Camus, un homme révolté

Camus à la tribune
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Camus, homme révolté - #CulturePrime
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Camus, un homme révolté

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"Je me révolte, donc nous sommes." Il y a 60 ans, Albert Camus mourait dans un accident de voiture. Sa pensée reste aujourd’hui une boussole, un phare.

“Je me révolte, donc nous sommes.” écrit Camus dans L'Homme révolté. L'écrivain, dramaturge, philosophe mourait accidentellement, il y a juste 60 ans. Par sa considération de la justice, de l'amour, de la nuance, sa pensée reste actuelle, et inspire encore des générations de jeunes gens, d'artistes, de philosophes. Voici quelques jalons de son parcours, au regard de l'engagement dont il a fait preuve sa vie durant, toujours en cohérence entre sa vie, sa pensée et son oeuvre. 

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Une "admirable conjonction" entre vie et oeuvre 

Même Sartre, son adversaire, saluait chez lui “l'admirable conjonction d'une personne, d'une action et d'une œuvre”. Face à la “machine à désespérer qu’est la société contemporaine”, Camus nous incite à penser la mesure, le “juste”, lui pour qui il faut toujours privilégier l’humanité, l'amour, la vie. 

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Enfant d’un quartier pauvre d’Alger, Albert Camus fait son éducation au contact du soleil méditerranéen, de la misère ouvrière, et de sa mère, femme de ménage. Fils de la méritocratie française, il dédiera humblement son prix Nobel, des années plus tard, à son professeur, qui a cru en lui.

À 22 ans, par antifascisme, il adhère au PC algérien et y crée une troupe théâtrale : le “Théâtre du Travail”. Deux ans plus tard, il est exclu du parti, et en garde une défiance tenace envers tout endoctrinement. À 24 ans, journaliste, il défie l’administration coloniale en publiant une série de reportages poignants sur la misère et la famine en Kabylie. À 29 ans, il publie le roman L'Étranger et l’essai Le Mythe de Sisyphe, qui le révèlent au public… pour longtemps, comme en témoignent notamment l'interprétation de L'Etranger par le groupe de rock "The Cure" en 1978 avec leur morceau Killing an Arab, ou les hommages répétés du rappeur Abd al-Malik, dans ses essais ou ses pièces de théâtre. 

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Ce qui anime Camus, déjà, c’est l’urgence de témoigner de la condition humaine, sous toutes les formes possibles : journalisme, essai, théâtre, roman, discours...

Rejetant dogme et système, il veut mettre en pratique son idéal humaniste. Avec ses œuvres littéraires suivantes, La Peste, Caligula, L’État de siège ou Les Justes, il questionne l’humain au-delà des idéologies. “C’est tellement plus facile de mourir de ses contradictions que de les vivre” fera-t-il dire à son personnage Dora dans Les Justes.

Un idéal journalistique

En pleine guerre mondiale, il dirige à Paris le journal clandestin Combat, dont il devient le rédacteur en chef en 1944. Ses éditos appellent à la justice plutôt qu’à la vengeance, Il y dénonce l’épuration et ne mentionne pas sa participation à la Résistance par égard pour ses camarades tués. Son idéal journalistique est celui d’une parole engagée qui s’articule autour de quatre grands principes :

  1. la lucidité
  2. le refus de “servir le mensonge”
  3. l’ironie “une arme contre les trop puissants”
  4. l’obstination

“Un journal, c’est la conscience d’une Nation”. Albert Camus

Le combat des idéologies absolues

Dans L’Homme révolté, en 1951, Albert Camus condamne les idéologies absolues et provoque une âpre polémique avec Sartre. Internationaliste réformiste, hostile aux idées de révolution et de violence, il est ostracisé par la gauche pour son antisoviétisme. Sa théorie de la révolte puise dans la fraternité qu’il a éprouvée avec la Résistance. 

“Quand un opprimé prend les armes au nom de la justice, il fait un pas sur la terre de l’injustice.” Albert Camus

Camus développe alors sa “pensée de midi”, une tension à un zénith où le soleil fait halte : un remède dans une époque où selon lui “la démesure est un confort, toujours, et une carrière, souvent”. Farouche abolitionniste, il intervient dès qu’il peut pour réclamer la grâce de condamnés à mort.

La liberté est pour moi le droit de ne pas mentir. C’est la définition la plus actuelle que je connaisse à ce mot. Albert Camus, archive de 1950

À 43 ans, à Alger, il lance un appel à la trêve de la guerre d’Algérie. Sincèrement anticolonialiste, il ne se prononce pas pour une indépendance immédiate et prône une émancipation progressive, défendue trop tard, et incomprise.

À 46 ans, il meurt dans un accident de voiture, laissant son ultime ouvrage, Le Dernier homme, dans son coffre, inachevé. 

Personne ne peut mourir en paix s’il n’a pas fait tout ce qu’il faut pour que les autres vivent.” 

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