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Ukraine : des centaines d’attaques chimiques russes depuis le début de la guerre

La Russie utilise de plus en plus de munitions chimiques contre l’armée ukrainienne. Des armes interdites par une convention internationale ratifiée par Moscou.
Par Félix Pennel
Temps de lecture: 2 min

L’armée ukrainienne a recensé « 626 attaques chimiques russes » entre le début de la guerre le 24 février 2022 et le 13 janvier 2024. Et le rythme s’accélère : 465 utilisations d’armes chimiques avaient été observées jusqu’à fin décembre 2023. Et ce mois sortait déjà du lot avec 81 cas confirmés.

Toujours selon l’armée ukrainienne, « jusqu’à 10 cas d’utilisation de produits chimiques sont enregistrés chaque jour » en janvier. « Le plus souvent, l’ennemi utilise des grenades de type K-51 ou RGR qui sont larguées par drone », précise le commandement ukrainien. « Des engins explosifs faits maison équipés de substances irritantes sont aussi utilisés, ainsi que des obus d’artillerie contenant des substances chimiquement dangereuses », ajoute le communiqué.

Du gaz lacrymogène concentré

« Il y a une nette recrudescence de l’utilisation des gaz depuis octobre 2023, témoigne pour Le Monde le lieutenant-colonel Dmytro Klymenko, responsable d’une unité NRBC (nucléaire, radiologique, biologique ou chimique). Auparavant, c’était uniquement contre des endroits clos, tels qu’une position dans une tranchée ou un blindé, et maintenant c’est aussi en terrain découvert, avec des obus spéciaux qui explosent en l’air, au-dessus des troupes, et libèrent des gaz. »

À ce jour, la quasi-totalité des substances chimiques utilisées est du gaz lacrymogène CS. Un produit dont disposent toutes les polices du monde mais la version militaire est beaucoup plus concentrée. L’objectif des Russes est de le tirer sur les positions ukrainiennes pour contraindre les soldats à quitter leurs abris et les abattre ensuite avec l’artillerie ou des drones.

« Sensation de brûlure dans les poumons »

Mais plusieurs autres produits inconnus ont été tirés sur les positions ukrainiennes et des enquêtes sont en cours pour les identifier. Le journal Le Monde a recueilli plusieurs témoignages de soldats qui ont subi ce type d’attaques. Ils racontent « une forte odeur d’ail », « une sensation de brûlure dans les poumons », un « nuage blanc », un mort dont la peau est « devenue rose »…

La Russie a ratifié la Convention sur l’interdiction des armes chimiques le 5 novembre 1997. Celle-ci interdit la guerre chimique sous toutes ses formes. La Convention précise qu’elle vise « tout produit chimique qui, par son action chimique sur des processus biologiques, peut provoquer chez les êtres humains ou les animaux la mort, une incapacité temporaire ou des dommages permanents ». L’emploi par la Russie de gaz lacrymogènes concentrés, a priori non létal directement, est donc en totale illégalité avec le traité signé par Moscou.

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