CARNET NOIR. L'Albigeois Henri Steiner, rescapé d'Auschwitz, nous a quittés

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  • Henri Steiner, chez lui à Albi, en 2021.
    Henri Steiner, chez lui à Albi, en 2021. DDM - EMILIE CAYRE
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l'essentiel Il était l'un des trois rescapés d'un convoi de 223 déportés à Auschwitz et a marqué des générations de collégiens à travers ses témoignages. L'Albigeois Henri Steiner est décédé le 30 décembre dernier à l'âge de 101 ans.

Une vie dédiée à la mémoire de la Shoah qui aura marqué des générations de Tarnais à travers ses témoignages. Henri Steiner, né Eric Steiner à Vienne en Autriche en 1922, est décédé le 30 décembre dernier à Albi à l'âge de 101 ans. Il était l'un des trois rescapés d'un convoi de 223 déportés à Auschwitz après la rafle du 26 août 1942.

Obligé de quitter son pays natal à 16 ans, il part d'abord à Paris puis s'engage dans l'armée en 1939 quand la guerre éclate. Il est démobilisé en 1941 et trouve un travail dans une ferme à Tanus. C'est là qu'il rencontrera Charlotte, celle qui deviendra sa femme. 

Le 26 août 1942, la police d'Albi vient le chercher et l'emmène dans un camp à Saint-Sulpice. Quelques jours plus tard, il se retrouve avec 223 autres personnes et est amené à Drancy, puis direction Auschwitz. Le 11 septembre 1942, il fait partie d'un convoi qui se dirige vers le camp d'extermination. En route, le train s'arrête et 80 personnes aptes à travailler en descendent, dont Henri. Durant 34 mois, il subira les pires horreurs durant ces travaux forcés.

Une vie consacrée au témoignage

"Mon père a retrouvé ma mère en 1945 à Tanus avant de partir vivre à Paris, raconte son fils Gérard. Ils sont ensuite revenus à Albi en 1977 pour la retraite. C'est là qu'il a consacré sa vie à transmettre son témoignage auprès de collégiens et lycéens. Il aimait à dire qu'il avait rencontré plus de 30 000 élèves dans le Tarn. C'était important pour lui, ça allait au-delà du devoir de mémoire."

Lui qui conservait religieusement les centaines de lettres qu'il recevait d'étudiants, de classes entières ou de professeurs touchés par ses témoignages, avait été fait chevalier de la Légion d’honneur en 2011 à Mazamet. "C'est quelqu'un qui parlait beaucoup même jusqu'au crépuscule de sa vie, témoigne son fils. Il se souvenait de tout, il était toujours dynamique malgré son grand âge."

Obsèques civiles jeudi 4 janvier à Albi

Henri Steiner vivait depuis plus de 40 ans dans la même maison du quartier Breuil-Mazicou, dont il avait été vice-président de l'association de quartier près de 15 années. "Je veux qu'on garde l'image de quelqu'un de bien sous tout rapport, de quelqu'un qui aimait transmettre", rappelle Gérard Steiner.

Les obsèques civiles d'Henri Steiner auront lieu ce jeudi 4 janvier à 14 heures au cimetière de la Madeleine à Albi. La rédaction de La Dépêche du Midi présente ses plus sincères condoléances à sa famille, ses amis et ses proches.

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Les commentaires (4)
Olivier_Véreux Il y a 4 mois Le 03/01/2024 à 08:29

Quand on repense à ces rescapés, qui, tels Henri Steiner, ont oeuvré, non sans efforts, pour que l'on se souvienne de l'horreur, et que l'on voit l'actualité chaotique tout en guerres et génocide, on ne peut qu'être effondré par l'incapacité de l'homme à se remettre en cause.

Le devoir de mémoire, qu'on a tant et tant rappelé, est un échec. Certains hommes ont de la mémoire, mais l'Homme, lui, n'en a pas.

cadaques Il y a 4 mois Le 03/01/2024 à 09:23

Que de moments passés avec vous Henri au Café de la Madeleine ou à l'ateleir de biscuiterie Bld. Albert Tomas......
Nous serons-là jeudi.

Gast81 Il y a 4 mois Le 02/01/2024 à 13:44

Les mémoires vives de cette triste époque s'en vont. Il est essentiel de continuer à les faire perdurer au delà de la mort. Parents, professeurs d'histoire, hommes et femmes de lettre, il est de notre devoir d'éduquer nos enfants pour que "jamais cela ne se reproduise"

Bastiend18 Il y a 4 mois Le 02/01/2024 à 20:59

Oui Gast, luttons conjointement contre le RN qui rêve de revivre ces époques