François, menacé de mort par une élève sur TikTok : "Je suis enseignant, pas gardien de prison"

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François, menacé de mort par une élève sur TikTok : "Je suis enseignant, pas gardien de prison"

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L'Autonome de Solidarité laïque, a recensé une hausse des dossiers d'agressions en 2022 (photo d'illustration)
L'Autonome de Solidarité laïque, a recensé une hausse des dossiers d'agressions en 2022 (photo d'illustration)
© AFP - MARTIN BUREAU

Alors que le monde enseignant fait face à une série de menaces et d'agressions visant des professeurs, France Inter a recueilli le témoignage de François. Il a été menacé de mort sur TikTok par une élève qu'il avait sanctionnée. L'occasion aussi de faire le point sur le nombre d'agressions.

Une collégienne armée d'un couteau qui a menacé sa professeure à Rennes, un lycéen interpellé dimanche après des menaces de mort contre son professeur de mathématiques dans les Yvelines... Les exemples de menaces et de violences envers des enseignants se multiplient, et interpellent, surtout depuis  l'assassinat de Dominique Bernard à Arras, dans le Pas-de-Calais le 13 octobre dernier.

France Inter a pu rencontrer François (prénom d'emprunt), un enseignant du second degré qui a lui aussi été récemment menacé. Au mois de novembre, l'une de ses élèves, qui avait reçu une sanction de sa part, a publié une vidéo sur TikTok "dans laquelle elle invitait ses camarades à me planter", raconte-t-il.

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"Je jette toujours un regard derrière moi quand j'entre au collège"

"Quand je l'ai appris ça m'a fait un choc. Je suis enseignant, je ne suis pas gardien de prison ou un métier considéré comme "à risque" en théorie. J'ai l'impression que ce qui m'est arrivé n'est pas un cas isolé", poursuit-il. Il a immédiatement porté plainte et se dit "soutenu par sa direction" qui, avec la vie scolaire "sont passées dans toutes les classes afin de sensibiliser les élèves à l'usage des réseaux sociaux".

L'élève autrice de la vidéo en question a été exclue de manière définitive, avec interdiction de se présenter dans et aux abords de l'établissement scolaire. "Aujourd'hui, je me sens relativement bien, mais j'y pense relativement souvent malgré tout", explique l'enseignant. Même s'il essaie de ne pas changer ses habitudes depuis cette menace, il reconnait qu'il "jette toujours un regard" derrière lui en arrivant au collège, qu'il a activé l'alarme sur sa voiture et qu'il fait toujours un tour de son véhicule avant de rentrer dedans.

Que disent les chiffres ?

Existe-t-il vraiment une recrudescence des agressions envers les professeurs ? Les chefs d'établissements doivent faire remonter au ministère chaque mois tous les faits graves qui concernent aussi bien les élèves que les personnels. Mais les données publiées ne permettent pas de mesurer spécifiquement l'évolution des violences à l'égard des professeurs. En revanche, une association indépendante, l'Autonome de Solidarité laïque, qui propose un accompagnement juridique aux personnels de l'éducation face aux risques du métier, publie chaque année un baromètre. Un recensement des dossiers traités par l'association, à laquelle un enseignant sur deux adhère. "Le nombre de dossiers ouverts par L’ASL reste constant" entre 2021 et 2022, indique le baromètre.

Dans le détail, les insultes et les menaces à l'égard des professeurs représentent un tiers des faits, un autre tiers correspond à des diffamations. Et un peu moins de 10% des dossiers concerne des agressions : menaces de mort, violences physiques. Un chiffre en hausse de deux points par rapport à l'année 2021 alors qu'il était stable sur les cinq précédentes années. Concernant les agresseurs, 45% des sont des parents, 39% des élèves. Les agressions physiques sont plus fréquentes dans les collèges et lycées. Et 20% de ces cas sont liés à des élèves qui ont des troubles du comportement.

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