En pantalon de sport avec une arme dans le dos: les citoyens israéliens s'arment en masse

Un homme se promène dans les rues de Tel Aviv avec sa femme, poussant son enfant dans une poussette. Sur son dos, il porte un fusil d’assaut. À Jérusalem, un jeune père porte son fils en bas âge à son bras et un fusil sur son épaule. À côté de lui marche son aîné. Les jeunes femmes en pantalon à la mode ou en tenue de fitness rose ne portent pas un sac à main en bandoulière, mais un AR-15. Il ne s’agit pas du dernier gadget d’Apple, mais d’une arme automatique. Il est devenu courant d’en voir en Israël depuis le 7 octobre.

Le 7 octobre, des combattants du Hamas ont pris d’assaut plusieurs communautés du sud d’Israël lors d’un véritable massacre. Ce traumatisme a tout changé. Les civils estiment qu’ils ont le droit de se défendre et demandent massivement des armes. Selon “The Times of Israel”, 274.279 Israéliens ont demandé des armes entre le 7 octobre et le 25 décembre. À titre de comparaison, sur l’ensemble de l’année 2022, le compteur ne comptait que 42.170 demandes. Ainsi, en quelques semaines, six fois plus d’armes ont été demandées que durant toute l’année précédente.

Avant le 7 octobre, les citoyens israéliens devaient passer un entretien de sélection approfondi pour obtenir une arme. Depuis peu, un simple coup de téléphone suffit. En effet, le 17 octobre, le parlement israélien, la Knesset, a approuvé un assouplissement substantiel. Les hommes âgés de 21 ans et plus, qui n’ont servi qu’un an dans l’armée à un “poste de combat” ou deux ans dans le “service général”, sont éligibles. Pour les femmes, un an de service civil - une alternative à l’armée - suffit, à condition qu’elles vivent dans une zone “dangereuse”. Auparavant, les civils devaient effectuer la totalité de leur service militaire de deux à trois ans ou attendre l’âge de 27 ans.

L’élément moteur de cet assouplissement est le ministre israélien de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, qui est d’extrême droite. Cet homme a déjà été emprisonné pour avoir été membre d’une organisation terroriste juive d’extrême droite. En 2021, il a été discrédité pour avoir pointé une arme sur des gardiens de parking palestiniens à Tel-Aviv. Le fait qu’il soit précisément un fervent défenseur de l’assouplissement de la législation sur les armes à feu n’a rien de surprenant. Grâce à sa réforme, 400.000 Israéliens peuvent prétendre à une arme à feu.

Les membres de nombreuses associations bénévoles peuvent également demander une arme en vertu de la nouvelle loi. Les gardiens de quartier ou les travailleurs humanitaires de la Zaka juive sont autorisés à se promener armés. Cette réglementation extrêmement laxiste fait également l’objet de critiques. Le chef du département israélien qui délivre les permis de port d’arme a démissionné début décembre. “Ils distribuent des armes comme des bonbons, il n’y a plus de vue d’ensemble au ministère”, a déclaré une source au journal israélien “Haaretz”. Itamar a nommé de son propre chef 82 nouveaux fonctionnaires autorisés à délivrer des permis. Et ce après une formation d’une journée au lieu d’un mois.

On ne dispose pas de chiffres sur les armes achetées par les civils. Toutefois, Israël dispose d’une industrie d’armement très importante. L’armée israélienne utilise principalement des armes de sa propre fabrication. Le “Tavor X95" et le “Galil ACE” sont les fusils automatiques les plus répandus dans l’armée. Des versions modifiées sont également disponibles pour les civils. Les deux types sont fabriqués par Israel Weapon Industries, la plus grande entreprise d’armement d’Israël. Cette société fabrique sa propre version de l’AR-15 américain, une arme populaire auprès des “tireurs d’école” américains et également utilisée par le terroriste qui a tué deux Suédois à Bruxelles.