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Lucas, 25 ans, meurt d'une septicémie après 10 heures passées aux urgences d'Hyères, sa famille porte plainte

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Dans le Var, un jeune homme de 25 ans est mort d'une septicémie fin septembre dernier à l'hôpital, révèle Mediapart. Il a passé près d'une dizaine d'heures à agoniser dans les couloirs des urgences d'Hyères. Sa famille porte plainte contre l'établissement et contre X pour "homicide involontaire".

Lucas, originaire de Beausset, est mort fin septembre à l'hôpital d'Hyères après avoir dû patienter plusieurs heures. Sa famille a déposé plainte. Lucas, originaire de Beausset, est mort fin septembre à l'hôpital d'Hyères après avoir dû patienter plusieurs heures. Sa famille a déposé plainte.
Lucas, originaire de Beausset, est mort fin septembre à l'hôpital d'Hyères après avoir dû patienter plusieurs heures. Sa famille a déposé plainte. - DR

C'est une histoire qui remonte à la nuit du 30 septembre au 1er octobre, dans le Var. Lucas, 25 ans et originaire du Beausset, est mort après avoir passé une dizaine d'heures dans les couloirs des urgences d'Hyères, révèlent nos confrères de Mediapart.

Pris de crampes d'estomac, de diarrhées et de vomissements dans l'après-midi, sa petite amie appelle SOS Médecins. Ne voyant pas arriver les médecins, elle appelle le Samu qui questionnera longuement Lucas. Alertés par son état de santé, ils décident d'envoyer l'ambulance des pompiers qui le conduiront à l'hôpital, où il décédera vers 2h du matin d'un choc septique.

La famille porte plainte

Cinq membres de sa famille ont déposé plainte, la semaine dernière, devant le tribunal de Toulon pour "homicide involontaire" contre l'hôpital de Hyères et contre X. Contactée par France Bleu Provence, la direction de l'établissement n'a pas donné suite à nos sollicitations. Sa maman, Corinne Godefroy, est l'invitée France Bleu Provence ce mardi matin à 7h45.

"Il y a eu beaucoup de négligences dans cette histoire", assure l'avocat de la famille

Entre le moment où Lucas est admis (16 heures) et celui où il succombe d'une infection méningocoque (2 heures du matin), il échange régulièrement avec sa maman, au sujet de ses douleurs (aux côtes, aux poumons, mais aussi de la fièvre). Le jeune homme va passer par tous les états : des lèvres qui deviennent bleues, un rythme cardiaque anormalement élevé, une respiration difficile. Malgré cela, une prise de sang est réalisée deux heures et demie après son arrivée.

Pour Maître Thomas Callen, avocat de la famille contacté par France Bleu Provence, de nombreuses erreurs de jugement de la part de l'hôpital vont s'enchaîner : "Il y a eu beaucoup de négligences dans cette histoire : on retranscrit mal le rapport des pompiers, on oublie la moitié des choses. Ensuite, personne ne s'occupe pas de lui. On le met sur un brancard dans un couloir, il a mal, on l'ignore et c'est dans l'indifférence absolue qu'on lui laisse vivre son calvaire."

L'avocat de Lucas dénonce une série de négligences de la part de l'hôpital d'Hyères.
L'avocat de Lucas dénonce une série de négligences de la part de l'hôpital d'Hyères. - DR

Les analyses de la prise de sang arrivent quelques heures après et prouvent que son état s'aggrave de minute en minute, qu'il est victime d'une infection bactérienne sérieuse. Me Callen dénonce également l'analyse très sommaire de l'un des médecins de l'hôpital : "On ne lui donne le droit de voir un médecin que quatre heures après son arrivée. Ce dernier va l'ausculter une poignée de secondes en s'interrogeant s'il n'a pas fumé, car il a des dreadlocks. Deux heures avant sa mort, un médecin va même mettre dans son dossier médical que la situation à l'hôpital est telle que les gens sont en danger de mort et qu'on ne peut pas s'occuper d'eux."

Sa famille ne le verra pas mourir, mais échange avec lui par SMS lors de son agonie

Aux alentours de 21 heures 30, Lucas fait un malaise vagal. Un témoin de la scène raconte que deux infirmières "sont passées devant lui sans le regarder". "Ce témoin d'infortune partageait le couloir et le brancard d'à côté. Le lendemain des faits, il va écrire des lettres pour dénoncer ce qu'il s'est passé", précise l'avocat de la famille. Et pour cause, l'homme adressera ses courriers au ministre de la Santé, à l'ARS Paca (Agence régionale de santé), au préfet du Var et au procureur de Toulon. Sa famille est interdite d'accès aux urgences : elle assistera donc à distance, impuissante, à la mort de Lucas, sans pouvoir être auprès de lui pendant son agonie.

Sa mère l'attendra toute la nuit sur le parking de l'hôpital, "elle n'a jamais vu son fils vivant ce jour-là, mais elle a pu correspondre avec lui. Grâce à ces échanges, on a pu retracer les dernières heures de Lucas", ajoute M. Callen. Il recevra des antibiotiques vers 23 heures, mais son état empire et le jeune homme fait plusieurs arrêts cardiaques. Malgré un interminable massage cardiaque, Lucas mourra, dans le coma, vers 2 heures du matin.

La direction de l'hôpital collaborera "pleinement" à l'enquête

Contactée par France Bleu Provence, la direction de l'hôpital réagit par un communiqué écrit, affirmant que "dans le cadre de la plainte déposée, nous collaborerons pleinement à l’enquête menée par l’autorité compétente". cependant, "en raison du secret médical, la direction de l’établissement n’est pas autorisée à divulguer les détails du dossier du patient". L'hôpital s'associe aussi "à l’émotion qu’a suscité ce décès auprès de la famille" et explique lu iavoir présenté ses "sincères condoléances".

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