En Angleterre, des ouvriers découvrent par hasard des peintures murales vieilles de plus de 500 ans

En Angleterre, des ouvriers découvrent par hasard des peintures murales vieilles de plus de 500 ans
© Tobit Curteis Associates LLP

Des ouvriers ont découvert par hasard, lors du chantier de rénovation d'un des collèges de l'université de Cambridge, d'exceptionnelles peintures murales datant du XVIe siècle. Extrêmement bien conservées, ces œuvres représentent des symboles des Tudor.

Pendant plus de 300 ans, ces peintures étaient dissimulées et tombées dans l’oubli. Le 9 janvier dernier, le Christ’s College, un des collèges de l’université de Cambridge (Angleterre) a annoncé la découverte fortuite de rarissimes peintures murales datant du début du XVIe siècle. Lors de travaux de rénovation, les ouvriers du chantier ont mis au jour dans d’anciens combles trois motifs qui évoquent la famille des Tudor (dynastie royale anglaise ayant régné entre 1485 et 1603). Certainement recouvertes au XVIIIe siècle, ces peintures ont réussi à traverser les siècles en préservant leurs couleurs d’origine.

Des symboles de la dynastie Tudor

Peintes sur une fine couche de plâtre avec des traces de chaux, les œuvres découvertes représentent trois motifs couronnés sur fond blanc avec une rose rouge de Lancastre, une herse et probablement une fleur de lys. Tous ces symboles font référence à Lady Marguerite Beaufort, mère d’Henri VII (1485–1509), fondateur et premier souverain de la dynastie Tudor. En effet, la herse est l’insigne de la famille Beaufort et la rose rouge de Lancastre rappelle la maison Tudor lors de la Guerre des Deux-Roses (1455-1487).

Un des motifs représente la rose rouge de Lancastre avec la couronne impériale au-dessus © Tobit Curteis Associates LLP

Pourquoi ces motifs font-ils écho à la famille Tudor ? En 1505, le Christ’s College est refondé par Lady Marguerite Beaufort. Cet ensemble de peintures murales de six mètres de large a peut-être été réalisé pour la remercier. « Il s’agit d’une découverte vraiment passionnante et inhabituelle, révélant la manière dont le Collège célébrait et faisait la publicité de son patron royal au cours des premières années du XVIe siècle, après sa refondation », explique Christina Faraday, historienne de l’art à l’Université de Cambridge, spécialisée dans la culture visuelle et matérielle des Tudor. Femme puissante et pieuse, Lady Marguerite Beaufort a marqué le Collège et ces peintures murales seraient un des premiers exemples de l’utilisation de la « marque » visuelle par sa famille, au-delà de la cour royale.

Portrait de Marguerite Beaufort, vers 1520 © Wikimedia Commons

Du marketing avant l’heure ?

D’après l’historienne de l’art, les Tudor auraient utilisé plusieurs techniques semblables à du marketing pour asseoir leur autorité. La revendication du trône par Henri Tudor est assez fragile car sa légitimité est contestée. Le roi utilise alors des symboles visuels pour promouvoir sa royauté. La rose rouge de Lancastre en est le parfait exemple. Considéré comme l’insigne de la maison durant la Guerre des Deux-Roses, en opposition à la rose blanche de York (emblème héraldique de la maison de York), le symbole a vraisemblablement été inventé par Henri VII après sa victoire face à Richard III. Lors de son mariage avec Élisabeth de York en 1486, les deux roses sont associées pour former la rose Tudor. « Le roi utilise ces symboles pour créer une mythologie autour de son règne », décrit Christina Faraday.

Derrière une solive, on peut observer une herse couronnée © Tobit Curteis Associates LLP

Des œuvres difficilement accessibles

De tels vestiges sont extrêmement rares. Leur localisation dans les combles, qui formaient probablement le mur nord-ouest de la bibliothèque d’origine, les a préservées de la lumière et de toutes éventuelles perturbations. « Les peintures murales étaient une forme de décoration relativement bon marché, pouvaient être recouvertes et étaient donc rarement délibérément préservées, commente l’historienne de l’art. Nous pouvons désormais les apprécier pour leur valeur historique et ce qu’ils révèlent sur l’art Tudor au-delà des portraits plus traditionnels. »

Henri VII, 1505, Huile sur bois, 42,5 × 30,5 cm, Londres, National Portrait Gallery © Wikimedia Commons

En fouillant dans ses archives, le Christ’s College a découvert que la dernière mention des peintures datait d’environ 1738. Aujourd’hui, ces peintures sont partiellement masquées par une solive en bois et se trouvent directement sous le toit. Il est donc impossible de les faire visiter. Après une campagne de restauration et de documentation menée par des experts, l’institution les recouvrira pour les protéger le temps de trouver une solution afin de les présenter enfin au grand public sans nuire à leur conservation.

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