Nouveaux bombardements autour d’Alep : “Se venger sur les civils, c’est typique du régime d’Assad”

Il est cinq heures de l’après-midi ce 17 décembre quand les premiers bombardements commencent à se faire entendre dans la ville de Darrat Azza, une localité située à l’est d’Alep qui échappe au contrôle du régime syrien.

Parmi les bâtiments touchés, une station-service ainsi que des commerces ont été pris pour cible.

“À cause de l’intensité des frappes, nos équipes n’ont pas pu se déplacer rapidement pour secourir les blessés”

Cinq personnes ont trouvé la mort dans ces bombardements, tous des civils. Parmi les victimes, une femme enceinte de jumeaux. Sur place, un membre du groupe de secouristes des Casques blancs syriens qui a demandé l’anonymat, explique comment se sont déroulés les bombardements.

 La femme enceinte est morte à l’est de la ville. Elle était dans une voiture accompagnée d’un autre homme au moment de la frappe. Les éclats provenant des munitions ont touché l’habitacle du véhicule et les deux passagers sont morts sur le coup (...) Ce jour là, aucune cible à caractère militaire n’a été touchée. Comme d’habitude, ils bombardent la ville de façon aléatoire.

Selon les Casques blancs, cinq blessés ont été hospitalisés et seraient encore dans un état critique.

“Ici, aucun toit et aucun mur ne peuvent nous protèger”

Mazen (pseudonyme), un habitant de Darra Azza dont le prénom a été modifié, a été forcé de quitter sa maison avec sa famille :

“Nous avons dû partir pendant quatre heures. Grâce à Dieu, nous sommes vivants mais c’était une journée horrible pour nous les habitants de Darrat Azza. Cela arrive tous les jours mais ce n’est pas pour cela que c’est normal de cibler les civils. Ici, aucun toit et aucun mur ne peuvent nous protéger".

“Avec ce bombardement, les soldats d’Assad se vengent contre les civils”

Selon le spécialiste du conflit syrien qui publie sur X (ex-Twitter) sous le nom de QalaatM, ce bombardement serait une réponse au raid des troupes rebelles sur la ville de Latakia.

 C’est typique des forces d’Assad, ils se vengent sur les civils en bombardant au hasard des villes avec de l'artillerie lourde, dans l'espoir de faire pression sur les rebelles pour qu'ils arrêtent ces raids. Par exemple, suite à l'attaque du collège militaire de Homs par les rebelles en octobre dernier, Darra Azza a été très intensivement bombardée en représailles.

La ville de Darra Azza est proche du front, il s’agit d’une des agglomérations sous contrôle rebelle les plus proches des troupes du régime. D'après le membre des Casques blancs que nous avons contacté, l’endroit - bien que souvent bombardé - a été particulièrement touché ce dimanche :

La ville a été bombardée intensivement en octobre. Le régime cible Darra Azza presque chaque jour. Certaines roquettes atterrissent dans la ville, d’autres en périphérie, il règne une atmosphère constante d’anxiété et de peur. Mais ce dimanche, les frappes ont été plus fortes que d’habitude.

Sur la carte ci-dessous, on voit que la ville de Darra Azza entourée en rose n’est située qu'à quelques kilomètres de la ville d’Alep, qui est entourée en vert. Si la majorité des tirs du régime de Bachar al-Assad se concentre essentiellement sur la ville d’Idleb, considérée comme la capitale de la rébellion syrienne, Darra Azza également fréquemment bombardée.

Selon l’expert QalaatM, les principales munitions qui auraient été tirées sur la ville seraient des roquettes de type Grad de fabrication russe.

Au total, 40 projectiles et roquettes se sont abattus en une heure et trente minutes sur la ville de Darra Azza.