommet sur le sujet. Un entretien que la presse britannique avait qualifié de «gênant». Considéré par beaucoup comme un «gourou», Elon Musk est traité comme «un chef d’Etat» sauf que le milliardaire ne sert que ses intérêts, observe Fabio Chiusi. Contrairement aux politiques, «la Constitution ne l’oblige pas à servir les intérêts de la collectivité», continue-t-il.

Outre-Atlantique, Elon Musk a également exprimé son soutien au nouveau président argentin Javier Milei. «La prospérité est sur le point d'arriver en Argentine», a-t-il écrit après sa victoire le 19 novembre.

Enfin, c’est lui qui a permis à Donald Trump de faire son grand retour sur le réseau X (ex-Twitter), dont il avait été banni juste après les violents affrontements du Capitole, en janvier 2021. Selon Le Monde, «Elon Musk a dérivé vers une haine des démocrates et des progressistes et se trouve désormais aux confins de l’extrême droite complotiste et antisémite».

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