“C’est une décision sans précédent dans le pays”, assure le quotidien colombien El Espectador. Pour la première fois, une mère de famille célibataire en état de nécessité condamnée pour vol a été autorisée par un juge à purger sa peine en liberté, tout en effectuant des travaux d’intérêt général.

Mère de trois enfants de 1, 3 et 7 ans, la femme, dont on ne connaît pas le nom, a été condamnée en mars 2023 à trente-neuf mois de prison pour vol aggravé dans le département du Tolima (centre), alors que le père des enfants purge une peine pour violences conjugales.

En échange de sa liberté, et pour le restant de sa peine, elle devra dès à présent travailler dix-huit heures par semaine dans une organisation de protection de l’enfance et de l’environnement qui fera parvenir un rapport mensuel au juge.

C’est la première bénéficiaire d’une loi promulguée en 2023 par le gouvernement de Gustavo Petro, premier président de gauche de Colombie, “qui veut que les mères de famille emprisonnées pour des délits associés à la marginalisation et la pauvreté sortent de prison pour s’occuper de leurs familles”, tout en effectuant des travaux communautaires.

Un précédent important

Alors que plusieurs requêtes similaires ont été repoussées, cette décision “marque un précédent important” dans un pays fortement marqué par les inégalités, ou 36,6 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, car elle pourrait bénéficier à près de 6 000 femmes, assure El Espectador.

Selon ce média, en plus de désengorger les prisons, la loi d’utilité publique 2292 vise à “reconnaître la discrimination et la pauvreté dont souffrent de nombreuses mères de famille dans le pays, tout en pariant sur les secondes chances”.

Après avoir cité “l’angoisse que produit chez les mères condamnées le fait de devoir laisser des enfants mineurs à la dérive”, ainsi que “le lien entre le degré de pauvreté et le délit commis”, le juge a d’ailleurs enjoint au gouvernement de garantir l’accès de la femme libérée à une garderie publique, à un réfectoire communautaire et au transport public pour éviter qu’elle ne récidive.