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La présence de la Palestine aux JO de Paris en 2024 en question

Sept mois avant les Jeux olympiques de Paris 2024, le conflit entre le Hamas et Israël qui a fait des milliers de victimes dans la bande de Gaza pose la question d’une représentation des Palestiniens lors des prochains JO. Depuis 1996 et les JO d’Atlanta, seuls 25 athlètes ont représenté la Palestine aux Jeux olympiques.

La délégation palestinienne lors des JO de Tokyo, le 23 juillet 2021.
La délégation palestinienne lors des JO de Tokyo, le 23 juillet 2021. AFP - BEN STANSALL
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À Gaza, les opérations militaires israéliennes ont mis à genoux « la jeunesse et le sport », a récemment dénoncé le président du Comité olympique de Palestine, Jibril Rajoub. « Plus d'un millier de personnes ont déjà été tuées parmi les membres des organisations de jeunesse, de sport et de scoutisme », a-t-il déploré. Jibril Rajoub accuse l’armée israélienne de « cibler les installations sportives, les clubs et les sièges des fédérations. »

La Fédération palestinienne de football a de son côté annoncé avoir envoyé lettre au Comité international olympique (CIO) et la Fédération internationale de football (Fifa) pour « constater les destructions des infrastructures » et exiger « une enquête internationale urgente sur les crimes de l'occupation contre les athlètes en Palestine ».

« On raconte notre histoire en étant aux Jeux olympiques »

Pourtant, malgré la guerre, en décembre dernier, Nader Jayousi, directeur technique du Comité olympique palestinien, expliquait au Parisien qu’une délégation palestinienne pourrait participer aux Jeux de Paris, avec l’objectif de délivrer « un message de paix ». Nader Jayousi ne veut pas perdre l’espoir de voir son drapeau flotter sur la Seine en juillet prochain. À Tokyo, lors des derniers JO, cinq Palestiniens avaient défilé lors de la cérémonie d’ouverture.

« On est candidat pour des invitations du CIO, et on ne perd pas espoir de se qualifier directement. On sait qu’on a besoin d’un miracle pour se qualifier, d’autant que les athlètes ne s’entraînent plus », disait-il. Et d’ajouter : « Pour nous, les JO, ce ne sont pas juste des athlètes qui vont dans une ville et qui participent à une compétition. C’est un besoin national. On raconte notre histoire en étant aux Jeux olympiques. Nous conservons notre identité en participant à ces JO, on représente une nation qui refuse de fuir. Ce n’est pas que du sport, on veut prouver qu’on peut faire partie de cet événement qui réunit les meilleures nations du monde ».

Mohammed K H Hamada
Mohammed Hamada lors des JO de Tokyo, le 31 juillet 2021. AFP - LUIS ACOSTA

La fondation du Comité national olympique (CNO) de Palestine remonte à 1933, alors que le pays est sous mandat britannique. Après plusieurs années d’interruption, le CNO renaîtra en 1986. Il ne sera officiellement reconnu par le CIO que neuf ans plus tard, en 1995, en plein processus des accords de paix d’Oslo. À l’époque, Israël proteste contre cette reconnaissance et affirme : « On tente d’utiliser les Jeux à des fins politiques pour influencer le processus de négociation politique en cours, ce qui est contraire à la fois à la charte olympique et à l’accord signé récemment entre Israël et les Palestiniens. » Le CIO rejettera cette remarque.

L’année suivante, aux JO d’Atlanta en 1996, Majed Abu Marahil brandit pour la première fois le drapeau palestinien lors de la cérémonie d’ouverture. Le coureur du 10 000 mètres masculin sera le seul athlète de sa délégation. Lors des JO de Sydney en 2000, deux sportifs Palestiniens font le déplacement. Aux JO de Rio en 2016, Mohammad Hamada, un jeune Gazaoui de 19 ans, représente son territoire pour la première fois dans l’épreuve d’haltérophilie.

L’édition 2020 des Jeux olympiques, décalée d’un an pour cause de pandémie mondiale, était marqué par la septième participation de l’équipe palestinienne. La délégation de onze personnes, dont cinq sportifs, défilait à la 141ᵉ place lors de la cérémonie d’ouverture. « L’objectif est d’avoir au moins cinq athlètes à Paris, comme à Tokyo. Et ce serait génial d’en avoir plus. Mais tout est encore très flou, nous ne sommes même pas sûrs d’aller à Paris », dit aujourd’hui Nader Jayousi.

En Palestine, le sport est un privilège

Depuis Atlanta, seulement 25 athlètes palestiniens ont représenté les couleurs de la Palestine. Présent à Tokyo, le nageur Yazan Al Bawwab, qui réside à Dubaï, espère fouler le sol français. « L’un des gros problèmes pour l’instant, outre le fait que ceux qui vivent à Gaza risquent leur vie, c’est qu’on n’a pas de budget, explique au Parisien le spécialiste du dos et du crawl. Que ce soit pour participer aux épreuves de qualification ou à des camps d’entraînement, c’est très compliqué. »

« Dans les pays comme la Palestine, où il y a peu d’argent, le sport est un privilège, souligne Yazan Al Bawwab. Les familles essaient surtout de se nourrir, le sport n’est pas la priorité. Je fais partie des rares privilégiés et je veux faire honneur à mon pays. » Yazan Al Bawwab n’est pas né et n’a jamais vécu en Palestine. « Je suis né en Arabie saoudite, j’ai grandi à Dubaï, j’ai été à l’Université au Canada et en Grande-Bretagne, j’ai vécu aux Pays-Bas et j’ai la nationalité italienne, explique-t-il. Je n’ai jamais eu un endroit que j’ai pu considérer comme ma maison, mais j’ai toujours su que la Palestine, c’était chez moi, et que je devais en être fier. »

Pour les Palestiniens, les premiers contacts avec le CIO remontent à 1978. Le 13 septembre 1993, le jour même où le chef de l'OLP, Yasser Arafat, et le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, se serraient la main sur la pelouse de la Maison Blanche, le CIO tendait les bras pour aider les jeunes Palestiniens à pratiquer leur sport. La proclamation de l'État d'Israël, en mai 1948, avait conduit le CIO à ne plus inviter l'équipe de Palestine aux Jeux de 1948 au Royaume-Uni. Pour éviter un boycott des nations arabes, le CIO ne conviait pas non plus la délégation israélienne au motif qu’elle ne disposait pas d'un comité national olympique reconnu. À Paris, les athlètes palestinien et israélien pourraient se retrouver autour des valeurs universelles du sport durant la Trêve olympique, pour promouvoir la paix, le dialogue et la réconciliation.

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