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Les recteurs des universités canadiennes se positionnent sur l’antisémitisme

L'Université de Montréal.

Le recteur de l'Université de Montréal, Daniel Jutras, a expliqué que « les Chartes canadienne et québécoise et le Code criminel, condamnent l'incitation à la haine raciale ».

Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz

La Presse canadienne

Les recteurs des principales universités canadiennes affirment que tout appel au génocide du peuple juif viole le code de conduite de leur établissement, mais ils restent prudents sur la question de savoir si cette interdiction s'étendait aussi aux déclarations en faveur de l'« élimination de l'État d'Israël ».

Cinq députés libéraux fédéraux avaient posé cette question aux dirigeants de 27 universités, en décembre, face à la recrudescence de discours antisémites depuis les attaques perpétrées par des militants du Hamas contre des civils dans le sud d'Israël le 7 octobre.

Israël a riposté dans une guerre qui, selon les responsables du Hamas à Gaza, a fait plus de 25 000 morts chez les Palestiniens, dont de nombreux enfants.

Depuis le début de cette guerre, la police un peu partout au Canada a signalé une forte augmentation des crimes haineux antisémites. Des leaders locaux affirment vivre avec des craintes que le peuple juif n'avait pas connues depuis des générations.

Le député libéral Anthony Housefather, lui-même juif, faisait partie des cinq députés qui ont écrit le mois dernier aux dirigeants des plus grandes universités du Canada pour leur poser des questions précises sur leurs politiques en matière d'antisémitisme sur les campus.

Proche-Orient, l’éternel conflit

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Un panache de fumée s'élève à la suite d'une frappe aérienne israélienne, dans la ville de Gaza, le samedi 7 octobre 2023.

Les autres signataires étaient les députés libéraux montréalais David Lametti et Anna Gainey, le député de Winnipeg Ben Carr et le Torontois Marco Mendicino.

Les députés demandaient aux recteurs de fournir, d'ici le 20 janvier, des réponses écrites à une série de questions, notamment si un appel au génocide du peuple juif ou à l'élimination de l'État d'Israël violerait leur code de conduite sur les campus.

Les réponses, publiées mercredi par M. Housefather, affirment toutes qu'appeler au génocide violerait leur code de conduite, quel que soit le contexte, se réjouit le député montréalais.

Ces positions claires contrastent fortement, par ailleurs, avec les réponses fournies par certains dirigeants d'universités américaines, l'année dernière, lors des audiences du Congrès sur l'antisémitisme sur les campus.

L'ancienne présidente de l'Université de Pennsylvanie Liz Magill a finalement démissionné après avoir d'abord déclaré aux élus que les décisions sur ce qui violerait le code de conduite d'un établissement dépendaient du contexte.

Université Laval.

Université Laval

Photo : Radio-Canada / Eric Careau

Plus de nuances sur l'élimination de l'État d'Israël

Sur la question de savoir comment les universités canadiennes pourraient répondre aux appels à l'élimination de l'État d'Israël, les réponses ont été moins nombreuses et plus nuancées, a souligné M. Housefather.

Seulement 8 des 27 dirigeants d'universités ont abordé cette question, certains plus directement que d'autres, a-t-il dit en entrevue mercredi. Parfois, c'est un peu plus subtil.

Ce qui était clair, selon lui, c'est que certains recteurs et principaux considéraient la question comme plus complexe et essayaient donc d'être plus prudents dans leurs réponses. J'espère que l'appel à l'éradication d'une nation, qui est une forme de génocide, sera également abordé, a ajouté M. Housefather.

Le recteur de l'Université de Montréal, Daniel Jutras, a expliqué que les Chartes canadienne et québécoise et le Code criminel, qui condamnent l'incitation à la haine raciale ainsi que toute expression discriminatoire, s'appliquent sur nos campus et à tous les membres de notre communauté universitaire.

Ces lois interdisent l'appel au génocide du peuple juif, du peuple palestinien, ainsi que de tout autre peuple ou groupe identifiable, souligne le recteur Jutras. Alors que la violence se poursuit en Israël et à Gaza au prix de vies humaines, l'Université de Montréal et les membres de sa communauté continueront de jouer leur rôle fondamental de production et transmission des savoirs, avec la rigueur, l'ouverture, la tolérance, la délicatesse et l'empathie que demande cette période difficile.

Le recteur de l'Université du Québec à Montréal, Stéphane Pallage, avait d'abord répondu à la lettre des députés par une missive plus générale où il indiquait que l'appel à la haine n'était pas toléré à l'UQAM.

Lorsque M. Housefather lui a fait remarquer qu'il ne répondait pas clairement aux questions soulevées par les députés, M. Pallage a brièvement répondu : Un appel au génocide viole toutes les valeurs de l'Université, de même que nos politiques et la Charte des droits et responsabilités des étudiantes et étudiants. En aucun cas, il ne saurait être toléré.

L'Université Concordia, qui a connu des incidents violents l'automne dernier, a dénoncé l'appel au génocide du peuple juif sans évoquer l'élimination de l'État d'Israël, tout comme l'Université de Sherbrooke et l'Université McGill, qui condamnent toute forme d'appel au génocide.

Quelques-unes s'avancent

Seuls trois dirigeants ont indiqué sans équivoque que des déclarations directes exigeant l'élimination de l'État d'Israël violeraient le code de conduite de leur établissement.

Claudine Gay en 2019 alors qu'elle était doyenne de la Faculté des arts et des sciences à Harvard.

La présidente de la prestigieuse Université Harvard, Claudine Gay, a présenté sa démission en début d'année.

Photo : Reuters / Brian Snyder

La rectrice de l'Université Laval, Sophie D'Amours, a répondu que l'appel au génocide contre le peuple juif ou à l'élimination de l'État d'Israël constituait effectivement une violation du code de conduite de l'université. Le directeur de l'Université Queen's a écrit dans sa lettre du 18 janvier qu'un appel à l'élimination de l'État d'Israël serait considéré comme une forme de harcèlement discriminatoire.

Patrick Deane, directeur et vice-chancelier de cet établissement de Kingston, en Ontario, ajoute que l'appel au génocide est un appel à la violence et à la mort, et il ne fait aucun doute qu'un tel appel est sans équivoque erroné et entraîne des sanctions dépassant la compétence de l'université.

Le président de l'Université du Manitoba, Michael Benarroch, a écrit que l'appel à l'élimination de l'État d'Israël, ou de tout autre État, peut raisonnablement être interprété comme un appel à la violence contre la population de cet État et, en tant que tel, constituerait une violation de nos politiques.

Un comité parlementaire se penchera sur l’antisémitisme

En rendant ces lettres publiques, M. Housefather espère que les gens comprendront mieux la position de chaque université sur les questions liées à l'antisémitisme, y compris leurs efforts spécifiques pour protéger les étudiants juifs.

Il y avait une grande peur et un grand mécontentement à tous les niveaux parmi les étudiants, les membres du corps professoral et leurs familles. Et ça n'a pas changé comme par magie au fil du temps, a-t-il déclaré.

Le député soutient qu'il entend encore parler de problèmes qui surgissent presque quotidiennement sur les campus universitaires. On peut y remédier en éduquant les gens et les établissements en mettant en œuvre leurs politiques existantes, a-t-il ajouté.

Est-ce que je pense que les choses vont un peu mieux? Oui, je pense que les choses vont généralement un peu mieux, mais il y a encore beaucoup de problèmes.

Un comité parlementaire devrait entreprendre une étude sur l'antisémitisme dans son ensemble, et pas seulement sur les campus postsecondaires, a-t-il conclu.

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