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Les premières mesures des maires frontistes

Baisse des impôts, hausse des indemnités, couvre-feu : un mois après le second tour des élections, les onze maires frontistes ont commencé à prendre des mesures. Leur mission : montrer que le parti est capable de gérer des éxecutifs locaux.

Le Monde

Publié le 01 mai 2014 à 14h36, modifié le 19 août 2019 à 14h55

Temps de Lecture 5 min.

Depuis leur élection en avril, Le Monde.fr répertorie les mesures prises par les onze maires soutenus par le Front national. Si certaines mesures nous ont échappé, n’hésitez pas à remplir le formulaire proposé pour nous les signaler.

Un mois après le second tour des élections, les onze maires frontistes ont commencé à prendre des mesures, scrutées à la loupe par leurs administrés et les médias locaux. Leur mission : montrer que le parti est capable de gérer des éxecutifs locaux. Et pour la mener à bien, la direction du parti a fait en sorte que tous suivent scrupuleusement son programme. Ils ont ainsi reçu un petit guide du parfait élu municipal frontiste et leurs premières mesures montrent qu’ils appliquent, pour la plupart d’entre eux, au pied de la lettre les règles édictées par le parti.

Baisse de la pression fiscale et réduction des dépenses

La grande ligne directrice du Front national en matière de fiscalité est de « baisser la pression fiscale ». Marine Le Pen a déclaré le 24 avril qu’il « faut alléger la souffrance des Français face à l'hyper-fiscalité ». Le message est clair : la baisse des impôts est nécessaire. Steeve Briois, élu à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), a immédiatement appliqué la consigne. Une réduction de 10 % de la taxe locale d’habitation est sa grande priorité, même si le manque à gagner pour cette ville très endettée représente 517 000 euros. Et Robert Ménard, lors de son premier conseil municipal, a décidé de baisser les taux d’imposition à Béziers (Hérault) pour la taxe d’habitation et la taxe foncière sur les propriétés bâties et non bâties). Les baisses toucheront aussi Villers-Cotterêts (Aisne) et Beaucaire (Gard).

Pour boucler leurs budgets et compenser ces baisses, ils comptent donc sur la réduction des dépenses de fonctionnement, dont celles des services communaux. A Béziers, le parc automobile réservé aux élus est réduit de moitié, et les indemnités de fonction du maire et des adjoints baissées. A Cogolin (Var) et au Luc (Var), les nouveaux maires n’ont pas fait d’effort sur leurs indemnités : ils ont augmenté leur traitement, au grand étonnement de l’opposition. Le maire de Cogolin se justifie sur Facebook qu’il a effectivement augmenté ses indemnités, mais qu’il a en revanche renoncé à sa voiture de fonction.

Parmi les autres mesures prises pour faire des économies, une allie également un objectif idéologique. Elle consiste, comme l’indique le guide des élus frontistes, à voter « contre toutes les demandes de financement » émanant d’associations « étrangères », « communautaristes », et « politisées (LICRA, MRAP, Ligue des droits de l’homme, SOS Racisme…) ». Steeve Briois a ainsi décidé de fermer le local que la ville prêtait à la Ligue des droits de l’homme (LDH) et de couper leurs subventions ; Cyril Nauth a demandé à baisser les subventions aux associations, dont la LDH, de Mantes-la-Ville. A Villers-Cotterêts, ce sont les associations refusant les adhérents frontistes qui sont touchées, visant notamment le syndicat CGT et la fédération de parents d’élèves FCPE, dont le maire a réclamé la suppression.

La réduction des dépenses ne peut se faire au détriment de la sécurité dans les communes tenues par le Front National. A Béziers, le premier conseil municipal a ainsi prévu d’augmenter le nombre de policiers, et de les armer. Le maire a également instauré un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans. « Par arrêté municipal du 25 avril 2014, j'ai décidé, comme je l'avais annoncé, de prendre des mesures afin de prévenir les risques que les mineurs de moins de 13 ans peuvent encourir en circulant seuls la nuit, » a déclaré M. Ménard dans un communiqué.

Respect de la laïcité et “combat contre le communautarisme”

Dès le premier conseil municipal, il était suggéré au nouveau maire de prononcer quelques mots sur son exigence de respect de la laïcité et sur son refus de toute forme de communautarisme. Ce combat devait par exemple passer, comme l’a répété Marine Le Pen au lendemain des élections municipales, par le fait de garantir des menus avec du porc dans les cantines scolaires. Mais les maires FN sont confrontés à une double difficulté : en réalité seules quelques petites communes proposent des menus de substitution aux enfants qui ne mangent pas de porc, et les onze mairies Front national n’en font pas partie.

Les projets de mosquée dans certaines villes nouvellement frontistes sont également l’occasion de faire des déclarations dans le cadre de leur combat « contre le communautarisme ». A Fréjus, M. Rachline dit attendre la décision sur un recours visant à annuler le permis de construire d'une mosquée pour se prononcer sur celle-ci. A Mantes-la-Ville, le maire souhaite bloquer la création prévue d’une mosquée :  « Nous allons étudier toutes les possibilités juridiques et légales pour que le projet n'aille pas à son terme ». L’ancienne salle de prière qui n’est « pas aux normes » doit être démolie, et pourrait priver les musulmans de la commune de lieu de culte.

D’autres mesures sont plus symboliques. A Fréjus, le drapeau européen n’a pas flotté longtemps au fronton de la mairie. David Rachline ne le jugeant pas « essentiel ». Pas essentielle non plus la commémoration de l’abolition de l’esclavage le 10 mai selon M. Briffaut à Villers-Cotterêts, pourtant ville de naissance d’Alexandre Dumas, fils d’une esclave dominicaine.

Mais les symboles viennent également se mettre sur le chemin des nouveaux édiles. l’opposition s’organise. Des comités citoyens de surveillance et d’action se sont créés à Hénin-Beaumont, Hayange ou au Luc pour observer la démocratie locale. Et les élus des villes jumelées ont annoncé mettre fin à leurs relations avec les maires frontistes. Le bourgmestre d’Arlon, en Belgique, a ainsi annoncé vouloir demander au conseil de « suspendre les relations officielles » avec la commune d’Hayange. C’est le cas également pour les villes jumelées à Beaucaire ou Hénin-Beaumont.

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