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En Allemagne, les cheminots font la grève pour passer aux 35 heures

Alors que les agriculteurs bloquent les routes, les conducteurs de trains commencent ce mercredi une grève de trois jours dans tout le pays. Ils demandent le passage aux 35 heures sans perte de revenus.

Des voyageurs allemands attendant un train, dans la gare de Hambourg, fin décembre.
Des voyageurs allemands attendant un train, dans la gare de Hambourg, fin décembre. (Bodo Marks/AP/SIPA)

Par Emmanuel Grasland

Publié le 9 janv. 2024 à 15:01Mis à jour le 9 janv. 2024 à 16:51

Dans les gares allemandes, les quais seront pleins et les tableaux d'affichage vides demain. Les conducteurs de trains commencent ce mercredi une grève de trois jours du trafic passagers, après l'échec de négociations sur les salaires et le temps de travail avec l'opérateur public Deutsche Bahn (DB) et Transdev. Dans le fret, elle aura lieu de mardi soir à vendredi soir.

Le mouvement « aura un impact considérable sur l'exploitation ferroviaire », a d'ores déjà prévenu la DB. Pour une économie allemande déjà en difficulté, les perturbations du transport de marchandises auront un coût élevé.

Une semaine de 35 heures sur quatre jours

La raison du conflit ? Fort de 40.000 membres dans le pays, le syndicat des conducteurs de trains GDL demande des augmentations de salaires à la suite de l'inflation et un passage à la semaine de 35 heures sur quatre jours, sans perte de revenus.

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« Le groupe DB n'a pas profité de la trêve de Noël pour présenter une offre négociable et empêcher des actions collectives », a indiqué le syndicat.

Les conducteurs de trains ont déjà fait grève en novembre et en décembre mais il s'agit cette semaine de l'arrêt de travail le plus long dans le cadre des négociations avec la direction de la Deutsche Bahn.

Un conflit très dur au pays de la cogestion

L'ampleur du conflit est particulièrement frappante dans un pays où la cogestion et les compromis entre partenaires sociaux font figure de valeurs partagées. Le bras de fer intervient également alors que les agriculteurs bloquent déjà les routes un peu partout dans le pays.

Dimanche, la Deutsche Bahn a fait un recours en justice pour tenter d'empêcher la grève. Sans succès jusqu'à présent. Signe du fossé béant entre les deux parties, l'opérateur ferroviaire considère désormais que le syndicat GDL a perdu sa capacité à négocier des accords sociaux.

« La direction du syndicat GDL a dépassé les bornes, elle doit se raviser », a déclaré le directeur du personnel de la Deutsche Bahn, Martin Seiler.

Une hausse des frais de personnel de 50 %

Aux yeux de la Deutsche Bahn, la mise en place d'une semaine de 35 heures sur quatre jours, avec compensation salariale intégrale, augmenterait les frais de personnel de l'entreprise de 50 %. Une évolution inacceptable, alors que le rail allemand est dans un état déplorable et que les annulations et les retards sont très fréquents outre-Rhin.

En décembre, la Deutsche Bahn avait affirmé avoir proposé une hausse des salaires de 11 % ainsi qu'une « prime compensatoire pour faire face à l'inflation » pouvant aller jusqu'à 2.850 euros.

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Une guerre des communiqués

Depuis les deux interlocuteurs ont basculé dans une guerre des communiqués. Dimanche, la Deutsche Bahn a indiqué avoir présenté la semaine dernière « une offre élargie », représentant « un grand pas en avant vers la satisfaction de la revendication fondamentale du syndicat en matière d'horaires de travail ».

Passagers attendant un train dans la région de Munich.

Passagers attendant un train dans la région de Munich.Michaela Rehle/AFP

De son côté, le syndicat des conducteurs GDL a dénoncé une offre « sans substance » et des déclarations aux médias « délibérément trompeuses », qui ignorent les accords signés mi-décembre avec la filiale allemande de Trenitalia et l'opérateur Go-Ahead, présent en Bavière et dans le Bade-Wurtemberg.

Dans ces deux entreprises, les accords signés prévoient une réduction du temps de travail de 38 à 35 heures par semaine, à partir de respectivement janvier 2028 et janvier 2025. Pour le syndicat des conducteurs, cette baisse du temps de travail permettra de rendre « de nouveau attractifs et viables des métiers délaissés pendant des années ».

Emmanuel Grasland (Correspondant à Berlin)

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