Sylvain Tesson : "Pourquoi, quand on devient adulte, on ne voit pas des fées partout ?"

Dans ce nouvel ouvrage, l'auteur est parti en quête "d'un qualité du réel et de la réalité" sur le littoral celtique, "de la Gallice jusqu'aux Shetland en passant par la Bretagne, la Cornouailles, le Pays de Galle, l'Écosse"... "De deux choses l'une, soit on décide d'être un écrivain de la déploration du monde, des ruines, des décombres, de tout ce qui ne va pas... Soit on met le mouvement, le voyage, au service d'autre chose, de la tentative d'aller capter tous les reflets de la beauté, partout où ils se trouvent."

Sylvain Tesson se demande aussi pourquoi "les fées de son enfance" ont disparu. "L'enfance, c'est la patrie de l'espoir que tout ressemblera toujours au rêve. L'enfant voit des fées partout : pourquoi, quand on devient adulte, on ne voit pas des fées partout ? Parce que tout à coup, le souci est inoculé en vous, et vous devenez un adulte. Moi je me suis dit : il doit certainement y avoir un moyen de retrouver cette possibilité de voir les fées partout, mais pour ça il faut une géographie propice."

"Je ne donne pas le nom de fée à une petite présence surnaturelle avec une baguette magique et un tutu", précise-t-il. "En revanche, il y a un exercice du regard, qui n'est pas toujours facile parce que la préoccupation d'une certaine laideur de soi-même et du monde vous écarte de cette révérence permanente que j'aime adresser au réel, mais il faut s'y plier. Si on part armé de cette nécessité de changer son regard sur le monde, d'aller traquer dans les interstices de la géographie tout ce qui peut vous émerveiller, on a une chance de rencontrer les fées."