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Conditions de vie des réfugiés dans le Nord : un bénévole hospitalisé après quarante jours de grève de la faim

Migrants, réfugiés... face à l'exodedossier
Pierre Lascoux, 62 ans, en grève de la faim depuis le 22 novembre pour réclamer une meilleure prise en charge dans les campements de migrants du nord de la France, a été hospitalisé mardi 2 janvier.
par LIBERATION et AFP
publié le 4 janvier 2024 à 20h17

Quarante jours sans s’alimenter pour de l’eau. A 62 ans, Pierre Lascoux, bénévole au sein de l’association Salam aidant les migrants dans le Calaisis et le Dunkerquois, avait entamé une grève de la faim avec des revendications simples : appeler à de meilleures conditions de vie sur les campements de migrants de la Côte d’Opale. Après avoir mis fin à sa grève le 31 décembre, il a été hospitalisé mardi 2 janvier pour un suivi médical plus approfondi.

«Je vais bien», mais l’hospitalisation est nécessaire «pour la reprise suivie de mon alimentation», a témoigné Pierre Lascoux. Après quarante jours sans avaler la moindre nourriture, son état de santé s’était gravement détérioré. «Pierre a entamé hier sa 3e semaine de grève de la faim et a perdu un dixième de son poids ; sa situation risque de devenir plus critique, avait réagi le 6 décembre le président de Salam Nord-Pas-de-Calais, Jean-Claude Lenoir. Il s’est installé à partir d’hier soir à la Maison Sésame à Herzeele (lieu d’accueil pour des familles et des personnes vulnérables en exil).» Durant son action, le militant a été «suivi quotidiennement par un médecin», avait-il expliqué début décembre. Pierre Lascoux avait par ailleurs précisé que si le praticien «décide que [la grève] doit finir, ce sera fini».

«Les campements ne devraient pas être démolis en période de trêve hivernale»

Ancien boulanger bio à Puycelsi dans le Tarn, Pierre Lascoux était arrivé à Grande-Synthe (Nord) en octobre 2021, quelques mois après la fermeture de sa boulangerie. Il souhaitait apporter de l’aide aux exilés mettant le cap vers l’Angleterre. Chaque jour, «même le week-end», il arpentait les campements et voyait le quotidien des exilés se dégrader sans cesse. «Lorsque vous distribuez 200 couvertures alors qu’il y a 400 personnes en face de vous, ce n’est pas évident. C’est douloureux de voir des gens repartir sans rien», expliquait le militant à Info Migrants, fin décembre.

Son action n’a pas été vaine, l’une de ses revendications ayant été satisfaite : les migrants établis dans le camp de Loon-Plage ont de nouveau accès à l’eau. Mi-décembre, la Communauté urbaine de Dunkerque a rouvert un point d’eau sur l’un des lieux de vie informel des exilés. Fin octobre, cette même entité avait ordonné la destruction d’une borne incendie à proximité du camp de Loon-Plage, seul et unique accès à l’eau pour les exilés. Outre garantir un accès à l’eau, «un droit fondamental», Pierre Lascoux enjoignait les autorités d’«arrêter la politique de harcèlement et de destruction systématique des abris et effets personnels» des exilés, d’ouvrir des locaux pour des mises à l’abri et d’instaurer un vrai dialogue avec les acteurs de terrain. «Les campements ne devraient pas être démolis en période de trêve hivernale», martelait-il.

Depuis le démantèlement de la «jungle» de Calais en 2016, les autorités françaises appliquent sans réserve la politique de «zéro fixation». Aucun campement de migrants n’est toléré alors les forces de l’ordre évacuent très régulièrement camps de fortunes qui servent de refuge aux exilés. Destructions des tentes, confiscations des biens, ces lieux informels sont inlassablement détruits. Puis reconstruits.

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