L’arrivée de puissantes drogues synthétiques menace l’Europe

La consommation d’opioïdes illégaux reste un grave problème dans l’Union européenne et cause environ trois quarts des plus de 6.000 cas de décès par overdose liée à des stupéfiants en 2021. Environ un million de consommateurs d’opioïdes sont exposés à un risque élevé d’overdose. En outre, la quantité d’héroïne saisie dans les pays membres de l’UE en 2021 a plus que doublé pour atteindre 9,5 tonnes, soit la quantité la plus importante enregistrée en vingt ans.

La valeur du trafic d’héroïne est estimée à au moins 5,2 milliards d’euros par an. Le trafic et la distribution de cette drogue sont parmi les principales activités de plusieurs réseaux criminels opérant dans l’UE.

Presque toute l’héroïne consommée en Europe vient d’Afghanistan, où les talibans ont instauré, en avril 2022, une interdiction de la culture du pavot et de la production d’opium. En conséquence, la production de ces stupéfiants en Afghanistan a diminué de 95% en 2023.

Bien qu’il ne semble pas y avoir de pénurie d’héroïne en Europe actuellement, cette interdiction des Talibans pourrait avoir un impact à l’avenir, selon Europol. La pénurie d’héroïne pourrait faire place à l’arrivée d’opioïdes synthétiques puissants ou des stimulants, comme de la méthamphétamine. Cela pourrait avoir des conséquences majeures sur la santé et la sécurité en Europe, insiste l’organisation policière européenne. Le rapport appelle par ailleurs à des actions de l’UE, mais aussi des pays nordiques et baltiques, pour “améliorer la préparation de l’Europe” face à l’arrivée de ces nouveaux stupéfiants.

Quatre routes sont principalement utilisées pour la contrebande d’héroïne d’Afghanistan vers l’Europe : les Balkans, le sud, le Caucase et le nord. Des ajustements sont également visibles quant à ces trajets. Le nombre de saisies sur la route des Balkans semble diminuer, en raison de contrôles douaniers renforcés, “réels ou perçus comme tels”, en Turquie et en Bulgarie, pointe le rapport. La guerre en Ukraine a également modifié les routes, alors que les Émirats arabes unis semblent émerger comme un point de transit utilisé pour dissimuler l’origine et la nature des cargaisons d’héroïne. Il s’agit également d’une plaque tournante pour le blanchiment d’argent et la coordination criminelle, précise Europol.

“Bien que nous assistions à un déclin de la production d’opium en Afghanistan, il est très important de surveiller de près la chaîne d’approvisionnement et la diversification du marché, car les réseaux criminels sont connus pour leur flexibilité et leur recherche constante de nouvelles opportunités”, a commenté Catherine De Bolle, la responsable belge d’Europol.