De plus en plus de juifs envisagent de quitter la Belgique suite aux menaces antisémites: "Une situation sans précédent"
Les menaces antisémites et la crainte de projets d'attentat incitent de plus en plus de personnes d'origine juive à aller s'installer principalement aux États-Unis ou en Israël.

- Publié le 17-01-2024 à 08h54

La résurgence des actes antisémites en Belgique pousse de plus en plus de personnes d'origine juives à quitter le pays pour aller s'installer principalement en Israël ou aux États-Unis. "Ce mécanisme a été enclenché suite à la seconde Intifada en septembre 2000 et à l'attentat du musée juif de Bruxelles en 2014, mais on constate que l'antisémitisme a changé de nature depuis le 7 octobre (date de l'attaque du Hamas suivie de la réplique israélienne, NdlR)", explique Joël Rubinfeld, président de la Ligue belge contre l'antisémitisme.
"Les trois pouvoirs sont censés servir de digue contre l'antisémitisme mais c'est de moins en moins le cas"
La réflexion visant à quitter la Belgique est amplifiée par l'enlisement au niveau politique. "Les actes antisémites sont toujours plus forts et plus virulents. Nous sommes submergés par le nombre de dossiers à traiter. Ce qui pousse les juifs à franchir le pas, ce sont notamment les écarts politiques à tous les niveaux", poursuit-il. Les politiques se déchirent sur la question du conflit israélo-palestinienne qui entraîne un cercle vicieux. Les trois pouvoirs sont censés servir de digue contre l'antisémitisme mais c'est de moins en moins le cas et les personnes juives ne se sentent plus en sécurité."
Dernier fait en date : la police anversoise a interpellé ce week-end un individu de 19 ans qui planifiait un attentat contre la communauté juive. "Il est soupçonné de détention illégale d'armes et de préparation d'un attentat terroriste", a précisé le ministère public. Le suspect comparaîtra cette semaine devant la chambre du conseil, qui décidera de le placer ou non sous mandat d'arrêt. Un juge d'instruction a par ailleurs été désigné pour enquêter sur cette affaire.
La décision de changer de pays ne se fait toutefois pas du jour au lendemain. "Il y a d'abord le déclic dans la tête, il faut décider du pays d'exil, régler des détails pratiques comme la clôture du bail ou la vente de la maison ou appartement, réfléchir à la scolarisation des enfants. Mais une chose est certaine : nous constatons qu'il n'y a jamais eu autant de personnes qui entament cette réflexion depuis le 7 octobre, dont certaines pour qui cette pensée était totalement absurde il y a de cela quelques mois. C'est une tendance sans précédent", poursuit Joël Rubinfeld.
La crainte du "jour de colère"
Selon lui, une attaque du Hamas en Europe n'est pas à exclure dans le moyen terme. "Les membres du Hamas font état d'un 'jour de colère' dans l'ensemble de l'Europe. Cela ne signifie pas jeter des œufs et des tomates, on l'a vu avec leur jour de colère le 7 octobre, donc ce scénario est à envisager ici aussi. Ce n'est rien d'autre qu'un appel à la guerre, que ce soit orchestré par le Hamas ou par des loups solitaires qui prennent à la lettre les messages des dirigeants du Hamas", ajoute-t-il.
Du côté du gouvernement fédéral, "la situation est suivie de très près", a déclaré le ministre de la Justice Paul Van Tigchelt ce dimanche, faisant suite à l'annonce de l'ambassade israélienne en Suède selon laquelle des projets d'attentats ciblent l'Europe. Du côté de la Sûreté de l'État, rien n'indique toutefois qu'une menace concrète est à craindre dans le court terme.