
INTERNATIONAL - Une avancée significative dans un pays où prédomine encore un modèle de famille traditionnel. Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a annoncé ce mercredi 10 janvier vouloir légaliser le mariage homosexuel et accorder le droit à l’adoption aux couples de même sexe.
« Ce que nous allons légiférer, c’est l’égalité du mariage, c’est-à-dire l’élimination de toute discrimination fondée sur l’orientation sexuelle en ce qui concerne la conclusion d’un mariage », a affirmé le chef du gouvernement conservateur dans un entretien à la chaîne de télévision publique ERT.
« Qu’est-ce que le mariage au fond ? Je dirais que c’est l’aboutissement de l’amour entre deux personnes. Mais c’est aussi un contrat légal avec des droits et des obligations », a-t-il ajouté.
Une réponse à l’opposition
Kyriakos Mitsotakis n’a pas précisé quand le projet de loi serait soumis aux députés mais selon les medias grecs, cela devrait intervenir avant les élections européennes en juin.
L’annonce intervient alors qu’à peine une semaine plus tôt, le leader du parti d’opposition Stefanos Kasselakis lui a coupé l’herbe sous le pied en écrivant sur sa page Facebook qu’il avait « de soumettre (...) la proposition de loi sur le mariage pour tous dès la réouverture du Parlement ».
« Après la décision prise hier (jeudi) par le Premier ministre de reporter son propre projet de loi, c’est ma seule option », a-t-il jugé. Ce dernier réagissait à des déclarations du chef du gouvernement qui a indiqué la veille : « Ne mettez pas la charrue avant les bœufs. Nous expliquerons d’abord ce que nous voulons faire et ensuite nous parlerons du calendrier ».
Union civile depuis 2015
Depuis 2015, la Grèce dispose d’une union civile. Mais pour les couples homosexuels ayant des enfants, seul le parent biologique a des droits sur ces enfants. Ainsi en cas de décès du parent biologique, l’enfant est retiré à l’autre parent.
Kyriakos Mitsotakis a d’ailleurs insisté sur le fait que ce parent n’avait actuellement « aucun droit » sur l’enfant : « Les couples de même sexe ont des enfants, et ces enfants ne cesseront pas d’exister, ils ne disparaîtront pas. Mais ces enfants n’ont pas les mêmes droits », a regretté le chef du gouvernement pour défendre son projet.
C’est notamment pour mettre fin à cette situation problématique qu’Athènes souhaite accorder le droit à l’adoption aux couples homosexuels. En revanche, à la différence des couples hétérosexuels, ils ne seront pas autorisés à recourir à une mère porteuse.
Cette question ne doit pas « diviser la société »
Peu après sa confortable réélection en juin, le dirigeant de Nouvelle-Démocratie (ND) avait annoncé son intention de légaliser le mariage homosexuel, assurant que la société grecque était désormais « beaucoup plus prête et mature ».
Le gouvernement risque toutefois de se heurter à une opposition certaine dans les rangs les plus conservateurs du parti au pouvoir mais aussi dans une partie de la société.
« Je veux que cette question (du mariage homosexuel) ne divise pas la société grecque, mais qu’elle nous permette de trouver un terrain d’entente », a d’ailleurs insisté le Premier ministre.
L’Église orthodoxe s’oppose
L’Église orthodoxe, qui exerce une grande influence en Grèce, se montre également opposée, certains responsables se livrant à cette occasion à des diatribes homophobes.
Elle réprouve en particulier l’éducation des enfants par les couples homosexuels, affirmant qu’ils sont traités comme des « accessoires » et des « animaux de compagnie ». « Les enfants ont un besoin inné et donc le droit de grandir avec un père de sexe masculin et une mère de sexe féminin », a récemment affirmé le Saint-Synode.
Les Grecs semblent encore partagés sur la question. Selon un sondage Alco pour la chaîne Alpha publié en début de semaine, 49 % des personnes interrogées se montrent opposées au mariage de personnes de même sexe. Parmi les 27 pays de l’Union européenne, quinze ont légalisé le mariage homosexuel et seize l’adoption par des parents de même sexe.
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