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États-Unis-VenezuelaÉchange de prisonniers entre Washington et Caracas

Nicolás Maduro accueille l’homme d’affaires Alex Saab à son arrivée à Caracas le 20 décembre 2023.

Les États-Unis ont annoncé mercredi la libération de dix Américains détenus au Venezuela, en échange de laquelle Joe Biden a gracié Alex Saab, un proche du président vénézuélien Nicolás Maduro, accusé de lourdes malversations par la justice américaine.

Le gouvernement vénézuélien a fait part dans un communiqué de sa «liesse» après la libération du «diplomate Alex Saab, injustement détenu dans une prison américaine», et a jugé qu’il s’agissait d’une «victoire». L’arrivée de l’homme d’affaires à Caracas a été retransmise en direct à la télévision publique vénézuélienne. «Je veux accueillir cet homme courageux (…). Après 1280 jours de séquestration, la vérité a triomphé», a déclaré Nicolás Maduro, qui a accueilli Alex Saab au Palais présidentiel de Caracas.

Le président américain, lui, ne mentionne pas Alex Saab dans son communiqué. Sa libération a été une décision «extrêmement difficile» à prendre, selon une haute responsable de la Maison-Blanche. Joe Biden a indiqué que sur les dix Américains libérés, six étaient détenus par le Venezuela «sans fondement», et il s’est dit «reconnaissant que leur calvaire soit terminé». Le président américain a annoncé par ailleurs que les autorités vénézuéliennes avaient remis aux États-Unis un fugitif, Leonard Francis, impliqué dans un énorme scandale de corruption touchant la marine américaine.

L’accord passé entre les États-Unis et le Venezuela, dans lequel le Qatar a joué un rôle de médiation, voit aussi Caracas libérer au moins 20 prisonniers politiques. Parmi les Vénézuéliens libérés figure un groupe de syndicalistes arrêtés en juillet 2022 lors de manifestations pour des augmentations de salaire. Ils avaient été condamnés à 16 ans de prison lors d’un procès pour «conspiration» et «conspiration en vue de commettre un crime».

Une figure de l’opposition vénézuélienne, Roberto Abdul, accusé de «trahison» et de «conspiration avec une puissance étrangère», a aussi retrouvé la liberté dans le cadre de cet accord.

Détournement

Toute discussion avec le régime de Caracas est politiquement minée pour Joe Biden, que l’opposition républicaine accuse souvent d’être trop indulgent avec le Venezuela.

Alex Saab, considéré comme un proche du président Nicolás Maduro, était détenu aux États-Unis depuis octobre 2021. L’homme, que de nombreux experts considèrent comme la cheville ouvrière des affaires financières du régime de Nicolás Maduro à l’étranger, avait été extradé en octobre 2021 du Cap-Vert vers les États-Unis. D’origine colombienne, il est accusé par la justice américaine d’avoir mis en place un système de détournement de l’aide alimentaire à destination du Venezuela, au profit du dirigeant socialiste et de son gouvernement.

La haute responsable de la Maison-Blanche a défendu la décision de le libérer: «Au fond, ce sont dix Américains et un fugitif échangés contre une personne qui retourne au Venezuela.» Le fugitif en question est l’homme d’affaires malaisien Francis Leonard, surnommé «Fat Leonard», qui a donc été remis aux autorités américaines par Caracas.

Assigné à résidence en Californie, il avait coupé son bracelet électronique et pris la fuite avant d’être arrêté au Venezuela en septembre 2022. Ce sous-traitant militaire avait plaidé coupable en 2015 d’avoir soudoyé des officiers de l’US Navy pour décrocher des contrats pour ses chantiers navals. Il est aussi accusé d’avoir largement surfacturé le travail effectué sur les navires américains.

L’homme a, selon une haute responsable de la Maison-Blanche, offert à ses contacts dans la marine américaine de l’argent liquide, des voyages, les services de prostituées et divers cadeaux tels que «des cigares cubains, du bœuf de Kobé ou des cochons de lait».

Un des hauts responsables américains a assuré qu’il n’avait «jamais été question» d’alléger les sanctions contre le Venezuela lors des discussions sur l’échange de prisonniers. Il a précisé que toute décision concernant les sanctions des États-Unis dépendait de progrès en matière de pluralisme politique au Venezuela. «Il reste beaucoup de travail et de coordination à faire avec toutes les forces en présence au Venezuela pour la tenue d’élections ouvertes en 2024», a dit un autre haut responsable américain.

Il y a eu un réchauffement entre Washington et Caracas ces derniers mois. En octobre, pouvoir et opposition vénézuéliens ont trouvé un accord autorisant la présence d’observateurs internationaux lors de la présidentielle de 2024. Washington avait allégé pour six mois ses sanctions économiques, imposées en 2019 pour tenter d’évincer Nicolás Maduro du pouvoir. Dans la foulée, Caracas avait libéré cinq prisonniers politiques.

AFP