Mickey tombe dans le domaine public : comment Disney a essayé pendant 40 ans de reculer cette date

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Mickey tombe dans le domaine public : comment Disney a essayé pendant 40 ans de reculer cette date

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Seule la première version de Mickey Mouse est désormais libre de droit
Seule la première version de Mickey Mouse est désormais libre de droit
© AFP - Robyn Beck

À compter du 1er janvier 2024, le personnage de Mickey Mouse, dans sa version d'origine, ne sera plus protégé par le droit d'auteur américain. Une date qui aurait dû arriver initialement... en 1984, mais que Disney a lutté autant que possible pour prolonger et entourer de garde-fous.

C'est une date hautement symbolique dans le domaine de la propriété intellectuelle : à compter de ce 1er janvier 2024, la petite souris Mickey Mouse, l'un des personnages de fiction les plus connus au monde, tombent dans le domaine public. Plus exactement, ce sont les deux premières occurrences de ce personnage, à savoir deux courts-métrages de 1928, "Steamboat Willie" et "Plane Crazy", qui, 95 ans après leur sortie, tombent dans le domaine public.

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Concrètement, cela signifie que n'importe qui peut désormais créer sa propre version de ces courts-métrages, et surtout, le plus important, reprendre l'un de ses personnages, et notamment Mickey Mouse (ou Minnie Mouse, qui elle aussi faisait sa première apparition) – à la manière par exemple de ce qu'ont fait de nombreux artistes du cinéma d'animation en 2013... sous la houlette de Disney.

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Cette date est à la fois essentiellement symbolique et hautement importante. Symbolique, parce qu'en réalité, il n'y a qu'une infime bribe de ce qu'est Mickey Mouse qui peut être réexploitée. D'abord parce que la marque déposée, elle, reste protégée, empêchant de duper les consommateurs en faisant passer pour un "vrai" Mickey ce qui n'en serait pas un.

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Seule la version ancienne du personnage est protégée

Mais surtout parce que ce ne sont que les versions de 1928 de la souris qui sont concernées par cette arrivée dans le domaine public. Et le Mickey de ces années-là ne ressemble pas exactement à celui qu'on connaît aujourd'hui : en noir et blanc, il n'a pas encore son short rouge, qui n'arrive qu'au milieu des années 30 et surtout il n'a pas de gants blancs, ce qui rendent ses doigts impossibles à distinguer (les gants blancs n'apparaissent qu'en 1929). Dans "Plane Crazy", il a même de gros yeux plus humains que ceux qu'on lui connait.

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Ainsi, toute autre version du personnage, et particulièrement les plus connues, à savoir celle avec short rouge et chaussures jaunes, ou celui que l'on retrouve dans "Fantasia" habillé d'une tunique rouge et avec un chapeau pointu bleu, sous toujours protégés par le droit d'auteur, et ce pour au moins onze ans.

Pour compliquer un peu plus la tâche des créateurs et créatrices qui voudraient réutiliser le Mickey de 1928, Disney a réimaginé un "nouveau" Mickey en 2013.. dont les traits se rapprochent à nouveau de ses versions initiales. Toute création parallèle qui se rapprocherait un peu trop du design actuel en voulant se rapprocher de celui de 1928 serait donc passible de poursuites. Et pour couronner le tout, Disney a fait de la scène d'introduction de "Steamboat Willie" (la plus connue, dans laquelle la souris sifflote en pilotant un bateau) le logo animé de son studio d'animation, histoire de protéger encore mieux cette scène.

Des extensions du droit d'auteur sous le lobbying de Disney

Et pourtant... cette date est capitale, car c'est une date que Disney aurait voulu ne jamais voulu voir arriver : lorsque Mickey est né en 1928, la protection du droit d'auteur aux États-Unis durait 56 ans. Autrement dit, Mickey aurait dû tomber dans le domaine public... en 1984. C'était sans compter sur le lobbying actif de Disney sur ce terrain dès les années 70. En 1976, un nouveau texte, le "Copyright Act", étend la protection à 75 ans pour toute création postérieure à 1922.

Si l'on s'en était tenus là, la souris la plus connue au monde aurait donc été libre de droits en 2003. C'est sans compter sur une nouvelle campagne de Disney auprès du Congrès, sous l'impulsion du PDG d'alors, Michael Eisner, connu pour avoir porté sur ses épaules le renouveau de la compagnie dans les années 90. En 1996, le "Copyright Term Extension Act" porte la durée aux 95 ans actuels. Ce texte est même surnommé "Mickey Mouse Protection Act" tant il est lié à l'enjeu des droits autour du dessin de Mickey.

Que faut-il attendre de cette fin du copyright ? On peut tirer des constats d'un précédent : celui de Winnie l'Ourson, personnage tombé dans le domaine public il y a deux ans, mais seulement dans son incarnation "originelle", celle du roman de Alan Alexander Milne, le design du personnage vu par Disney restant quant à lui protégé. On l'a toutefois vu apparaître dans une publicité américaine, dans une comédie musicale à Paris et, plus étonnant, dans un film d'horreur dans lequel le personnage est transformé en ours sanguinaire.

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