Crime d’honneur évité de peu: un Montréalais aurait battu et menacé sa fille qui refusait de marier de force un cousin
L’accusé, qui n’a pas d’antécédents judiciaires, jure que toute cette affaire est un «mensonge»
Un Montréalais qui aurait battu sa fille qui refusait d’être mariée de force à un cousin en Turquie, en plus de la menacer de la tuer et de violer son cadavre, fait maintenant face à la justice et pourrait bien rester détenu tout le long des procédures contre lui.
«Il aurait déclaré qu’au moment où il serait libéré, il irait tuer [sa femme et sa fille] avec un couteau et qu’il les découperait en petits morceaux. [Les policiers] évaluent le risque homicidaire à élevé», a affirmé Me Catherine Bernard de la Couronne, mardi, au palais de justice de Montréal.
Debout dans le box de détention, l’accusé cinquantenaire, qui ne peut être nommé en raison de l’implication de la DPJ dans le dossier, faisait des signes de négation en écoutant la procureure, comme pour signifier que ce n’était pas vrai.
Pourtant, les rapports policiers sont clairs. Le 3 janvier dernier, la femme de l’accusé aurait demandé le divorce. Fâché, ce dernier serait alors devenu agressif, menaçant de tuer son épouse, si bien qu’elle a appelé le 911.
«La femme mentionne qu’elle vit de la violence depuis [des décennies], qu’elle se fait frapper régulièrement, mais qu’en Turquie, elle ne pouvait rien faire, car les droits des femmes n’étaient pas comme au Canada, a expliqué la Couronne. Dans les dernières semaines, elle dit avoir été battue à coups de ceinture.»
Mariage forcé
Et parallèlement, un autre conflit a éclaté, en raison du père qui aurait exigé que sa fille déjà en couple ici aille en Turquie pour épouser son cousin.
«On comprend que c’est un mariage arrangé par le père», a-t-il été dit à la cour.
Comme la fille refusait, son père l’aurait battue à partir de l’automne 2023, lui causant des ecchymoses. Il aurait également menacé sa fille de la tuer et de violer son cadavre pour que l’affaire se retrouve dans les journaux, selon les rapports policiers.
«C’est juste des mensonges», a assuré le père de famille, qui fait face à des accusations de menaces, de voies de fait, ainsi que de voies de fait armées.
Plan de libération
Or, si la défense reconnaît que l’affaire a toutes les apparences d’un «crime d’honneur typique», elle a quand même demandé que l’accusé soit libéré moyennant de strictes conditions.
«Les propos qu’il aurait tenus sont inquiétants et déplorables, mais il est présumé innocent», a rappelé l’avocat d’expérience Me Antonio Cabral, en soulignant que son client a un casier judiciaire vierge depuis son arrivée au pays il y a 20 ans.
Si l’accusé était remis en liberté, il irait vivre chez un ami, et déménagerait hors de Montréal afin d’être éloigné de ses victimes alléguées. Il ne sait d’ailleurs pas où elles se trouvent présentement, a-t-il assuré à la cour.
À la suite de l’arrestation de l’accusé, les victimes sont d’ailleurs allées voir la police pour demander de retirer leurs plaintes, a-t-il été ajouté lors de l’audience de mardi.
Mais pour la Couronne, le danger qu’il s’en prenne à elles est «net et évident».
«Sa détention est nécessaire pour la sécurité du public et des victimes», a affirmé la procureure.
Le juge Pierre Labelle rendra sa décision demain.
