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INFO RTL - Mort de Nahel : ces nouveaux éléments qui remettent en cause la version du policier

Dans le dossier Nahel, ce jeune homme de 17 ans tué le 27 juin dernier à Nanterre après un refus d'obtempérer, RTL a pu consulter les derniers éléments de l'information judiciaire. Dans le rapport de l'IGPN versé au dossier mi-novembre comme dans les investigations des magistrats instructeurs, apparaissent trois points saillants : la trajectoire de la Mercedes, des coups de crosse donnés à Nahel par Florian M., allégués par des témoins et déclarés compatibles avec le rapport d'autopsie, et des menaces de mort des policiers, entendues par plusieurs témoins de la scène interrogés.

A l'endroit du décès de Nahel des habitants laissent des fleurs, à Nanterre.
A l'endroit du décès de Nahel des habitants laissent des fleurs, à Nanterre.
Crédit : RTL
INFO RTL - Mort de Nahel : ces nouveaux éléments qui remettent en cause la version du policier
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Plana Radenovic
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C'est l'une des questions cruciales dans cette affaire. La Mercedes que conduisait Nahel, tué le 27 juin dernier à Nanterre après un refus d'obtempérer, menaçait-elle le policier mis en examen lorsqu'elle redémarre juste avant le tir ? "On ne voit à aucun moment le véhicule dévier sur la gauche au moment où il redémarre", affirment les juges d'instruction de Nanterre Laurent Martello et Anne Haller dans une question posée à Florian M., le policier de 38 ans mis en examen pour homicide volontaire, lors de son premier interrogatoire au fond le 9 novembre dernier. 

C'est un point majeur car cela signifie que, selon les dernières investigations, Florian M., au moment où il tire juste après le redémarrage de la Mercedes immatriculée en Pologne, à Nanterre en cette matinée du 27 juin, n'est pas directement menacé. Il se trouve alors à gauche du véhicule, entre la voiture et un muret, dans un espace certes restreint d'une quarantaine de centimètres. Il peut reculer tandis que, comme le démontre l'analyse de l'IGPN sur les deux vidéos versées au dossier, la Mercedes jaune continuait tout droit. Le collègue de Florian M., placé sous le statut de témoin assisté pour complicité de meurtre, lui, explique avoir vu Nahel placer sa main gauche sur le volant, comme pour braquer dans ce sens. "J'ai eu peur qu'il fasse une embardée sur la gauche et qu'il nous coince contre le mur, dit-il lors de la confrontation avec Florian M... La voiture, c'est une arme par destination."

Dans tous les cas, les éléments de la fiche Pégase, le rapport d'intervention rédigé juste après les faits, semblent faux. Les policiers y précisaient que la Mercedes leur "fonçait dessus" au moment du tir. 

Florian M. a-t-il donné des coups à Nahel ?

Cinq témoins l'évoquent (les deux passagers de la voiture, mais aussi trois témoins directs qui ne connaissaient pas du tout Nahel), et le rapport de l'IGPN, versé au dossier mi-novembre le reprend, comme les juges d'instruction dans le dernier interrogatoire. Florian aurait, selon ces témoignages circonstanciés, frappé le jeune homme à la tête, au-dessus de l'oreille gauche et au nez notamment, au moyen de la crosse de son arme. 

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Une témoin, celle qui a filmé la vidéo de 40 secondes publiée sur les réseaux sociaux, dit aux enquêteurs avoir "écrit sur [son] téléphone, pour [se] souvenir". Évoquant Florian M., elle décrit : "Ce policier a commencé à taper directement le jeune conducteur à la tête avec la main droite. Je ne sais pas avec quoi il a frappé, mais c'était avec la main droite. [...] Je l'ai vu faire le geste plusieurs fois." Un autre témoin, celui qui a filmé la courte vidéo de 6 secondes diffusée sur les réseaux sociaux et versée au dossier également, affirme : "Il y avait un policier qui mettait des coups au conducteur avec son arme."

Un chauffeur de VTC interrogé par les enquêteurs, déclare que "le policier met deux coups de crosse dans la tête du conducteur, côté gauche au-dessus de l'oreille". Selon lui, Nahel semble "se protéger avec ses mains". Les deux passagers de la Mercedes, eux, évoquent, eux, "deux coups de crosse sur la tête de Nahel". Ils évoquent ce point devant l'IGPN, mais ne l'avaient pas fait devant les policiers lors de leurs premières auditions. Selon le jeune homme assis à la place du passager devant, Nahel est frappé d'un "troisième coup de crosse", il essaie de se protéger, le coup est alors détourné et la crosse heurte son nez. Ce qui explique que sa mère l'ait trouvé "défiguré", comme elle le décrit lors de sa première audition de partie civile devant le juge d'instruction.

D'après les magistrats, les coups portés peuvent être corroborés par le rapport d'autopsie qui fait état de "deux ecchymoses au bras gauche" pouvant être interprétées comme des lésions de défense, selon l'analyse des magistrats. Florian M., lui, répète aux juges d'instruction qu'il n'a "porté aucun coup" à Nahel. Il admet en revanche avoir frappé le pare-brise avec son arme "afin d'attirer l'attention du conducteur". Pressé par les questions du juge d'instruction, il finit par dire : "L'arme était dure et c'est possible qu'il se soit heurté les bras."

Quels sont les propos tenus par les deux policiers ? Ont-ils dit "balle dans la tête" et "shoote-le" ?

Ce point est capital parce que si c'est établi, cela constitue des menaces de mort. Le deuxième policier, placé sous le statut de témoin assisté, risque alors une mise en examen pour complicité de meurtre. Plusieurs témoins disent avoir entendu "balle dans la tête", et "shoote-le". "SHOOTE", c'est même le seul mot qu'un Gallois qui se trouvait dans un Uber, auditionné récemment, dit avoir compris. Florian M. nie avoir prononcé ou entendu ces mots, il assure avoir crié "Coupe-le", en référence au moteur. Son collègue, lui, reconnaît devant les juges d'instruction entendre dans l'une des vidéos versées au dossier les mots "balle dans la tête"... mais il affirme aussi que ce n'est pas lui qui l'a dit. "C'est pas moi qui ai dit ce qui a été dit sur la vidéo, dit-il lors de sa deuxième audition devant l'IGPN. C'est moi qui lui demande de couper. Ensuite ce n'est pas moi." En creux donc, il laisse ouverte la possibilité que ce soit son collègue. 

L'exploitation vidéo de l'IGPN, elle, met en avant que "une balle dans la tête" est prononcé à "deux reprises", et que les autres mots prononcés sont "Coupe! Coupe!" et non "shoote!". Autant dire que l'expertise sonore des vidéos par l'IRCGN (l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) est très attendue. Elle doit être rendue ces prochaines semaines.

Contactés, Me Nabil Boudi, nouvel avocat de la mère de Nahel, et Me Laurent-Frank Liénard, conseil de Florian M., n'ont pas souhaité réagir.

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