Afghanistan : le désespoir des enfants affamés et des veuves qui ne peuvent travailler sous le joug taliban

Sohaila, une veuve, mère de six enfants, donne souvent du thé à sa fille de 15 mois car elle n'a rien de plus nutritif à lui donner, explique la BBC - BBC/AAMIR PEERZADA
Sohaila, une veuve, mère de six enfants, donne souvent du thé à sa fille de 15 mois car elle n'a rien de plus nutritif à lui donner, explique la BBC - BBC/AAMIR PEERZADA
Sohaila, une veuve, mère de six enfants, donne souvent du thé à sa fille de 15 mois car elle n'a rien de plus nutritif à lui donner, explique la BBC - BBC/AAMIR PEERZADA
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La BBC montre le désespoir de veuves en Afghanistan qui n'ont pas le droit de travailler en dehors de chez elles, sous le joug des talibans. Sans salaire ni aide internationale, ces femmes ne peuvent se nourrir, avec leur famille. Un enfant afghan sur trois commencera 2024 en état de faim critique.

"La dernière fois que j'ai pu acheter du lait pour mon bébé, c'était il y a deux mois. Là, je remplis son biberon avec du thé. Ou bien, je fais tremper du pain dans du thé et je le lui donne ensuite", confie à la  BBC Sohaila, assise sur le sol de sa maison en briques, sur une colline à l'est de Kaboul. Cette femme et ses six enfants font partie des dix millions de personnes qui ont cessé de recevoir une aide du PAM, le Programme alimentaire mondial des Nations unies. "C'est un coup dur, en particulier pour les deux millions de foyers dirigés par des femmes en Afghanistan", souligne la BBC. Dans un pays où la majorité des trente-neuf millions d'habitants vivent avec moins de deux dollars par jour, les veuves afghanes n'ont pas le droit de travailler en dehors de chez elles, sous le joug des talibans. Sans salaire, impossible de nourrir leur famille. Le PAM affirme ne pouvoir fournir des vivres, - farine, huile, haricots, notamment -, qu'à trois millions de personnes, soit moins d'un quart de celles qui souffrent d'une faim aiguë dans le pays dirigé par les talibans, rapporte la radiotélévision publique britannique.

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Des enfants drogués pour ne pas se réveiller la nuit, à cause de la faim : "Il y a des soirs, où mes enfants s'endorment affamés", raconte encore Sohaila, à la BBC. "Si un voisin apporte de la nourriture, les enfants se bousculent, et je dois les calmer, le temps de partage ce qu'on nous apporte." Mais pour calmer la petite dernière, qui a quinze mois 
et qui se réveille, parfois la nuit, en pleurant de faim, Sohaila explique qu'elle lui donne des "médicaments" pour dormir. Il s'agit d'antihistaminique, précise la BBC, l'effet sédatif est secondaire. Mais des médecins ont livré leurs craintes à la radiotélévision publique britannique, de voir des complications telles que des détresses respiratoires chez des enfants affamés, à qui les parents administrent des tranquillisants ou des antidépresseurs.

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Depuis le retour des talibans, la faim progresse

Le système de santé et l'économie afghane sont exsangues, depuis la reprise du pouvoir par les talibans en 2021 : Le seul hôpital pour enfants du pays, à Kaboul, qui a dû réduire les salaires du personnel soignant, est contraint de mettre plus d'un enfant par lit, tant le service de malnutrition est surchargé, rapporte la  BBC. Dans un coin, Sumaya est assise, bien droite. À 14 mois, elle pèse autant qu'un nouveau-né, son petit visage est émacié, ridé comme celui d'une personne beaucoup plus âgée. À côté d'elle se trouve Mohammad, qui pèse la moitié du poids normal d'un enfant de 18 mois.

Une femme afghane traverse une route à Kandahar, le 17 décembre 2023.
Une femme afghane traverse une route à Kandahar, le 17 décembre 2023.
© AFP - SANAULLAH SEIAM / AFP

Un porte-parole du gouvernement taliban rejette toute responsabilité : quand la journaliste de la  BBC l'interroge, ce principal porte-parole des talibans affirme que l'aide internationale s'est réduite à cause du Covid-19 et de la guerre en Ukraine, mais il nie tout besoin de réforme face à des donateurs qui refusent de donner de l'argent à un pays où les droits des femmes sont bafoués. "Les Afghans ont déjà fait de grands sacrifices dans le passé pour protéger nos valeurs", a-t-il déclaré à la BBC. La journaliste pense que ces paroles "n'apporteront pas de réconfort à beaucoup d’Afghans". Près de 90 % des Afghans n'ont pas assez à manger, indique la radiotélévision publique britannique. Les deux tiers des habitants du pays ne savent pas de quoi sera fait leur prochain repas. Ou même s'il y en aura : un tiers des enfants en Afghanistan, soit 8 millions d'enfants, commenceront l'année 2024 sur un niveau de faim critique, souligne  The New Arab, site d'information panarabe basé à Londres, alors que l'hiver de plus en plus glacial menace des communautés déjà éprouvées par la sécheresse, des tremblements de terre et des difficultés économiques tenaces, rappelle aussi l'ONG Save the Children.

Carte du monde montrant les pays en situation de grave insécurité alimentaire, selon la FAO et le Programme alimentaire mondial des Nations unies (29/05/2023)
Carte du monde montrant les pays en situation de grave insécurité alimentaire, selon la FAO et le Programme alimentaire mondial des Nations unies (29/05/2023)
© AFP - Sabrina BLANCHARD / AFP
La Suite dans les idées
48 min

États-Unis : le gouverneur du Texas signe une loi criminalisant "l'entrée illégale" de migrants

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Aux États-Unis, le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, a signé lundi une loi controversée criminalisant l'entrée illégale dans cet État du Sud, frontalier du Mexique, une prérogative en principe réservée aux autorités fédérales, indiquent le quotidien texan  Houston Chronicle et le journal mexicain  El Universal. Greg Abbott, partisan déclaré de Donald Trump, accuse l'administration du président démocrate Joe Biden d'"inaction délibérée" face à l'immigration clandestine. Entouré de dizaines de représentants des forces de l'ordre et de panneaux indiquant, en anglais et en espagnol : "Attention ! Il est interdit de traverser ici", le gouverneur du Texas a symboliquement signé cette loi à Brownswille, devant un pan du mur à la frontière avec le Mexique, projet phare de l'ex-président républicain, note le  New York Times. La presse américaine voit donc se profiler une bataille judiciaire, avant le mois de mars, date prévue de la mise en œuvre de la nouvelle législation texane. Qu'importe, le gouverneur républicain Greg Abbott accuse le président démocrate Joe Biden d'"inaction délibérée", face à l'immigration clandestine.

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À un an de la présidentielle aux États-Unis, le camp républicain lance donc un nouveau défi à l'administration Biden, alors que la bataille budgétaire fait toujours rage, au Congrès : la droite veut davantage de moyens pour lutter contre l'immigration clandestine, condition sine qua non, dit-elle, pour de nouvelles aides militaires à l'Ukraine, à Israël ou Taïwan, rappellent le New York Times et le  Washington Post. Les négociations s'enlisent et le quotidien se demande si les discussions ne vont pas reprendre après les vacances parlementaires, le 8 janvier. Le chef du Sénat américain, le démocrate Chuck Schumer, a déclaré, lundi, dans une allocution notamment reprise par CBS News, "tout le monde sait qu'il faut faire quelque chose pour réparer notre système d'immigration défaillant, mais nous ne pouvons pas le faire en compromettant nos valeurs. Les deux camps devront accepter de faire des concessions et il faudra encore du temps pour y parvenir". Mais pendant que le Sénat débattait, poursuit  CBS News, l'Ukraine, elle, a dit qu'elle devait réduire ses opérations militaires contre la Russie. Elle manque de munitions, détaille la  BBC, faute d'aides supplémentaires venues de ses alliés, américain ou européen.

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De nouveaux flux migratoires à l'ouest du Texas, en Arizona et en Californie : le  Wall Street Journal et la chaîne  ABC News racontent comment des passeurs, - membres des cartels mexicains -, font entrer de plus en plus de migrants plus à l'ouest du Texas, là où la police des frontières est moins présente, en Arizona et en Californie. Des campements de fortune se dressent en plein milieu du désert, sans eau ni nourriture suffisante pour des hommes, femmes et enfants qui sont jusqu'à 800, par exemple, à Jacumba, en Californie. Parmi ces exilés, venus de Chine, Turquie, Afghanistan, Colombie, Équateur ou encore du Pérou, les plus chanceux dorment sous des tentes, la plupart dorment sur le sable ou le gravier, avec leurs sacs à dos comme oreiller, rapporte la chaîne ABC News. La nuit, alors que la température descend à 4 degrés, des familles cherchent des broussailles ou du bois, pour allumer des feux et se réchauffer. Les candidats à l'exil, comme cet adolescent africain venu à la rencontre d' ABC News, doivent souvent attendre pendant des jours avant d'être pris en charge par les services d'immigration.

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