Des migrants après leur interception par les garde-côtes libyens en Méditerranée, le 15 janvier 2018. Crédit : Reuters
Des migrants après leur interception par les garde-côtes libyens en Méditerranée, le 15 janvier 2018. Crédit : Reuters

Cent-huit migrants sont morts ou portés disparus après quatre naufrages survenus entre le 26 décembre et le 3 janvier au large des côtes libyennes, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Au total en 2023, 2 383 personnes ont péri en Méditerranée centrale en tentant de rejoindre les côtes européennes.

La fin d’année 2023 a été particulièrement meurtrière au large des côtes libyennes. Selon Flavio di Giacomo, porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), une centaine de migrants ont péri dans quatre naufrages en Méditerranée centrale en seulement une semaine.

Mardi 26 décembre, 24 exilés ont disparu au large de Zaouia et quatre personnes ont pu être secourues. Deux jours plus tard, ce sont quatre migrants qui ont disparu tandis que deux autres ont été retrouvés morts. Un seul passager a survécu à cette tentative de traversée de la Méditerranée.

Le lendemain, le 29 décembre, 28 exilés ont disparu et 15 ont péri noyés près de Sabratha. Trente rescapés ont été récupérés par les autorités libyennes.

Enfin, le premier naufrage de 2024 a eu lieu le 3 janvier au large des côtes de Zouara. Ce jour-là, 24 migrants ont disparu en mer et 11 sont morts, tandis que 27 ont survécu, d’après le décompte de l’OIM.

La plateforme d’aide aux migrants en détresse en mer, Alarm Phone, évoque de son côté deux naufrages les 28 et 29 décembre, près de Zouara et Sabratha, faisant au moins 78 morts. Difficile de savoir s’il s’agit des mêmes embarcations que celles comptabilisées par l’OIM ou différents canots.

Record du nombre de morts en mer en 2023

Au total l’an dernier, 2 383 exilés sont morts en Méditerranée centrale en tentant de rejoindre les côtes européennes, selon les chiffres de l’ONU. Le précédent record remonte à 2017 lorsque 2 853 migrants sont décédés dans cette zone maritime.

Les humanitaires estiment que l'augmentation des morts en mer s'explique par la nouvelle stratégie mise en place par la Première ministre d'extrême-droite Giorgia Meloni. En vertu du décret Piantedosi, du nom du ministre de l’Intérieur italien, signé fin 2022, les navires humanitaires ne peuvent plus sillonner la Méditerranée après un premier sauvetage. Ils doivent immédiatement rejoindre le port donné par l’Italie, sous peine d'une immobilisation et d'une amende.

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"La plupart du temps aujourd’hui, on ne peut faire qu’un seul et unique sauvetage, expliquait en novembre à InfoMigrants Margot Bernard, coordinatrice de projet adjointe à bord du Geo Barents. Et ce, alors que nous avons un bateau avec une grande capacité d’accueil [le Geo Barents a une capacité de 500 places, ndlr]. En plus de cela, en partant immédiatement après l’opération de secours, on laisse la zone déserte, les États européens ayant renoncé à leurs responsabilités de sauvetages en mer. C’est une grande source de frustration pour nous, et surtout, cela nous fait craindre une augmentation des naufrages invisibles", ces embarcations "fantômes" qui sombrent en mer sans que personne ne le sache.

En un an, plusieurs bateaux ont été immobilisés par Rome, certains plusieurs fois. Le dernier en date est l'Ocean Viking, de SOS Méditerranée, bloqué à quai depuis le 30 décembre - pour la troisième fois en 2023. Les autorités italiennes accusent le navire "de ne pas avoir respecté l'instruction de se diriger sans délai, à la vitesse maximale et en suivant une route directe vers le lieu sûr", en l'occurrence Bari, qu'elles lui avaient assigné. "Nous sommes énormément frustré.e.s d’être criminalisé.e.s", a déploré sur X (ex-Twitter) Alisha, coordinatrice de la communication des opérations de SOS Méditerranée.

 

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