Guerre Israël-Hamas : Josep Borrell présentera un plan de paix en dix points

Josep Borrell, le Haut représentant de l'Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité. [EPA-EFE/Olivier Matthys]

L’UE a rédigé un plan en dix points pour une « solution crédible et globale » au conflit israélo-palestinien, selon un projet de document consulté par Euractiv, même s’il sera difficile d’obtenir le soutien des États membres de l’UE et de la région.

« Au vu de la situation actuelle et malgré les difficultés et les incertitudes évidentes, le moment est venu de se préparer à une paix israélo-palestinienne globale » , peut-on lire dans l’introduction du projet de document.

Parallèlement, les ministres des Affaires étrangères de l’Union se réunissent ce lundi (22 janvier) pour discuter de la situation à Gaza, et de ses conséquences plus générales pour la région, avec certains acteurs concernés.

Les ministres israélien et palestinien des Affaires étrangères attendus à Bruxelles lundi

Les ministres des Affaires étrangères de l’UE rencontreront lundi (22 janvier), séparément, leurs homologues d’Israël et de l’Autorité palestinienne, a-t-on appris de sources concordantes.

Selon le document officieux, qui a été préparé par le Service européen pour l’action extérieure (SEAE), le projet de texte présente une série d’étapes qui pourraient à terme ramener la paix dans la bande de Gaza, établir un État palestinien indépendant, normaliser les relations entre Israël et le monde arabe et garantir la sécurité à long terme dans la région.

Le projet de feuille de route vise à « développer, via des propositions pratiques, le principe convenu selon lequel seule une solution politique, durable et à long terme au conflit israélo-palestinien apportera la paix aux deux peuples et la stabilité à la région », a écrit le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, dans une lettre adressée aux États membres jointe au document.

Le représentant spécial de l’UE pour le processus de paix au Proche-Orient, Sven Koopmans, a déjà entamé des consultations préliminaires avec l’Égypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite, la Ligue des États arabes et d’autres partenaires clés « afin de trouver un terrain d’entente pour relancer le processus de paix ».

M. Koopmans a également proposé de « consacrer une réunion ad hoc à l’examen de ce document officieux et de ces consultations » avec les représentants des États membres de l’UE « dans les plus brefs délais ».

Avant les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, l’UE avait prévu d’aider à mener une nouvelle initiative de paix au Moyen-Orient axée sur les « incitations ». Baptisée « Effort pour la Journée de la paix » (Peace Day Effort), son objectif était de relancer les pourparlers entre Israël et la Palestine.

En septembre, près de 50 ministres des Affaires étrangères d’Europe et du Moyen-Orient s’étaient réunis à New York afin d’approfondir cette initiative. Toutefois, la guerre de Gaza a forcé la mise en suspens de ces projets.

Conflit israélo-palestinien : l’UE veut relancer le processus de paix

L’UE entend aider à mener une nouvelle initiative de paix au Moyen-Orient axée sur les incitations et visant à relancer les pourparlers entre Israël et la Palestine, a expliqué à Euractiv le représentant spécial de l’UE pour le processus de paix au Moyen-Orient.

En novembre, M. Borrell avait également présenté un projet de cadre pour l’après-guerre à Gaza, appelant à la cessation de l’occupation israélienne à long terme, à la fin du règne du Hamas et à ce que l’Autorité palestinienne soit en charge de la gestion du territoire.

Une feuille de route en dix points

Un futur processus de paix devrait conduire à un État palestinien indépendant « vivant côte à côte » avec Israël et à une « normalisation totale » des relations entre Israël et le monde arabe, selon le nouveau plan du SEAE.

« Il est irréaliste de penser qu’Israéliens et Palestiniens [ces derniers étant représentés par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et l’Autorité palestinienne] s’engageront directement, dans un avenir proche, dans des négociations de paix bilatérales pour parvenir à une paix globale, et encore moins qu’ils concluront ces négociations sans une forte implication de la communauté internationale », peut-on lire dans le plan.

« Les Palestiniens auront besoin d’une alternative politique revitalisée au Hamas, tandis que les Israéliens devront trouver la volonté politique de s’engager dans des négociations significatives en vue d’une solution à deux États. »

Un élément clé de la future feuille de route de l’UE pour la paix est une « conférence préparatoire de paix » impliquant l’UE, les États-Unis, l’Égypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite, la Ligue arabe et les Nations unies.

Ses participants seraient en contact permanent avec les responsables israéliens et palestiniens désignés comme « les parties au conflit » à « chaque étape et à tout moment », mais les deux parties ne seraient pas initialement « obligées de s’asseoir ensemble » à la table des négociations.

La bande de Gaza et la Cisjordanie seraient représentées par l’Autorité palestinienne et l’Organisation de libération de la Palestine, et non par le Hamas, qui dirige la bande de Gaza depuis sa prise de pouvoir en 2007 et qui est désigné comme organisation terroriste par l’UE et les États-Unis.

La conférence disposerait d’un an pour élaborer le cadre d’un plan de paix, en tenant compte des réactions de toutes les parties concernées, des résolutions des Nations unies, des conclusions du Conseil européen et des efforts de médiation antérieurs.

Une fois rédigé, le plan serait présenté aux « parties au conflit » et servirait de base principale aux négociations finales.

« Il leur appartiendra de négocier le texte final », précise le document. « Un élément essentiel du plan de paix devrait être l’élaboration de solides garanties de sécurité pour Israël et le futur État indépendant de Palestine, sous réserve d’une reconnaissance diplomatique mutuelle totale et de l’intégration d’Israël et de la Palestine dans la région. »

Le plan « devrait également inclure le paquet de soutien à la paix envisagé dans l’Effort pour la Journée de la paix » comme mesure d’incitation pour les deux parties au conflit.

« Cela signifie qu’il devrait indiquer, aussi clairement et dans la mesure du possible, quels mécanismes politiques et de sécurité régionaux et mondiaux ainsi que d’autres accords et projets seront mis à disposition le jour où les parties concluront leur accord de paix », peut-on lire dans le projet de feuille de route.

Guerre Israël-Hamas : l’UE esquisse une feuille de route pour une sortie de crise

Alors que les forces israéliennes avancent au cœur de la bande de Gaza, quelque deux semaines après le début d’une opération terrestre dans la bande qui a déjà fait plus de 10 000 morts, en grande majorité des civils, l’UE a tenté lundi de réfléchir à une potentielle sortie de crise.

Une issue incertaine

Toutefois, il n’est pas certain que les États membres de l’UE et les acteurs régionaux soient prêts à adhérer au plan de paix envisagé par l’Union.

L’UE a eu du mal à adopter une position unie sur le conflit à Gaza, car les partisans d’Israël, comme l’Allemagne, ont rejeté les appels à un cessez-le-feu immédiat lancés par des pays tels que l’Espagne et l’Irlande.

En début de semaine, lors d’un vote serré, le Parlement européen a appelé à un « cessez-le-feu permanent » dans la guerre d’Israël contre le Hamas, mais a précisé que ce cessez-le-feu devait avoir pour condition la libération par le Hamas des otages retenus depuis le 7 octobre, ainsi que la démilitarisation complète de la bande de Gaza.

Les évènements du mois d’octobre ont pris les responsables et les diplomates européens au dépourvu et la réponse européenne, inégale et désordonnée, au cours de la première semaine du conflit, a porté atteinte à la crédibilité de l’Union dans la région, qui ne se rétablit que lentement depuis lors, selon les diplomates de l’UE.

Les États membres divisés sur l’interruption de l’aide européenne à la Palestine

Les divisions entre les États membres de l’UE et le manque de convergence des institutions européennes ont été mis en évidence lundi (9 octobre) à propos des plans visant à interrompre l’aide à la Palestine en réponse à l’attaque de samedi (7 octobre) contre Israël par le Hamas.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, et son homologue palestinien, Riyad al-Maliki, devraient participer séparément aux discussions de ce lundi (22 janvier) avec les ministres des Vingt-Sept.

Les diplomates de l’UE ont indiqué que l’objectif était de sonder les deux parties sur les moyens de mettre fin à la guerre et sur les prochaines étapes vers une solution de paix à plus long terme.

Les États membres du bloc, mais également les États-Unis, estiment que la création d’un État palestinien reste le seul moyen viable de garantir une paix durable.

Toutefois, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a catégoriquement rejeté cette idée jeudi dernier (18 janvier) et s’est engagé à poursuivre l’offensive militaire à Gaza jusqu’à la destruction totale du Hamas et la libération de tous les otages israéliens.

« Nous ne nous contenterons de rien d’autre que d’une victoire absolue », a déclaré M. Netanyahou.

Israël-Palestine : les États arabes et l’UE s’accordent sur la nécessité d’une solution à deux États

Les États arabes et l’UE ont convenu qu’une solution à deux États était nécessaire pour résoudre le conflit israélo-palestinien, tandis que le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, a soutenu que l’Autorité palestinienne devait gouverner la bande de Gaza après la guerre.

[Édité par Anne-Sophie Gayet]

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