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Corée du Sud: la Cour Suprême déboute la pionnière de #MeToo dans le pays

Corée du Sud: la Cour Suprême déboute la pionnière de #MeToo dans le pays
AFP


La Cour suprême de Corée du Sud a rejeté jeudi la demande de dommages-intérêts de la pionnière du mouvement #MeToo dans le pays, invoquant notamment l'expiration du délai de prescription des faits. 

Âgée aujourd'hui de 50 ans, la magistrate Seo Ji-hyun, accuse publiquement depuis 2018 un ancien supérieur de l'avoir agressée sexuellement lors d'un enterrement auquel ils assistaient tous les deux en 2010.

Les révélations télévisées de Mme Seo ont été un électrochoc en Corée du Sud. De nombreuses femmes du pays ont depuis osé accuser des personnalités masculines du monde des arts, de la politique ou de la religion de violences sexuelles à leur encontre.

Mme Seo avait porté plainte en 2018 pour réclamer 100 millions de wons (environ 70 000 euros) de dommages-intérêts à son ancien supérieur et agresseur présumé, Ahn Tae-geun, procureur à Séoul à l'époque des faits. Elle exigeait aussi des réparations de la part de l'État.

Mais elle avait perdu ses procès en première instance puis en appel, toujours à cause de la prescription des faits.

La justice sud-coréenne n'a pas non plus estimé que la décision d'Ahn Tae-geun de muter Mme Seo à des postes inférieurs après sa plainte initiale en interne contre lui était un acte «nuisible» ou «illégal».

Mme Seo a trouvé la décision de la Cour suprême «honteuse», selon sa réaction publiée jeudi sur Facebook.

«Il est déprimant de constater qu'en 2023 une telle décision puisse être prise», a-t-elle ajouté, disant toutefois avoir la conviction qu'elle sera «inévitablement annulée» un jour.

Ahn Tae-geun avait été condamné en 2019 à deux ans de prison pour abus de pouvoir concernant la mutation de Mme Seo, avant de voir sa condamnation annulée par la Cour suprême l'année suivante.

Il n'a jamais été inculpé concernant l'agression sexuelle présumée, et selon les médias locaux il a depuis rejoint l'un des plus grands cabinets d'avocats du pays, Kim & Chang.

Selon des défenseurs des droits des femmes en Corée du Sud, le cas de Mme Seo est emblématique de la situation de nombreuses femmes dans le pays, bien éduquées et travaillant dur, mais discriminées et harcelées par leurs supérieurs masculins, et frustrées face à la lenteur de l'évolution des mentalités.

«Bien que mon parcours (judiciaire, NDLR) s'achève ici, je suis convaincue que les femmes qui viendront après moi, les nouvelles générations, feront un nouveau pas en avant», a encore déclaré jeudi Mme Seo.

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