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Paris : Stéphane Bern "mobilisé" contre la démolition du Pavillon des Sources à l’Institut Curie

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Le pavillon des Sources, où ont travaillé Pierre et Marie Curie, situé au sein de l'Institut Curie, doit être démoli la semaine prochaine. Stéphane Bern est furieux.

Le pavillon des Sources doit être détruit ce lundi, 8 janvier Le pavillon des Sources doit être détruit ce lundi, 8 janvier
Le pavillon des Sources doit être détruit ce lundi, 8 janvier © Maxppp - CHRISTOPHE PETIT TESSON

Les premiers coups de pelleteuse sont prévus lundi prochain, 8 janvier. Le pavillon des Sources, lieu du légendaire laboratoire de Pierre et marie Curie lors de leurs travaux sur la radioactivité, doit être détruit pour être remplacé par un bâtiment de sept étages.

L'Institut Curie a obtenu un permis de démolir de la Ville de Paris, ce 24 mars 2023, pour y construire un immeuble plus grand, dans le cadre d'un projet d'agrandissement du campus Pierre-et-Marie-Curie-Val-de-Grâce. Cette destruction rend Stéphane Bern furieux. L'animateur, qui dirige la Mission qui porte son nom pour préserver le patrimoine français, se dit "mobilisé", ce jeudi sur France Culture.

Un bâtiment historique

Le Pavillon des Sources constitue le grand ensemble de l’Institut Curie avec le Pavillon Pasteur et le Pavillon Curie. Au cœur du Quartier latin, sur la montagne Sainte-Geneviève, ce petit bâtiment en briques beiges construit au XXème siècle servait à entreposer les matières premières utiles aux recherches de Marie Curie, prix Nobel de chimie. Le jardin attenant, "composé de tilleuls et de platanes centenaires, voulus et plantés par Marie Curie elle-même, est également concerné" par ce projet, selon la sénatrice Catherine Dumas (Les Républicains).

"Ce n'est pas une architecture extraordinaire, mais c'est un patrimoine symbolique, mémoriel. C'est ce qui en fait sa valeur", argumente Stéphane Bern. De plus, selon lui, "détruire un jardin en ce moment, c'est un non-sens, une aberration. À quelques dizaines de mètres du Panthéon, là où Marie Curie a été la première femme à y entrer." Il précise que, contrairement à ce que "certains disent à la mairie de Paris", Marie Curie a bien travaillé dans ce pavillon, "ainsi que cinq prix Nobel".

Le Président de la République alerté

D'après Stéphane Bern, "l'opprobre retomberait sur l'Institut Curie" si le bâtiment était détruit. Lui qui voit "que l'opinion publique internationale, que la presse anglaise, la presse américaine, la presse polonaise, toute la presse s'est saisie de ce dossier".

Toujours sur France Culture, Stéphane Bern assure avoir alerté le président Emmanuel Macron à ce sujet, avoir "échangé par SMS", mais avoir "bien senti que ça ne bougeait pas". Il précise avoir sollicité son épouse, Brigitte Macron, "en lui demandant d'agir au plus vite".

"La ministre de la Culture est mobilisée aussi, elle est sur le front pour répondre à cette urgence, mais j'ai cru comprendre qu'elle n'avait pas forcément les mains libres", ajoute Stéphane Bern. Selon lui, Rima Abdul-Malak "n'a pas le privilège sur d'autres ministères qui agissent en coulisses, comme le ministère de la Santé". L'animateur considère qu'"un bras de fer est engagé entre les uns et les autres. L'Institut Curie a des appuis très puissants pour obtenir cette démolition".

"Un en même-temps insupportable" (Stéphane Bern)

Selon l'animateur, il existe une solution simple : "Forcer la main de l'Institut Curie en faisant une instance de classement. Ensuite, on s'offre un an de délai pour trouver une autre solution". Stéphane Bern dénonce un "en même temps, insupportable", car selon lui, "on ne peut pas à la fois demander le réarmement culturel et intellectuel de la France et détruire ce qui fait sa mémoire et sa fierté".

"La destruction du Pavillon des Sources de Marie Curie par l'Institut Curie serait une faute grave. Ce qui en fait la valeur, c'est sa dimension mémorielle et symbolique, donc patrimoniale. L’opprobre retomberait inévitablement sur l'Institut Curie et ceux qui laissent faire", dénonce également l'animateur sur le réseau social X, où de nombreux messages d'opposition à ce projet sont relayés. Dans son post sur X, Stéphane Bern interpelle Alain Puisieux, le Directeur du Centre de Recherche de l'Institut Curie.

Un avis défavorable émis à trois reprises

La Commission du Vieux Paris, service municipal dédié notamment à la protection du patrimoine, a émis un avis défavorable à trois reprises pour ce projet. Cette Commission a également demandé le classement de l'institut du radium de Marie Curie, comprenant le Pavillon des Sources et son jardin, le Pavillon Curie et le Pavillon Pasteur, au titre des monuments historiques par le ministère de la Culture.

"Le Pavillon des Sources est un bâtiment de stockage de déchets qui est désormais pollué. Ce n'est pas le laboratoire de Marie Curie et ça ne l'a jamais été", répond l'Institut Curie, qui s'exprime pour la première fois auprès du service santé de franceinfo, ce jeudi.

"Pas d'immeuble de bureaux, mais le premier laboratoire de chimie et de biologie au monde" selon l'Institut Curie

L'Institut Curie précise tout d'abord que le projet n'est pas de construire "un immeuble de bureaux" à la place de ce bâtiment, "mais bien un laboratoire de chimie et de biologie, le premier au monde", à coupler chimie et biologie en matière de recherche contre le cancer.

"Les lieux emblématiques de l'histoire de Marie Curie, comme le Musée ou encore le jardin, aujourd'hui sont bien préservés", assure l'Institut Curie. La communication de la fondation privée ajoute : "Le lieu emblématique le plus important de l'histoire scientifique de Marie Curie est un hangar où elle est à découvert le radium. C'est un endroit qui a été détruit en 1914, de son vivant".

"On ne fait pas ça pour s'amuser" (Thierry Philip, président de l'Institut Curie)

Contacté par France Bleu Paris, Thierry Philip, le président de l'Institut Curie, explique que "tout est faux". Il s'agit d'"un bâtiment de cinq étages, et non pas sept." Il précise que c'est "un bâtiment radioactif, extrêmement dangereux, et fermé depuis 5 ans sur ordre des autorités sanitaires, qu'il va falloir déconstruire brique après brique, sous le contrôle de l'agence de sécurité nucléaire, en faisant attention à l'environnement".

"On ne fait pas ça pour s'amuser. Mais si le gouvernement décide de classer le bâtiment monument historique, je ne vais pas commencer des travaux qui coûtent 1,8 millions d'euros" déclare Thierry Philip. "C'est l'avenir de la recherche en France qui est en jeu. Nous avons déjà eu trois prix Nobel français qui travaillent à l'étranger. Ça pourrait être malheureusement être le cas du prochain si nous ne pouvons rien faire" poursuit-il.

Le président de l'Institut Curie a pu parler directement par téléphone à Stéphane Bern, "missionné par le ministère de la Culture" selon lui. Il déplore que, malgré le fait qu'il ait été "un peu ébranlé", l'animateur reste campé sur ses positions. L'avenir du pavillon des Sources pourrait se jouer ce vendredi. Thierry Philip doit rencontrer Rima Abdul Malak, la ministre de la Culture, pour évoquer le sujet.

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