Les enfants défavorisés souffrent davantage de troubles mentaux

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En présence d’un désavantage social, et surtout financier, les enfants de moins de 18 ans, souffrent notamment davantage de troubles mentaux, selon une étude observationnelle publiée par Santé publique France.

En 2022, la Cour des comptes (1) a souligné le manque d’informations à propos des inégalités de santé des enfants. Dans ce contexte, les objectifs de cette étude observationnelle transversale réalisée à partir du Système national des données de santé (SNDS), publiée dans le premier Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’année, compare selon le niveau de désavantage social, les prévalences des affections de longue durée (ALD) et les diagnostics hospitaliers, dont ceux évitables.

Concernant la méthode, tous les enfants de métropole de moins de 18 ans fin 2018, et avec au moins un remboursement, ont été inclus à partir de leur mois d’anniversaire, puis suivis pendant 1 an. Les prévalences des ALD et des diagnostics hospitaliers ont été rapportées selon la présence ou non d’une couverture maladie universelle complémentaire (CMUc) attribuée aux foyers avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté. Un désavantage social géographique a été estimé par un index (French Deprivation Index) réparti comme suit : des communes les plus favorisées aux plus défavorisées. Des ratios ajustés ont permis de comparer les niveaux d’affections selon le désavantage social.

Parmi les dix affections de longue durée (ALD) les plus fréquentes chez les enfants défavorisés, six sont incluses dans le chapitre des « troubles mentaux et du comportement », selon l’étude : troubles envahissants du développement, troubles spécifiques du développement du langage ainsi que des acquisitions scolaires, retard mental, troubles émotionnels, troubles spécifiques mixtes du développement. Les principales ALD psychiatriques de l’enfant considérées étaient presque toutes plus fréquentes (proche de deux fois plus fréquentes) en présence de défavorisation.

Les conclusions de cette étude montrent donc que de nombreuses pathologies sont plus fréquentes en présence d’un désavantage social (surtout financier), notamment les troubles mentaux. Cependant, selon les auteurs, « leur identification demeure difficile en raison d’un manque de recueil ou d’exhaustivité auprès de centres spécialisés de l’enfance dans le SNDS ».  «Malgré le développement de politiques visant à lutter contre ces inégalités, l’écart de santé continue de se creuser », notent les auteurs de l’étude.

Pour limiter leur impact à l’âge adulte, les scientifiques rappellent la nécessité d’un diagnostic et d’une prise en charge précoces. « La meilleure connaissance et l’adaptation ou enrichissement des bases médico-sociales serait une grande avancée pour la connaissance épidémiologique des pathologies des enfants, de leur prise en charge dans les centres médico-sociaux et autres », ajoutent-ils. Ils recommandent d’entreprendre des « actions d’évaluation de certaines stratégies mises en place sur les 1 000 premiers jours » de vie de l’enfant.

Au 1er janvier 2019, la France métropolitaine comptait 13,9 millions d’enfants de moins de 18 ans (21% de la population) d’après l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Jusqu’à 16 ans, ils font l’objet de 20 examens de suivi médical obligatoires pris en charge à 100% par l’Assurance maladie et sans avance de frais. Ils peuvent être effectués par un médecin généraliste ou un pédiatre en cabinet libéral, en centre de santé, ou jusqu’à l’âge de 6 ans, en centre de protection maternelle et infantile (PMI). De très nombreuses études ont rapporté que la présence de conditions socio-économiques défavorables chez les enfants, y compris aux plus jeunes âges, est associée à une moins bonne santé physique et mentale, persistant à l’âge adulte. Malgré le développement de politiques visant à lutter contre ces inégalités, l’écart de santé continue de se creuser.

1- La santé des enfants, Cour des Comptes, 9 février 2022.

Pathologies et désavantage social des moins de 18 ans en France métropolitaine, en 2018, à partir des données du Système National des Données de Santé (SNDS), Philippe Tuppin, Jeanne Pergeline, Thomas Lesuffleur, Sylvie Rey, et al. Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 9 janvier 2024, n°1