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En 2024, l’Afrique, épicentre des crises humanitaires mondiales

Du fait des guerres et des catastrophes climatiques, 130 millions de personnes ont besoin d’assistance sur le continent. En 2023, seulement un tiers des besoins ont été couverts par l’aide internationale.

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Publié le 11 janvier 2024 à 19h30

Temps de Lecture 3 min.

Des déplacés ayant fui la guerre civile au Soudan, à Renk, au Soudan du Sud, le 18 décembre 2023.

Le Burundi a fait pour la dernière fois les gros titres dans la presse européenne à l’été 2023 : dix de ses ressortissants, joueurs de l’équipe junior de handball, avaient alors profité de la tenue du championnat du monde en Croatie pour s’enfuir en Belgique et y demander asile. Hormis cette rocambolesque histoire, ce pays enclavé de l’Afrique des Grands Lacs, dont le revenu par habitant est le plus faible au monde, ne reçoit pas une grande attention des médias, même s’il fait face de manière récurrente à des évènements climatiques extrêmes avec les besoins d’assistance qui en découlent.

En 2023, les pluies torrentielles et les inondations liées notamment au débordement du lac Tanganyika ont entraîné le déplacement de plusieurs dizaines milliers de personnes et amputé les moyens de subsistance de plus de 10 % de la population, en grande majorité rurale. Pourtant, sur les neuf premiers mois de l’année, 54 fois plus d’articles ont été consacrés au livre du Prince Harry, Le Suppléant, par les sites d’information en ligne qu’à la situation humanitaire au Burundi, selon le décompte publié jeudi 11 janvier par l’organisation non gouvernementale CARE, dans un rapport sur les dix crises humanitaires les moins médiatisées en 2023.

Des crises pointées par l’organisation à partir de la base de données de l’observatoire des médias en ligne Meltwater et qui se situent toutes en Afrique. Y figurent ainsi le Cameroun, la République centrafricaine, la Zambie ou encore le Burkina Faso, un pays où plus de 2 millions de personnes ont quitté leur foyer pour fuir des violences.

130 millions de personnes en situation d’urgence humanitaire

Alors qu’au niveau mondial, les besoins humanitaires atteignent des niveaux historiquement élevés du fait de la multiplication des conflits et des conséquences du dérèglement climatique, cette sous-exposition médiatique a des conséquences directes sur leur prise en charge par la solidarité internationale. Au Burundi, seulement un quart des besoins ont pu être couverts par les financements internationaux mobilisés par les Nations unies. Dans un contexte mondial où, pour la première fois depuis 2010, les dons accordés par les Etats à l’action humanitaire ont diminué.

La guerre en Ukraine et, depuis les attaques du 7 octobre, celle menée par Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza éclipsent encore davantage les drames vécus sur le continent. Dans son appel de fonds pour 2024, le tableau dressé par l’ONU ne manque pourtant pas de rappeler que l’Afrique reste l’épicentre des crises humanitaires. Sur les 26 pays pour lesquels les Nations unies demandent la mobilisation de 46,4 milliards de dollars (42,2 milliards d’euros), quatorze sont Africains.

Près de 130 millions de personnes sont considérées en situation d’urgence humanitaire sur 300 millions au niveau mondial. Les crises les plus massives s’y concentrent dans trois pays : Ethiopie, Soudan et République démocratique du Congo (RDC), où la population en situation de précarité du fait des guerres et des catastrophes naturelles varient entre 20 millions et 26 millions selon les Etats.

L’origine de ces crises renvoie le plus souvent à un cocktail de causes. Les conflits, à l’image de celui qui a éclaté au Soudan en avril 2023 entre les Forces armées soudanaises, dirigées par le général Abdel Fattah Al-Bourhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », restent le moteur le plus immédiat, jetant sur les routes des millions de civils fuyant les combats.

Conflits et chocs climatiques

L’ONG américaine International Rescue Committee (IRC) note cependant dans son analyse des pays à surveiller en 2024 que les conflits armés et la vulnérabilité au changement climatique sont des facteurs de plus en plus convergents dans l’apparition des crises. « Ils se manifestent de manière croissante dans les mêmes régions et au même moment. Plus de la moitié des conflits déclenchés depuis 1995 se sont produits dans les pays les plus exposés au réchauffement et les moins en mesure de s’y adapter » , souligne-t-elle.

Sur les 20 pays où l’ONG redoute une dégradation de la situation humanitaire en 2024, quatorze sont dans cette situation, parmi eux onze sont africains : Mali, Niger, Burkina Faso, Mozambique, Nigeria, République centrafricaine, RDC, Soudan, Soudan du Sud, Ethiopie, Somalie… « Le manque d’investissement dans les régions reculées où la survie des populations dépend de l’agriculture et de l’élevage accroît les conséquences des chocs climatiques. Dans le Sahel central par exemple, les zones négligées par les pouvoirs centraux pendant la période coloniale et postcoloniale sont aujourd’hui celles qui subissent les pires effets du dérèglement climatique », poursuit l’étude.

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En 2024, après trois années de sécheresse record, les experts s’inquiètent des conséquences du retour du phénomène climatique El Niño sur la Corne de l’Afrique où d’importantes inondations sont déjà observées. Mais IRC n’oublie pas non plus de mentionner la multiplication des coups d’Etat, et les très faibles niveaux de gouvernance dans les pays en proie aux graves crises humanitaires pour expliquer ce poids disproportionné du continent africain dans ce sombre bilan mondial.

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