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En Argentine, le nouveau président Javier Milei fait face à sa première grève générale

Des milliers d'Argentins ont prévu de descendre dans la rue mercredi dans plusieurs villes du pays pour protester contre les réformes du président ultralibéral Javier Milei, arrivé au pouvoir il y a un mois et demi.

Manifestation contre les réformes du président Javier Milei, le 27 décembre 2023 à Buenos Aires.
Manifestation contre les réformes du président Javier Milei, le 27 décembre 2023 à Buenos Aires. © Agustin Marcarian, Reuters
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Épreuve de force, ou tour de chauffe en vue de plus durs bras de fer à venir ? Le président ultralibéral argentin Javier Milei fait face mercredi 24 janvier à sa première contestation d'ampleur. Alors que les ardeurs dérégulatrices du chef de l'État se heurtent à l'absence de majorité au parlement, la rue pourrait représenter un autre obstacle aux ambitions de Javier Milei.

Des milliers, sans doute des dizaines de milliers de manifestants sont attendus au cœur de Buenos Aires pour un rassemblement à l'initiative du géant syndical CGT, qui revendique quelque 7 millions d'adhérents. À cette centrale d'obédience péroniste (c'est-à-dire alignée sur le précédent gouvernement), se sont joints d'autres syndicats, des mouvements de gauche radicale et diverses organisations sociales.

Des manifestations sont prévues dans plusieurs villes argentines, et des appels à organiser des rassemblements de solidarité ont aussi été lancés dans plusieurs capitales étrangères comme Madrid, Paris et Bruxelles, notamment.

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Après un mois et demi de présidence Milei, et une avalanche de projets de loi visant à déréguler l'économie, une dévaluation de 54 % et des mesures d'austérité effectives ou planifiées tous azimuts, "les gens sont en colère [...] personne ne peut le nier", a lancé le secrétaire général de la CGT Hector Daer, pour qui le ras-le-bol "dépasse" de loin le monde ouvrier.

Cette grève sert "à montrer au monde que le peuple argentin ne se tait pas", a déclaré Estella de Carlotto, présidente emblématique des Grands-mères de la Place de mai, qui a appelé à se joindre au rassemblement contre ce président "qui veut vendre tout le pays".

"Nous ne sommes pas des orques"

Le point focal du rassemblement dans la capitale est la place du Parlement, à l'heure où les députés examinent le vaste train de réformes dit "Loi omnibus", qui regroupe plus de 600 dispositions, que l'exécutif peine à faire avancer en commissions.

Pour le gouvernement, l'équation est simple : pour paraphraser la Première ministre britannique ultralibérale Margaret Thatcher, "il n'y a pas d'alternative" aux réformes et à l'austérité pour apurer les comptes d'un pays "structurellement endetté" (le déficit budgétaire argentin est à 2,9 % du PIB en 2023, soit un point au-delà de l'objectif), et stabiliser une économie étranglée par 211 % d'inflation annuelle.

L'annonce de la mobilisation de mercredi a été l'occasion pour les organisateurs de lancer des défis et rodomontades concernant l'ordre public. Les syndicats annoncent une multitude "incontrôlable", qui "ne marchera pas sagement sur le trottoir", mais néanmoins "pacifique". "Nous ne sommes ni des orques [créatures belliqueuses et malveillantes tirées du 'Seigneur des Anneaux', NDLR] ni des paramilitaires", a lancé le codirigeant de la CGT Pablo Moyano.

La ministre de la Sécurité Patricia Bullrich claironne que son récent "protocole antiblocage", qui autorise les forces fédérales à intervenir en cas de coupure d'un axe de circulation, prévaudra. Elle annonce également qu'elle "[fera] passer la facture" de sécurité aux organisations responsables, comme elle l'avait fait lors de deux manifestations fin-décembre.

Pour autant, la journée de mobilisation – la grève est prévue de midi à minuit, le rassemblement a Buenos Aires à la mi-journée – pourrait se dérouler dans le calme. Représentants de la CGT, du ministère de la Sécurité et de la police se sont réunis lundi pour cadrer les contours d'un "acte pacifique". À Buenos Aires les transports publics fonctionneront normalement jusqu'à 19 h pour pouvoir amener et ramener les manifestants, ont indiqué les syndicats, avant un arrêt total jusqu'à minuit.

Compromis

Le gouvernement a ironisé mardi sur des syndicats "du mauvais côté de l'histoire", et la grève "la plus rapide de l'histoire", annoncée à peine 18 jours après la prise de fonction de Milei. Un "non-sens absolu" alors que les réformes suivent "le jeu démocratique" au Parlement selon l'exécutif.

Au Parlement, le gouvernement joue contre la montre pour faire adopter sa "Loi omnibus". Mais déjà, le rapport de forces parlementaires contraint l'exécutif à des compromis, puisque le parti de Milei, La Libertad Avanza, n'est que la troisième force politique dans les deux chambres.

Dans les intenses tractations des derniers jours, il a ainsi proposé de retirer 141 des 664 dispositions. Ou d'en reformuler, comme sur le financement public du cinéma, devant une levée de boucliers locale et internationale, dont une pétition de réalisateurs de renom, d'Almodovar à Kaurismäki en passant par les frères Dardenne.

Les privatisations (41 entreprises d'État étaient initialement visées), l'indexation des retraites, la délégation de pouvoirs à l'exécutif au nom de "l'urgence économique", les ressources des provinces, sont parmi d'autres points de friction.

Sur le plan judiciaire, le "Décret de nécessité d'urgence" publié mi-décembre, qui pose le cadre général des réformes, n'est pas non plus au bout de ses peines. Il a fait l'objet de plus de 60 recours en justice invoquant son inconstitutionnalité.

Avec AFP

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